Vœux de Mgr d’Ornellas pour 2019 : « A tous je souhaite l’espérance ! »

Mgr Pierre d’Ornellas a adressé des vœux d’espérance au diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo. Il répondait au père Bernard Heudré, curé de la cathédrale de Rennes, qui présentait les quatre futures statues de la coupole, et à Jeanne de Bournonville, une étudiante qui organise les JMJ à St-Pern fin janvier.

 

Résumé par Yann Béguin
> Les textes complets des trois interventions figurent dans les onglets ci-dessous.

« À tous je souhaite l’espérance ! Comment ne pas parler d’espérance en cette année 2019 qui vient de commencer ? » ainsi commence Mgr d’Ornellas, après avoir remercié ceux qui lui ont offert leurs vœux au nom du diocèse :

  • Le père Bernard Heudré, curé de la cathédrale de Rennes, qui présentait les quatre statues qui viendront bientôt achever l’édifice. Sur le thème des Quatre Vivants, ces sculptures de Laurent Esquerré, modelées en terre, représenteront à la demande de l’Archevêque un épisode de chaque Evangile.
  • Jeanne de Bournonville, une étudiante impliquée dans la préparation d’un weekend fin janvier à Saint-Pern pour faire vivre les JMJ aux jeunes restés en France.

Cette espérance « n’est pas un mot magique » pour l’Archevêque de Rennes. La suite de ses vœux sont ancrés dans l’actualité sociale : il évoque d’abord « le phénomène dit des « gilets jaunes » qui manifeste une insatisfaction partagée par beaucoup de nos contemporains. Je souhaite que les chrétiens apportent leur pierre au dialogue qui est engagé partout en France. Pour cela, il est beau et juste que nous nous formions grâce à la Doctrine Sociale de l’Église… » Il précise « Pour édifier une société toujours plus juste où personne n’est sacrifié sur l’autel de la performance technologique ou financière, le dialogue est nécessaire. »

Rebondissant sur la présence des jeunes des JMJ, Mgr d’Ornellas leur déclare : « Je souhaite que les jeunes entendent avec joie la parole d’espérance qui résonne à toutes les pages des Évangiles. L’Assemblée du Synode des Évêques pour les jeunes fut certainement une grâce pour toute l’Église. » Il leur propose un « beau modèle avec Marcel Callo » !

Se tournant vers les plus jeunes, l’Archevêque de Rennes : « Je souhaite le don de l’espérance à tous les catéchistes et à tous les parents qui donnent de leur temps pour la catéchèse. Léontine Dolivet est un témoin lumineux de cette espérance. Elle veut « écarter la pensée inquiète du présent ou celle de l’avenir par l’espérance ».

Je souhaite que le feu de l’amour, aussi discret soit-il, brûle toujours dans notre diocèse (Mgr P. d’Ornellas, Vœux 2019)

L’espérance souhaitée par Mgr Pierre d’Ornellas s’enracine dans « le feu de l’amour » qui « aussi discret soit-il, brûle toujours dans notre diocèse. Il ne fait aucun doute que c’est l’amour authentique qui garantit l’espérance et la maintient dans les cœurs. » « À tout le diocèse, j’offre à nouveau l’Orientation n.10 : « Faisons de l’amour évangélique le cœur de notre vie diocésaine ! » qui est proposée dans la Lettre Pastorale Afin que vous débordiez d’espérance. »

Il complète sa recommandation par une seconde : « je souhaite aux chrétiens de se former sur toutes les avancées scientifiques et technologiques que l’on regroupe sous le nom générique de ‘’bioéthique’’. Nous sommes à la croisée des chemins ! En effet, ou bien nous continuons à bâtir notre société sur le roc de la dignité reconnue en chaque personne sans omettre la plus fragile. Ou bien nous construisons une société sur le sable mouvant des désirs individuels, ce qui contribuera à édifier une société selon la loi du plus fort. En plus de la Doctrine Sociale de l’Église, la bioéthique mérite que les chrétiens se mobilisent pour se former. »

L’Archevêque termine ses vœux en souhaitant « la joie de l’espérance au père Alexandre Joly qui quitte son cher diocèse de Rouen », rappelant qu’il sera ordonné évêque le 10 février à Rennes.

L’Archevêque de Rennes a orienté son discours sur l’espérance. Évoquant la crise sociale, les jeunes, la famille, la catéchèse et « le feu de l’amour », il appelle les catholiques d’Ille-et-Vilaine à œuvrer pour « une société fraternelle », rappelant l’orientation n°10 de sa Lettre pastorale : « Faisons de l’amour évangélique le cœur de notre vie diocésaine ! » Il insiste aussi sur le besoin de formation des catholiques : à la Doctrine sociale de l’Eglise, aux question bioéthiques.

Merci pour l’espérance manifestée dans la finition de la Cathédrale par la pose des quatre statues représentant chacune un passage tiré de chacun des quatre Évangiles. Elles dévoilent chacune une attitude de Jésus : sa liberté et sa joie dans la confiance et la communion avec la Création symbolisée par les oiseaux, sa bonté extrême et son humilité dans le lavement des pieds, son œuvre de salut qui purifie de toutes les lèpres intérieures, et sa miséricorde dans sa délicatesse de berger retrouvant sa brebis. En contemplant ces statues dans la cathédrale, tout visiteur ou tout fidèle recevra quelque chose de l’espérance que le Seigneur Jésus suscite dans les cœurs quand on fait sa rencontre.

Chers jeunes, merci de me souhaiter de vivre des inattendus au cours de cette nouvelle année. Tous nous sommes appelés à accueillir l’inattendu de Dieu dans nos vies et nos communautés. Merci pour les Journées Mondiales de la Jeunesse de Panama qui seront vécues localement à Saint-Pern chez les Petites Sœurs des Pauvres autour du tombeau de sainte Jeanne Jugan. Cette sainte peut aider tellement de jeunes désireux de vivre la fraternité avec les personnes les plus fragilisées ! Pour tous les jeunes, je souhaite beaucoup de joie dans la découverte du Christ et de son amour.

À tous je souhaite l’espérance ! Comment ne pas parler d’espérance en cette année 2019 qui vient de commencer ? L’espérance n’est pas un mot magique que l’on prononce sans trop y prêter attention. Elle n’est pas l’attitude simple de celles et ceux qui attendent un monde meilleur sans trop savoir comment il viendrait. Elle n’est pas non plus la disposition à vivre tranquillement quand tout sourit à la vie menée jusqu’alors.

Charles Péguy dans sa célèbre méditation Le Porche du mystère de la deuxième vertu nous avertit : « C’est d’espérer qui est difficile. »

C’est pourquoi, je forme un vœu d’espérance pour chacun et pour chacune, en particulier pour celles et ceux qui connaissent les difficultés de la maladie ou de l’âge, les difficultés du rejet et de l’isolement, les difficultés de la précarité financière ou affective, les difficultés dues au manque de reconnaissance et de dignité, et aussi les difficultés dues à l’évangélisation et à la pastorale.

Une société fraternelle

Le phénomène dit des « gilets jaunes » manifeste une insatisfaction partagée par beaucoup de nos contemporains. Je souhaite que les chrétiens apportent leur pierre au dialogue qui est engagé partout en France. Pour cela, il est beau et juste que nous nous formions grâce à la Doctrine Sociale de l’Église qui contient de précieux repères pour établir une société juste dans le respect de la dignité de chaque personne, dans la considération de chaque groupe intermédiaire composant la société, et dans l’édification des institutions qui soient les plus justes possible.

Pour édifier une société toujours plus juste où personne n’est sacrifié sur l’autel de la performance technologique ou financière, le dialogue est nécessaire. Le dialogue où chacun peut écouter sans a priori la parole de l’autre en tentant de comprendre ce qu’elle signifie exactement. Le dialogue où chacun peut, sans crainte d’être jugé, prononcer la parole qui est sienne et qui est réfléchie à partir de sa propre expérience. Le dialogue où l’échange entre des paroles respectueuses les unes des autres fait jaillir une pensée nouvelle – une pensée à laquelle personne n’avait jusque là songer – qui ouvre un nouveau chemin plus juste pour tous. Le dialogue où chacun se sent reconnu et écouté est source d’espérance. Il ne s’agit donc pas des sachants d’un côté, et, d’un autre côté, des autres qui subiraient leur savoir.

Que les chrétiens n’hésitent donc pas à trouver le temps de se ressourcer en allant puiser des éléments de réflexion dans la Doctrine Sociale de l’Église. À partir de la proposition faite par le Conseil Permanent de la Conférence des Évêques de France, des possibilités concrètes et simples vous seront offertes de telle sorte que vous puissiez participer à ce dialogue national en y apportant humblement une contribution qui apporte une aide spécifique pour le bien des uns et des autres, un éclairage qui apaise et donne de l’espérance. Avec la Doctrine Sociale de l’Église, nous avons un vrai trésor entre les mains ! Partageons-le !

Nous aspirons tous à une société où la fraternité a une réelle consistance dans la justice pour tous, dans la reconnaissance mutuelle de la dignité de chacun, dans le respect et la protection prioritaires des plus fragiles, ce qui d’ailleurs est la garantie que la justice est juste. Si cette protection n’est pas assurée, alors la société a une justice au profit d’une catégorie seulement.

Nous croyons à une fraternité dans la solidarité qui nous relie les uns aux autres de façon responsable, dans l’hospitalité manifestée et vécue envers les personnes qui nous viennent d’ailleurs, parfois avec des enfants. Cette fraternité s’alimente à l’amour vrai envers les personnes. Elle suscite l’espérance. Je forme le vœu de l’espérance en encourageant chacun à œuvrer pour l’édification d’une société fraternelle.

Les jeunes

Je souhaite que les jeunes entendent avec joie la parole d’espérance qui résonne à toutes les pages des Évangiles. L’Assemblée du Synode des Évêques pour les jeunes fut certainement une grâce pour toute l’Église. Le 18 décembre, nous avons reçu le texte final de ce Synode, qui est riche d’enseignements. Le Conseil diocésain pastoral pour la nouvelle évangélisation s’est émerveillé de l’encouragement donné pour la pastorale des jeunes.

Les écouter avec leurs beaux désirs, les accompagner dans leurs souhaits de s’engager, les accueillir tels qu’ils sont avec leurs réflexions sur le monde pour lequel ils veulent plus de paix, de justice, d’hospitalité, de bienveillance, d’attention les uns pour les autres, voilà qui fait surgir l’espérance.

Les encourager dans leur volonté de témoigner du Christ, répondre à leurs exigeantes questions sur la foi, les aider à découvrir toujours plus profondément la beauté de l’Évangile, voilà qui fait mieux comprendre combien ils sont heureux d’être chrétiens, ce qui fait grandir l’espérance chez tous. Les jeunes ont un beau modèle avec Marcel Callo – lui qui portait le souci des pauvres de la rue Saint-Malo – dont le dynamisme et la joie venaient de sa foi en Jésus.

Les enfants de la catéchèse

Je suis frappé de l’enthousiasme et de l’ardeur pour rejoindre les enfants et leurs parents afin de faire grandir leur joie d’être des « amis de Jésus ». Au mois de décembre, j’ai partagé deux expériences de catéchèse le dimanche dans deux paroisses du pays de Fougères. Je rends grâce à Dieu pour la joie de la foi qui illuminait les visages des petits et des grands. Je souhaite le don de l’espérance à tous les catéchistes et à tous les parents qui donnent de leur temps pour la catéchèse.

Léontine Dolivet est un témoin lumineux de cette espérance. Elle veut « écarter la pensée inquiète du présent ou celle de l’avenir par l’espérance ». Toutes les semaines, pendant plus de 60 ans, elle fit la catéchèse aux garçons de Betton, eux qui en furent privés quand l’école catholique devint obligatoirement en 1903 une école publique en raison de l’expulsion des Frères de Ploërmel. Léontine connaît des difficultés vis-à-vis de certains enfants ou de certaines familles. Cependant, elle écrit : « Jamais, il ne faut désespérer d’une âme. Il faut seulement savoir attendre et prier. »

Léontine comprit que son espérance reposait sur l’amour fidèle de Dieu pour chacun. Elle comprit aussi que cet amour avait été déposé dans son cœur. À 27 ans, elle écrit : « Je comprends les prédilections du Maître pour les enfants, je Le remercie d’avoir déposé au fond de mon cœur quelque chose de cette tendresse qu’Il avait pour eux et je Le supplie, en augmentant mon amour pour Lui, d’augmenter aussi, si toutefois il est possible, mon amour pour les chères âmes qu’Il m’a confiées, bien convaincue que, dans l’œuvre de l’éducation, rien ne se fait sans amour. »

Le feu de l’amour

En formant un vœu d’espérance, je souhaite que le feu de l’amour, aussi discret soit-il, brûle toujours dans notre diocèse. Il ne fait aucun doute que c’est l’amour authentique qui garantit l’espérance et la maintient dans les cœurs. Comment espérer quand on ne se sent pas aimer ou quand on a personne à aimer ? Benoît XVI, dans son encyclique sur l’espérance, évoque l’expérience de « l’amour durable » qui est celui de Dieu et qui suscite la véritable espérance.

Je forme le vœu que l’amour guide les initiatives pastorales, que ce soit auprès des personnes en précarité, quelle que soit la nature de cette précarité, que ce soit auprès des enfants, des adolescents et des jeunes. Je forme aussi des vœux pour tous les éducateurs qui travaillent dans le cadre scolaire. Léontine Dolivet confirme tous les éducateurs dans l’assurance que pour « l’œuvre de l’éducation, rien ne se fait sans amour ». À tout le diocèse, j’offre à nouveau l’Orientation n.10 : « Faisons de l’amour évangélique le cœur de notre vie diocésaine ! » qui est proposée dans la Lettre Pastorale Afin que vous débordiez d’espérance.

J’adresse un vœu particulier à toutes les familles, quelle que soit l’histoire de chacune, afin que la flamme de l’amour soit protégée des bourrasques ou des tempêtes, et grandisse toujours. Même si le pardon et la réconciliation sont nécessaires. Le pardon n’est pas une faiblesse de l’amour, au contraire ! La réconciliation n’est pas une erreur de parcours dans l’amour !

Il est indéniable qu’une société juste est une société dont les institutions protègent et soutiennent d’abord la famille, le premier berceau de tout être humain venant en ce monde.

À cet égard, je souhaite aux chrétiens de se former sur toutes les avancées scientifiques et technologiques que l’on regroupe sous le nom générique de « bioéthique ». Nous sommes à la croisée des chemins ! En effet, ou bien nous continuons à bâtir notre société sur le roc de la dignité reconnue en chaque personne sans omettre la plus fragile. Ou bien nous construisons une société sur le sable mouvant des désirs individuels, ce qui contribuera à édifier une société selon la loi du plus fort. En plus de la Doctrine Sociale de l’Église, la bioéthique mérite que les chrétiens se mobilisent pour se former.

Un nouvel évêque auxiliaire

Enfin, je voudrais souhaiter la joie de l’espérance au père Alexandre Joly qui quitte son cher diocèse de Rouen et qui est envoyé dans notre diocèse pour y servir comme évêque auxiliaire. C’est un don que le pape François nous fait. Le diocèse de Rouen nous fait aussi ce don. Mais il est avant tout un don de Dieu. Recevons-le avec gratitude. Disons notre reconnaissance au diocèse de Rouen. Je forme le vœu que Mgr Joly nous aide tous à devenir des « disciples-missionnaires ». Il sera ordonné évêque le dimanche 10 février prochain. Prions pour qu’il nous aide tous à entrer avec plus de joie dans le souffle missionnaire auquel nous sommes tous appelés. N’avons-nous pas une mission au milieu de nos contemporains en colère qui sont en quête de sens et d’espérance ?

Intervention du père Bernard Heudré, curé de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes. Il présentait, à travers quatre panneaux, les statues qui seront placées dans quelques semaines sous la coupole de la cathédrale.

VOIR AUSSI : Les Quatre Vivants de la cathédrale de Rennes bientôt installés qui reprend des extraits de cette intervention avec des compléments d’information sur les statues

Monseigneur, nous sommes là ce soir conduits par un double mouvement : les vœux que vous voulez formuler, comme indiqué sur l’invitation, « au Diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo », également les vœux que votre diocèse souhaite vous présenter.

Pour cette démarche, on m’a demandé d’être l’un des porte-parole. Dans ma réponse, je ne voudrais pas oublier que nous sommes dans le temps liturgique de Noël, entre Phanie et Baptême du Seigneur. Je vais me servir de ce qui, à mon avis, constitue l’une des plus surprenantes créations de l’homme, les mots qui lui ont permis de s’exprimer, de réfléchir, de dialoguer. C’est ainsi que les mots s’assemblent pour devenir parole.

La vivante Parole de Dieu

Pour cela, il importe qu’ils tournent le dos au bavardage, s’enracinent dans le silence pour devenir message. Pour y parvenir, nous avons le maître insurpassable, Jésus, celui que le Prologue de l’évangile de Jean appelle le Logos, le Verbe, la Parole. Souvent, les Évangiles nous rappellent que Jésus se met à l’écart, dans la présence à son Père, le silence, la prière.

Il nous apprend ainsi, pour reprendre les mots de saint Jean, à « demeurer dans la parole ». Le Concile Vatican II, dans Dei Verbum, nous dit : « Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et, puisqu’elles sont inspirées, elles sont vraiment Parole de Dieu » (n° 24). Le Concile entend ainsi mettre en lumière le rôle central de la Parole de Dieu, après le Concile de Trente qui développe une forte tradition sur les sacrements.

Bien sûr cette vivante Parole de Dieu, nous la découvrons dans la lecture attentive de la Bible, dans son écoute telle qu’elle nous est proposée par la liturgie, par les partages qui se font à partir d’elle, en elle, également transposée dans des œuvres d’art.

Dans l’ensemble des Ecritures, le Concile Vatican II a voulu rappeler que « les Évangiles possèdent une supériorité méritée, en tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et la doctrine du Verbe incarné, notre Sauveur », et le Concile d’ajouter que ce que les Apôtres ont prêché sur l’ordre du Christ nous a été transmis « dans des écrits qui sont le fondement de la foi », à savoir « l’Évangile quadriforme selon Matthieu, Marc, Luc et Jean » (n° 18).

L’Église a toujours su faire appel à des artistes. Au terme de Vatican II, cet appel a été rappelé : « Aujourd’hui comme hier, l’Église a besoin de vous et se tourne vers vous […]. Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance ».

Notre cathédrale, va enfin s’achever

Monseigneur, dans les prochaines semaines, par votre initiative, votre cathédrale, notre cathédrale, va enfin s’achever en s’inscrivant dans cette perspective.

Depuis sa consécration en 1884, un manque flagrant donne à la coupole une forte impression d’inachèvement. Dans ses quatre pendentifs, des crochets tendent leurs bras dans le vide. Un dialogue s’est établi avec la Direction régionale des Affaires culturelles. Vous avez proposé comme une charte à l’adresse de l’artiste qui se verrait confier la réalisation de sculptures sur le thème traditionnel des Quatre Vivants que l’on trouve figuré dans les églises dès le Ve siècle.

A la représentation connue jusqu’alors : l’homme pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean, vous avez suggéré « qu’un aspect particulier de chacun des Evangiles soit mis en évidence ».

Au terme du concours initié par la DRAC, Laurent Esquerré a été l’artiste retenu. Né à Toulouse en 1967, il a fait les Beaux-Arts dont il est sorti diplômé en 1992. Il choisit comme support privilégié la terre qu’il modèle et travaille. Il a participé à de nombreuses expositions et répondu à plusieurs commandes.

Dès qu’il a connu son choix pour la cathédrale de Rennes, à la lumière du texte que vous aviez rédigé, Monseigneur, il s’est plongé dans la lecture des Évangiles, en compagnie de sa femme. Pour Marc et Jean, il s’est complètement conformé à votre suggestion. Pour les deux autres Évangiles, il a fait son choix personnel. Le tétramorphe, dont le sens échappe souvent, va se trouver aussi plus explicite et surtout pourra faire l’objet d’une vraie catéchèse. Je l’ai déjà expérimenté avec des enfants et des jeunes.

Les quatre évangiles

Dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, les quatre évangiles seront ainsi déclinés.
(NDLR : les 4 photos sont des montages réalisés par l’Atelier Photo Jean-Luc Barbelette, Fougères.)

L’évangile selon saint Matthieu

L’évangile selon saint Marc

Pour Matthieu, Jésus est entouré d’oiseaux en référence au chapitre 6 verset 26, dans l’enseignement sur la montagne : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans les greniers et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? »  L’artiste a été inspiré par la vision d’une humanité réconciliée avec toute la création, en référence à l’encyclique Laudato si du pape François.

Pour Marc, le groupe sculpté représente Jésus touchant de sa main droite le visage de l’aveugle de Bethsaïde (8, 22-26). L’aveugle, commente Laurent Esquerré, recouvre la vue progressivement jusqu’à tout voir distinctement, passant des ténèbres de l’incroyance à l’illumination de la foi.

L’évangile selon saint Luc

L’évangile selon saint Jean

Pour Luc, la référence choisie est au chapitre 15, versets 3 à 7, la parabole de la brebis perdue et retrouvée. Laurent Esquerré s’attarde sur ce chapitre qui développe le thème du pardon dans une atmosphère de réconciliation et d’allégresse avec deux autres paraboles sur le même sujet, la pièce perdue et retrouvée et le fils prodigue. L’artiste n’a pas oublié l’année du Jubilé de la Miséricorde.

Pour Jean, le groupe sculpté du lavement des pieds représente Jésus agenouillé devant le pied droit de l’apôtre Pierre, ce qui nous vaut cette explication de l’artiste : « Cet épisode proche de l’eucharistie est l’expression du don total et de l’amour fraternel que Jésus serviteur fait de lui-même et de sa vie pour le salut du monde ». De plus, il n’a pas oublié que la Cathédrale est dédiée à Pierre, « celui-là même qui avait renié par trois fois Jésus qui lui avait par trois fois pardonné. Nous voyons Pierre exprimer une certaine résistance avant de comprendre cette leçon de charité ».

Quatre Vivants en terre cuite

Sur une thématique lisible, ces sculptures en terre cuite traitée en ronde-bosse se veulent, dans la manière de les traiter, plus novatrices et complexes à la fois. Le corps de l’argile garde en mémoire chaque geste, échange entre la matière donnée, la terre et les mains de l’artiste. Pour ce qu’il appelle un baroque nouveau, l’artiste a pris en compte l’environnement qui s’imposait à son œuvre, la cathédrale néo-classique avec son fastueux décor coloré réalisé à la fin du XIXe siècle.

Les Quatre Vivants qui vont bientôt prendre place dans la cathédrale Saint-Pierre ont été pensés, je cite l’artiste, en harmonie « avec les autres paroles exprimées, parole de l’architecture, du mobilier liturgique, des œuvres liées à l’édifice, paroles proclamées, lues et écoutées lors de la célébration. Ils revitalisent à leur manière propre le sacré dont notre temps a soif et qui, je cite toujours Laurent Esquerré, se trouve enfoui dans la réalité même de la matière ».4

Fin de la rénovation de la cathédrale

Dans la foulée de cet immense chantier, deux chapelles retrouvent aussi leur décor premier. En haut du collatéral sud, la chapelle Saint Melaine où le tableau de Saint Melaine appelé à l’épiscopat va retrouver sa place primitive après restauration, en remplacement du retable flamand qui, lui, sera la pièce principale du Trésor aménagé dans l’ancienne sacristie nord. La chapelle du haut du collatéral nord est dédiée à saint Amand, prédécesseur de saint Melaine. Une châsse imposante y a été placée avec son corps reconstitué. Il restera à choisir le tableau qui sera mis en lieu et place de celui de saint Melaine. Pourquoi pas le beau tableau de sainte Marie-Madeleine pénitente, conservé à la sacristie, copie du tableau de Philippe de Champaigne du Musée de Rennes ? L’apôtre des Apôtres, ainsi que l’on qualifie Marie-Madeleine, y aurait bien sa place.

La salle du Trésor, avec le retable flamand, magnifiquement restauré, abritera des vitrines où seront exposées les plus belles pièces d’orfèvrerie sans que pour cela elles soient muséifiées car elles conserveront leur finalité liturgique, ainsi que des ornements liturgiques anciens. Un ouvrage vient d’être publié sur les Trésors des Cathédrales. Celui de Rennes y a déjà sa place. Sans doute va-t-il contribuer à renforcer l’attraction suscitée par la cathédrale. D’après les statistiques réalisées par Uber, ce géant américain a établi le palmarès des destinations les plus prisées dans le monde et en France. Pour la Bretagne, la destination la plus populaire est notre cathédrale.

Ceci dit, n’oublions pas qu’elle trouve sa vraie mesure, son sens plénier, que lorsque s’y rassemble sa « famille de Dieu », unie dans la foi, comme vous le dites, Monseigneur, dans l’ouverture de votre lettre pastorale, une famille riche de ses diversités, une famille qui, à travers les fraternités synodales, a exprimé son dynamisme par près de cinq mille propositions. Vous écrivez : « J’ai alors compris à quel point était vraie la parole de Jésus pour nous « famille de Dieu » en Ille-et-Vilaine : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Puissions-nous, avec vous, avec votre nouvel évêque auxiliaire, Mgr Alexandre Joly, tous ensemble accueillir ce Royaume pour le faire grandir chaque jour de cette année qui commence. Oui, que nous ne cessions de déborder d’espérance.

Bernard Heudré

Jeanne de Bournonville, présidente de l’ACER, Aumônerie Catholique des Étudiants Rennais, présente ses vœux à Mgr d’Ornellas, avec Anne Ruault, coordinatrice de l’Aumônerie des étudiants catholiques de Rennes.

Monseigneur, je vous souhaite, je nous souhaite :

une année qui nous étonne,qui nous surprenne parce que Dieu est toujours surprenant et fait toutes choses nouvelles.

Une année où nous puissions vivre des déplacements à l’image de ces mages venus d’Orient à la suite d’une étoile dont ils ignoraient t encore  le sens mais qui les remplissait d’une vraie joie.

Une année qui nous fasse prendre des chemins et entendre des mots qui nous étaient inconnus.

Bref une année pour avancer…

Justement, cette année commence pour les jeunes du monde entier par les JMJ à la fin du mois de janvier. Le thème est donné, ce sont les mots de Marie à l’Annonciation : « Voici la servante du Seigneur, que tout se fasse en moi selon ta parole ».

Nous parlions à l’instant de mots inconnus, en voici de très connus qu’il s’agit de redécouvrir pour en vivre.

Les JMJ ont lieu au Panamá, sur temps scolaire. Pour les étudiants, la distance et la période rendent ces JMJ lointaines et inaccessibles. C’est pour cela que nous avons décidé de proposer aux jeunes du grand Ouest une version locale. Concrètement, il s’agit d’un weekend organisé à St Pern, les 26 et 27 janvier. Lorsque les Petites Soeurs des Pauvres nous ont proposé de participer à ce projet, nous avons été très heureux de pouvoir s’engager avec elles dans cette aventure. Elles ont souhaité, et nous avec elles, que ce weekend soit ouvert à tous les jeunes du grand Ouest et pas seulement aux étudiants de Rennes. Depuis que les inscriptions sont ouvertes, nous avons remarqué que les inscrits viennent des différents diocèses de Bretagne, de l’Ouest, et même de Paris.

Lors de ce weekend, les jeunes vivront les mêmes activités qu’au Panamá : catéchèses, ateliers sportifs, musicaux et spirituels, services, grande veillée de prière et de louange, et la messe d’envoi qui sera présidée par vous, Mgr. Merci beaucoup d’avoir accepté de nous rejoindre à cette occasion, c’est très important pour les jeunes de savoir que leur évêque est présent pour eux.

En leur nom, je vous souhaite une sainte année 2019, pleine de la joie sereine et profonde que Dieu seul peut donner.