La fête de la Sainte Trinité

À chaque fois que les chrétiens font le signe de la Croix, ils prononcent la parole de leur Baptême : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Cette parole a traversé 2000 ans d’histoire. Elle a pénétré les cultures en demeurant identique pour tous, bien que traduite. Elle rassemble les chrétiens en une même famille. Hélas, celle-ci est divisée !

Mgr Pierre d’Ornellas, Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°308, mai 2019

Cette parole manifeste avec force tout à la fois ce qui nous unit et l’absurdité d’une telle division. En effet, Dieu connu comme Trinité invite les croyants à vivre dans la communion fraternelle de l’amour. C’est que la foi en la Trinité induit un programme de vie. La Trinité des Personnes divines est une parfaite communion entre Elles, vécue dans l’amour sans limite. Celles et ceux qui croient en Dieu Trinité se laissent former par Lui de telle sorte qu’ils choisissent ce qui unit, suscitent ce qui favorise la communion entre les personnes, construisent les ponts qui relient et non les barrières qui séparent.

C’est pourquoi, la fête de la Trinité est si importante ! Elle montre avec éclat non seulement qui est notre Dieu mais elle fait briller une attitude éthique : la liberté est vraiment libre quand elle s’engage vers la fraternité authentique. Voilà le défi qu’ont à relever les « chrétiens », c’est-à-dire ceux à qui Jésus révèle le « Père », se manifeste comme « Fils », et dévoile la présence de « l’Esprit de vérité », « l’Esprit Saint ».

Le Père ! Certes, nous sommes les enfants bien aimés de Dieu. Mais nous le sommes de façon inouïe : le Père existe de façon éternelle, toujours en train d’aimer paternellement son Fils qui, éternel, l’aime filialement. Or, nous sommes créés « dans le Fils ». C’est dire l’amour du Père pour chaque être humain. Dès lors, comment la foi en la Trinité ne conduirait-elle pas les chrétiens à respecter et protéger tout être humain ?

En ces temps difficiles et inquiets, où l’espérance est malmenée, les croyants en Dieu Trinité savent l’oeuvre de l’Esprit qui, grâce à l’amour, fait toute chose nouvelle.

Le Fils ! Il a été envoyé par le Père. Il s’est incarné dans le sein de Marie, la Vierge de Nazareth. Né à Bethléem, il reçut le nom de « Jésus ». Ressuscité d’entre les morts, il est notre « frère aîné ». Il nous lie à lui pour que nos vies retrouvent leur splendeur d’aimer : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Voilà la charte éthique des croyants en la Trinité !

Et l’Esprit ? Les Évangiles l’évoquent. Jésus est « rempli d’Esprit Saint ». Il affirme à ses Apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. » Saint Paul
en est le grand chantre. Relisez le chap. 8 de sa Lettre aux Romains. Auparavant, au chap. 5, il écrit : « L’espérance ne déçoit pas car l’amour a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » En ces temps difficiles et inquiets, où l’espérance est malmenée, les croyants en Dieu Trinité savent l’oeuvre de l’Esprit qui, grâce à l’amour, fait toute chose nouvelle. Les « chrétiens » – ceux qui croient en la Trinité – ont la certitude que de nouveaux chemins sont possibles.

Cet Esprit, nous le recevons en particulier au sacrement de Confirmation. Ce sacrement reçu invite à prier l’Esprit Saint tout au long de sa
vie. Il est le Conseiller et le Consolateur. Le 8 juin prochain, à la Veille de la Pentecôte, 82 adultes reçoivent ce sacrement à la Cathédrale de Rennes. Ils aspirent à être habités plus profondément par l’Esprit Saint afin d’aimer davantage selon Dieu, comme Jésus. Ils aspirent à vivre plus unis à Dieu grâce à l’Esprit. Ils perçoivent qu’avec l’Esprit, il est possible d’ouvrir des chemins nouveaux pour que l’espérance naisse ou renaisse.

Nous croyons au « Dieu d’Israël ». Nous le chantons chaque matin dans la prière du Bréviaire (cf. Luc 1,68). À Israël, Dieu a donné son Nom : « Celui qui est. » (Exode 3,14) Puis il a dévoilé son mystère : il est Trinité. Alléluia !

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