Parole de Mgr d’Ornellas : Le centenaire de l’Armistice, gardons le don de la paix

La paix est un grand don ! Chacun de nous la désire pour lui-même, pour les siens et pour sa nation. Tous, nous la souhaitons pour le monde entier.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°302 – Novembre 2018
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À l’occasion du centenaire de l’Armistice signé le 11 novembre 1918, nous devons faire mémoire non seulement de la Grande Guerre et de ses morts mais aussi de la paix et du désir de paix qui habite les hommes, les femmes et les enfants de nos sociétés. Ce désir est véhément quand il est contrarié malgré lui. Ce désir demeure vivant en temps de paix, même si s’estompe peut-être la conscience de la grandeur qu’est la paix.

Si ce désir habite les cœurs, d’où vient que des guerres surgissent ici ou là ? Disons simplement que l’orgueil du pouvoir et la volonté d’agrandir son pouvoir sont souvent à la racine de la violence qui enfante la guerre. L’aveuglement de l’intelligence obsédée par une passion est aussi la source d’une volonté narcissique de puissance engendrant la violence meurtrière. Les humiliations d’un peuple et les injustices engendrent les mécanismes suscitant la violence à laquelle il semble impossible de ne pas répondre autrement que par la violence. Naît ainsi un cercle vicieux de la violence, qui paraît impossible à arrêter.

Devons-nous nous résigner à l’absence de paix ? Sommes-nous impuissants devant ces volontés absurdes de dirigeants qui fomentent des guerres sur le dos de populations innocentes ?

En vérité, nous sommes tous capables de favoriser la paix. En effet, nous pouvons être des éducateurs en faveur de la paix. Voilà notre responsabilité collective et personnelle. Le spectacle désolant de la Grande Guerre nous le rappelle. Notre minute de silence aux monuments aux morts, nous y invite.

Éduquer à la paix, c’est s’engager sur le chemin de la « fraternité » grâce à laquelle est mutuellement reconnue la dignité de chacun.

Éduquer à la paix, c’est apprendre que l’autre, quel qu’il soit, est un frère. C’est s’engager sur le chemin de la « fraternité » grâce à laquelle est mutuellement reconnue la dignité de chacun.

Éduquer à la paix, c’est reconnaître les richesses d’une culture différente de celle dans laquelle nous vivons. C’est plaider pour le respect des consciences et pour le droit à la liberté religieuse. C’est établir une bonne fois pour toutes que Dieu – quel que soit le nom qu’on lui donne – est « ami de la paix » et ne peut jamais être du côté de ceux qui l’invoquent pour faire la guerre.

Éduquer à la paix, c’est savoir s’élever contre la dictature de l’économie conçue comme une stratégie qui veut que le plus fort gagne toujours et qui, du fait même, exclut délibérément. C’est reconnaître que l’argent est fait pour circuler et susciter une justice sociale de telle sorte que tout un chacun puisse accéder aux biens fondamentaux de l’existence humaine, en premier le droit à la vie.

Éduquer à la paix, c’est, selon l’ultime propos de saint Jean XXIII, choisir toujours ce qui unit et repousser sans cesse ce qui divise. C’est adopter chaque matin un style de vie qui irrigue nos pensées, nos paroles et nos regards de non-violence, de bienveillance, de bonté et de douceur.

Éduquer à la paix, c’est faire découvrir que Dieu s’est pleinement révélé en son Fils né de Marie, Jésus le Christ. En appelant à la vraie liberté fondée sur la vérité, il est notre paix. En rassemblant dans l’unité, il est l’artisan de paix par excellence. En déclarant : « vous êtes tous frères », il condamne l’exclusion et le rejet du plus petit d’entre ses frères. En proclamant : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu », il indique le chemin des authentiques fils et filles de Dieu.