Parole de Mgr d’Ornellas : L’espérance de l’Europe

Mgr Pierre d’Ornellas revient sur le discours du pape François aux chefs d’États européens réunis à Rome le 24 mars 2017.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°28, mai 2017.

« Je fais miennes les paroles que Joseph Bech (1) a prononcées au Capitole : d’ailleurs je pense que l’Europe mérite d’être construite. » C’est par ce mot que, le 24 mars 2017, le pape François a conclu son discours aux chefs d’États réunis à Rome pour le 60e anniversaire des Traités qui ont scellé l’Union européenne.

Pour le Pape, cela est évident, nous devons nous atteler à la construction européenne. Il l’a dit au début de son discours : « La mémoire de ce jour s’unit aux espérances d’aujourd’hui et aux attentes des peuples européens qui demandent de discerner le présent afin de poursuivre, avec un élan renouvelé et avec confiance, le chemin commencé. »

Il a voulu rappeler le projet des « Pères fondateurs » de l’Europe : « Comme le disait le Ministre des Affaires Étrangères belge Spaak, il s’agissait, “c’est vrai, du bien-être matériel de nos peuples, de l’expansion de nos économies, du progrès social, de possibilités industrielles et commerciales totalement nouvelles, mais avant tout […] [d’] une conception de la vie à la mesure de l’homme fraternel et juste”. »

A l’origine de [cette] civilisation européenne se trouve le christianisme

« Les Pères fondateurs nous rappellent que l’Europe n’est pas un ensemble de règles à observer, elle n’est pas un recueil de protocoles et de procédures à suivre. Elle est une vie, une manière de concevoir l’homme à partir de sa dignité transcendante et inaliénable, et non pas seulement comme un ensemble de droits à défendre, ou de prétentions à revendiquer. À l’origine de l’idée d’Europe il y a “la figure et la responsabilité de la personne humaine avec son ferment de fraternité évangélique, […] avec sa volonté de vérité et de justice aiguisée par une expérience millénaire” (A. de Gasperi). Rome, avec sa vocation à l’universalité, est le symbole de cette expérience et pour cette raison fut choisie comme lieu de la signature des Traités, puisque ici – comme le rappela le Ministre des Affaires Étrangères Hollandais Luns – “furent jetées […] les bases politiques, juridiques et sociales de notre civilisation”. »

« Leur dénominateur commun était l’esprit de service, uni à la passion politique et à la conscience qu’ “à l’origine de [cette] civilisation européenne se trouve le christianisme” (A de Gasperi), sans lequel les valeurs occidentales de dignité, de liberté, et de justice deviennent complètement incompréhensibles. »

Après avoir fait ce rappel, le Pape s’interroge devant les nouveaux problèmes que connaît l’Europe d’aujourd’hui : « Quelle est alors la clef d’interprétation avec laquelle nous pouvons lire les difficultés du présent et trouver des réponses pour l’avenir ? […] Tout corps qui perd le sens de son chemin, tout corps à qui vient à manquer ce regard en avant, souffre d’abord d’une régression et finalement risque de mourir. Nous trouvons les réponses précisément dans les piliers sur lesquels ils ont voulu édifier la Communauté économique européenne et que j’ai déjà rappelés : la centralité de l’homme, une solidarité effective, l’ouverture au monde, la poursuite de la paix et du développement, l’ouverture à l’avenir. »

François reprend chacun de ces piliers. C’est en les faisant fructifier que « l’Europe retrouve l’espérance ». Allez lire son discours !

(1) Premier ministre du Luxembourg.

 

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