Parole de l’Évêque – « L’amour, signe du Ressuscité »

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°328 – Avril 2021

La fête de Pâques est là ! Elle est « la fête des fêtes ». En effet, la vie apparaît plus forte que la mort qui est vaincue. Voilà Pâques : Jésus, vraiment mort sur la croix, est ressuscité d’entre les morts. Nous le célébrons, nous en faisons mémoire, nous chantons « Alleluia ! »

Les Catéchumènes (adultes et adolescents) sont baptisés en cette grande fête. Ils sont ainsi reliés au Christ de façon particulière : ils forment son corps avec tous les autres baptisés, ils sont membres de son Église. Une image biblique (Jean 15,1-5) est suggestive : les baptisés sont désormais des sarments greffés sur la vigne qu’est le Christ. Par la greffe, la sève de la vigne passe dans le sarment qui est vivant de cette sève. Voilà nos frères et sœurs baptisés : ils vivent de la vie du Christ !

Mais comment voyons-nous que les baptisés vivent de la vie du Christ ? Cette vie est si mystérieuse ! Et puis, la foi a parfois tellement de questions, de doutes ! À quel « signe » percevons-nous que cette vie du Ressuscité se répand dans ses frères et sœurs baptisés ? Dans les Évangiles, des personnes demandent des « signes » à Jésus pour pouvoir croire en lui, par exemple en Jean 6,30.

Allons lire Matthieu 12,38-40. À cette demande, Jésus répond qu’il ne leur sera pas donné d’autre « signe » que celui de Jonas qui est resté trois jours dans le ventre du monstre marin avant d’en sortir vivant. Jésus nous indique par là sa propre mort sur la croix et son enfouissement dans la mort pendant trois jours. Or, cette mort est l’acte du « plus grand amour ». En effet, « il n’y a pas de plus grand amour que de livrer sa vie pour ses amis » (Jean 15,13).

Ainsi la vie plus forte que la mort, la vie qui reprend vie, c’est la vie entièrement livrée par amour. D’ailleurs, ressuscité, Jésus montre les plaies de ses mains et de ses pieds percés par les clous, et la plaie de son côté due à la lance du soldat. Ces plaies attestent que le Vivant est bien le Crucifié, c’est-à-dire celui qui est mort sur la croix en vivant un amour tel qu’il n’y en a pas de plus grand.

Aussi les baptisés sont-ils reliés à Jésus dont la vie est l’amour par excellence. La sève qui passe de la vigne dans les sarments est précisément cette vie accomplie dans l’amour parfait. C’est pourquoi les baptisés, reliés au Christ, reçoivent un appel particulier à vivre en aimant, à avancer dans la vie en progressant dans l’amour. Cette croissance n’est jamais achevée en eux. Leur mort même est appelée à être le moment de l’amour pour Dieu, l’amour le plus grand qu’ils peuvent, amour par lequel ils se remettent à Lui comme des fils et des filles tant aimés.

Jésus nous l’a dit : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13,34-35) Oui, c’est à l’amour des baptisés que l’on reconnaît qu’ils sont reliés au Christ vivant, Lui qui les pousse à « aimer en actes et en vérité » (1 Jean 3,18). Le signe du Christ ressuscité ? C’est l’amour effectif des chrétiens !

Saint Paul le proclame : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. » (Colossiens 3, 1.5.12-14)