Homélie de la rentrée pastorale 2020 au sanctuaire de Notre-Dame de la Peinière

Cette homélie a été donnée à l’occasion de la rentrée pastorale par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, le 13 septembre 2020, au Sanctuaire de Notre-Dame de La Peinière

1re lecture : Ézéchiel 36, 24-28
Psaume 102
2e lecture : 1 Corinthiens 12, 4-13
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 23-26

Mes amis,

Voilà Jésus qui nous fait une promesse. Il nous parle tant qu’il est avec les Disciples. Mais voici que, quand il s’en va, il nous annonce que viendra le « Défenseur », « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom » (Jean 14, 26).

Ce Défenseur, nous pourrions aussi dire qu’il est le Consolateur, celui qui, sans arrêt, nous défend de ce qui nous fait mal, celui qui nous protège de ce qui nous agresse, celui qui vient mettre de la douceur là où nous avons de la violence en nous, celui qui vient déposer du baume là où il y a parfois des fissures au fond de nous. Voilà que tout cela est résumé dans ce mot « Défenseur ». Non pas parce qu’il y a une bataille, mais tout simplement parce que le Seigneur Jésus sait le chemin que nous avons à faire. Il sait que nous avons à progresser. Il sait que nous devons avancer et il le sait d’autant plus qu’il nous prend là où nous en sommes. Le Seigneur Jésus n’est jamais étonné de nos faiblesses. Il n’est jamais étonné de voir qu’il y a des meurtrissures en nous, qu’il y a des infidélités en nous, jamais !

Alors il nous envoie le Défenseur, le Consolateur, l’Esprit Saint. Il est celui qui nous fera avancer pourvu que nous soyons dociles à cet Esprit Saint. Qu’est-ce que cela veut dire : docile à cet Esprit Saint ? C’est simple, il s’agit de l’Esprit Saint que « le Père enverra en mon nom », dit l’Évangile, c’est-à-dire au nom de Jésus. À cet égard, je vous dis simplement trois choses qui sont fondamentales.

1. L’Esprit Saint ne peut pas venir là où il y a de l’orgueil. La docilité à l’Esprit, être docile à l’Esprit Saint, c’est déjà la modestie, l’humilité. Accepter que l’autre soit mieux, soit plus grand, … que sais-je ! Il faut demander cette humilité. Jésus était « doux et humble de cœur. » (Matthieu 11, 29) Voilà la première manière d’être docile à l’Esprit Saint.

2. La deuxième manière d’être docile à l’Esprit Saint, je l’ai dit ce matin, c’est la droiture. Le seul obstacle que Jésus rencontre sur sa route, c’est hypocrite (cf. Matthieu 6, 2.5.16). Celui qui n’est pas droit dans sa conscience ni dans son cœur. Face à l’hypocrite, Jésus ne peut rien faire. Il ne condamne pas, mais il ne peut rien faire. Pour être docile à l’Esprit Saint, il faut vivre cette espèce de simplicité de la conscience et du cœur. Cela ne veut pas dire qu’on ne fait pas des fautes, mais on le reconnait humblement. Cette simplicité de la droiture est déjà un chemin de docilité à l’Esprit. Saint Paul nous dira qu’en Jésus, il n’y a qu’un « oui » (2 Corinthiens 1, 19-20). Il n’y a pas de demi-mesure ni d’hypocrisie dans le cœur de Jésus, il n’y a qu’un « oui » en lui. De même, Jésus nous dira : « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. » (Matthieu 5, 37) Cette droiture du cœur, que c’est beau ! Cela ne veut pas dire que c’est facile, mais avec la grâce de Dieu et la bienveillance fraternelle, cela est possible.

3. Enfin, le troisième point qui fait que nous savons que nous sommes plus ou moins dociles à l’Esprit, que nous essayons d’être dociles, c’est de désirer aimer, de vouloir aimer. Oui, j’ai une difficulté avec mon ado qui fait les pires frasques. Oui, j’ai une difficulté dans mon travail avec quelqu’un qui est méchant avec moi. Oui, j’ai une difficulté quand j’entends cette personne dans les médias, car je ne peux pas la supporter tellement elle est trop mauvaise. Pardonnez-moi ces trois exemples, mais chacun d’entre nous peut donner ses propres exemples. Et bien voilà, que devant ces difficultés de tempérament, devant le mal, nous désirons aimer. Nous désirons trouver le chemin de la réconciliation. Nous désirons trouver le chemin du pardon. Nous désirons trouver le chemin où l’amour va grandir, où l’amour va s’exprimer. C’est une belle manière d’être docile à l’Esprit : conserver en soi le désir d’aimer.

C’est alors que cet Esprit Saint nous « enseigne tout » (Jean 14, 26). Il nous fait nous « souvenir » au sens biblique du terme – non pas comme on apprend à l’école à se souvenir –. Il s’agit d’un souvenir qui est « gravé » (cf. Jérémie 31, 33) dans notre cœur, qui  est une lumière dans notre vie. Et quelle est cette lumière ? Une parole de Jésus. Par exemple, petit à petit cette Parole de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres » devient gravée dans mon cœur. Elle devient une lumière qui m’habite, une force qui me fait vivre. Quand le Seigneur Jésus dit : « Heureux les miséricordieux », cette parole tout à coup se grave dans mon cœur. Elle devient une Parole que Dieu m’adresse et j’ai comme une soif d’être miséricordieux. Quand Jésus dit : « Quand quelqu’un te demande ta chemise, donne-lui aussi ta tunique », voilà que petit à petit cette phrase de l’Écriture, de l’Évangile, devient une parole dans mon cœur et j’ai envie de partager ce que j’ai avec les migrants, avec les plus pauvres. J’ai envie de tout donner. On voit bien que quand l’Esprit Saint nous « enseigne tout et nous fera souvenir de tout ce que [Jésus] nous a dit », cela veut dire que les Paroles de Jésus deviennent des paroles vivantes dans notre cœur et elles nous font avancer. Cet enseignement de l’Esprit est une immense consolation qui vient de Dieu.

Que c’est beau, mes amis, d’entendre cette promesse du Seigneur Jésus qui nous promet l’Esprit Saint ! C’est pour cela que nous recevons le sacrement de Confirmation. Alors même que nous participons à cette célébration du sacrement de Confirmation, chacun et chacune, nous pouvons prier l’Esprit Saint, nous pouvons l’invoquer, lui demander ce qui nous est le plus cher au fond du cœur. Ayons confiance en l’Esprit Saint ! Il est une Personne vivante, une Personne divine, vivante, la troisième Personne de la sainte Trinité. À chaque  fois que nous faisons le signe de la croix, nous nommons l’Esprit Saint. Si nous le nommons, pourquoi ne pas lui dire notre amitié ? Pourquoi ne pas lui dire notre confiance ? Peut-être faut-il que nous ayons une prière chez nous qui nous aide à prier l’Esprit Saint, surtout quand nous sentons que nous avons besoin d’être consolés, d’être conseillés, d’être fortifiés dans l’amour et de trouver les nouveaux chemins pour aimer.

Oui, mes amis, Jésus, notre frère, notre frère aîné, notre Sauveur, le Fils de Dieu, a vécu une amitié incroyable avec l’Esprit Saint, une union avec l’Esprit Saint à nulle autre pareille,  une union que personne ne peut imiter. Aujourd’hui, à vous, les Confirmands, et à nous tous, Jésus nous dit : « Recevez l’Esprit Saint, recevez celui qui est mon Ami à un point infini, recevez-Le dans la paix, recevez-Le dans la confiance, dites votre foi, pas seulement en moi, dites votre foi en l’Esprit Saint. Je vous Le donne, je veux vous Le donner pour qu’Il soit sans arrêt auprès de vous, votre Consolateur. » (cf. Jean 20, 22)