Parole de Mgr d’Ornellas : Libres, donc responsables

Le Carême est un temps de grâce pour se convertir, c’est-à-dire pour agir avec davantage de responsabilité selon la lumière de Dieu qui brille en nos cœurs.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°284, mars 2017.

La responsabilité n’est pas uniquement la culpabilité quand on dit de quelqu’un qui a mal agi : il est responsable de ses actes et doit être condamné. Non, la responsabilité est l’apanage de l’homme doué de liberté, car la terre et les êtres humains qui y vivent, lui sont confiés. Être « responsable », c’est donc tout à la fois l’écologie et la solidarité. L’enseignement social de l’Église nous convie à cette responsabilité.

L’écologie n’est pas d’abord une préoccupation en raison de la pollution, de la destruction de certaines espèces, de la perte de la biodiversité, de la rupture de certains écosystèmes. Certes, tout cela doit nous préoccuper. Mais l’écologie est une attitude qui découle directement de notre responsabilité à l’égard des biens de la planète.

Dans Laudato Si’, le pape François note nos comportements « irresponsables » vis à-vis de la nature : « L’humanité de l’époque post-industrielle sera peut-être considérée comme l’une des plus irresponsables de l’histoire. » (n. 165) Il nous rappelle notre mission : « L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. » (n. 95) « La façon correcte d’interpréter le concept d’être humain comme “seigneur” de l’univers est plutôt celle de le considérer comme administrateur responsable. » (n. 116)

La responsabilité est l’apanage de l’homme doué de liberté,
car la terre et les êtres humains qui y vivent, lui sont confiés.

Vient alors le rôle du politique : « Face à la possibilité d’une utilisation irresponsable des capacités humaines, planifier, coordonner, veiller, et sanctionner sont des fonctions impératives de chaque État. » (n. 177) « L’instance locale peut faire la différence alors que l’ordre mondial existant se révèle incapable de prendre ses responsabilités. En effet, on peut à ce niveau susciter une plus grande responsabilité, un fort sentiment communautaire, une capacité spéciale de protection et une créativité plus généreuse, un amour profond pour sa terre. » (n. 179)

Libres, nous sommes responsables des autres, des plus pauvres en premier parce qu’ils ont de vrais besoins et que surtout l’Évangile en fait une « option préférentielle » (Jean-Paul II). L’amour effectif des pauvres est « essentiel » à la vie de l’Église (Benoît XVI).

François nous y exhorte dans La joie de l’Évangile : « La solidarité doit être vécue comme la décision de rendre au pauvre ce qui lui revient. » (n. 189) « Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société ; ceci suppose que nous soyons dociles et attentifs à écouter le cri du pauvre et à le secourir. » (n. 187)

Voici le Carême, voici le temps de grâce pour mettre sous la lumière de Jésus notre appel personnel, familial et communautaire à la responsabilité.

À le faire, nous en aurons une grande joie. Nous sentirons un nouvel élan pour aimer notre terre en trouvant les gestes qui le prouvent, et pour aimer nos frères et sœurs les plus pauvres en inventant de nouvelles manières pour les intégrer à notre vie et pour recevoir d’eux sagesse et vie. Saint et joyeux Carême !

> Voir aussi : Des fiches pour un «Carême Laudato Si’»

 

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