Parole de l’Évêque – « Je crois en l’Église sainte »

L’abus sexuel des ministres ordonnés de l’Église – les évêques et les prêtres – est un péché grave. Il nous affecte tous. Il suscite colère, indignation, tristesse, dégoût, sentiment de trahison. Surtout quand l’évêque ou le prêtre qui a abusé est reconnu comme ayant fait beaucoup de bien.

Mais de tous les sentiments qui peuvent affecter les croyants, le plus douloureux est le rejet de celle en qui on avait mis sa confiance, l’Église. Pour certains, il leur est désormais impossible de dire : « Je crois en l’Église sainte. »

 Il est normal que nous nous attendions à ce que l’Église soit sainte. Nous en avons besoin. Elle est notre mère et nous avons besoin de sa sainteté pour qu’elle nous aide à grandir dans la foi en Dieu, dans l’espérance en sa miséricorde et en ses bienfaits, dans l’amour car nous savons bien que l’amour « en actes et en vérité » est le secret de la vraie vie des baptisés. Nous sommes les enfants de l’Église car c’est elle qui nous a accompagnés à notre Baptême, dans la croissance de notre amitié avec le Seigneur, dans nos engagements familiaux et dans les services rendus à des frères et sœurs, enfants, jeunes, ou fragilisés par la vie.

Mais alors, tout s’écroule avec la révélation de ces abus ! Quel sentiment de trahison quand l’évêque ou le prêtre qui nous a guidés parce qu’il a reçu mission de l’Église apparaît lui-même comme ayant gravement failli !

Cependant l’Église n’est pas sainte parce qu’elle serait composée de saints. Nous sommes tous pécheurs. Au début de l’Eucharistie, nous confessons ensemble, évêque, prêtre, diacre et fidèle consacré ou marié, célibataire ou divorcé : « Je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché. » Et nous disons : « C’est pourquoi, je supplie la bienheureuse Vierge Marie […] et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

Au milieu de l’Église se tient Jésus ressuscité. De lui, nous proclamons dans le chant du Gloire à Dieu : « Toi seul es saint ! » Il est le seul saint qui ne cesse pas, avec patience et miséricorde, de sanctifier les « pauvres pécheurs » qu’il a appelés au Baptême afin qu’ils soient ses témoins. Il sanctifie en éveillant à la conversion, en faisant briller la lumière d’une de ses paroles au fond du cœur. Il sanctifie à chaque fois que nous nous approchons de lui dans la prière, ou par les sacrements que nous recevons, pourvu que nous nous tournions vers lui humblement.

L’Église est sainte en raison de cette sanctification que Jésus opère au jour le jour, de façon invisible mais réelle. Les saints et les saintes sont comme la preuve de cette action du Christ. Il est donc possible de dire : « Je crois en l’Église sainte. » Comme si je disais : « Je crois au Christ, né de Marie, mort sur la croix et ressuscité d’entre les morts, qui, par la puissance de l’Esprit Saint, agit au sein de l’Église en sanctifiant ses propres frères et sœurs. »

Il n’empêche qu’il est scandaleux de voir un évêque ou un prêtre qui pèche gravement. Ayant reçu mission d’agir au nom du Christ, il devrait être vivement conscient de son besoin de se laisser sanctifier par le Christ. La sainteté, l’évêque et le prêtre sont « tenus de l’acquérir à un titre particulier » (Vatican II), en faisant de leur vie une vie avec le Christ et pour lui ! Quelle forte et belle amitié doit exister entre l’évêque ou le prêtre et Jésus, son Seigneur et Maître !

À Noël, nous célébrerons la venue de Jésus dans nos cœurs, dans nos familles et dans nos communautés. À genoux, humblement et confiant, nous lui demanderons : « Sanctifie-moi, sanctifie-nous. »