Parole de l’Évêque – « Voici l’agneau de Dieu »

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°350 – Avril 2023

Reconnaissons avec gratitude que le Peuple juif, au milieu de toutes nations et de leurs divinités, a introduit dans le monde la foi au Dieu vivant, l’Unique Dieu. Il s’est révélé à ce Peuple, si bien qu’il est appelé le « Dieu d’Israël ». Tel est le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », « le Dieu des vivants, et non pas des morts » (cf. Matthieu 22,32).

Quelle reconnaissance nous devons au Peuple d’Israël qui a témoigné de Dieu, l’Unique, face aux idoles ! Héritiers de ce peuple, les chrétiens adorent « Dieu d’Israël » qui est Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu.

Choisi gratuitement par Dieu, le Peuple d’Israël a reçu la sainte loi du Seigneur. Il a aussi reçu la parole des prophètes l’invitant à revenir à Dieu et à demeurer fidèle à sa loi. Car le Peuple s’est laissé égarer par les idoles. Mais Dieu s’est révélé « miséricordieux » (Exode 34,7 ; Deutéronome 4,31). Le Peuple juif célèbre aujourd’hui encore le Grand pardon. Il chante : « Éternel est son amour ! » (Psaume 117)

Jésus, le Crucifié que nous prions de façon particulière chaque Vendredi Saint, est Juif, c’est-à-dire fils de ce Peuple Israël. C’est lui qui nous a révélé que le Dieu d’Israël est Trinité.

 Comme les Juifs pratiquants d’aujourd’hui, Jésus – ainsi que Marie et Joseph, juifs eux aussi – priait chaque jour le Shema Israël : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6,4) Il nous a expliqué que « c’est là le grand, le premier commandement » (Matthieu 22,38).

Pour nous, chrétiens, ce commandement est essentiel à notre vie de foi. Comme le disait la Sœur dominicaine, fondatrice de l’Abbaye de Beaufort, « Aimer Dieu et aimer son prochain, tout est là ! » En effet, la preuve de notre amour pour Dieu réside dans la manière avec laquelle nous aimons notre prochain. Cela, les prophètes d’Israël n’ont cessé de le dire.

Les Écritures inspirées d’Israël (Ancien Testament) sont devenues intégralement les Écritures chrétiennes. Quel don nous recevons en les méditant !

 Revenons à notre Crucifié. Sur la croix, il a prié le psaume 21 : « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? », ou encore le psaume 31 : « En tes mains je remets mon esprit. » D’où vient qu’il a été mis à mort ?

Selon les Évangiles, il est mort car il a été « livré aux mains des pécheurs » (Matthieu 26,45 ; Marc 14,42). En 1566, le Catéchisme du Concile de Trente le précise : « Si l’on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, ceux qu’ils commettront encore jusqu’à la consommation des siècles […]. Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu’il endura. »

Ce Catéchisme pointe la responsabilité première des chrétiens : « Il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre (1 Corinthiens, 2, 8), s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » 

En vérité, Jésus est « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1,29). C’est ainsi que saint Jean-Baptiste le présente. C’est ainsi que la liturgie nous le fait regarder : « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. » Contemplons-le en implorant avec confiance et joie sa miséricorde. « Car éternel est son amour ! »