Parole de l’Évêque – Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu !

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°338 – Mars 2022

Nous voici arrivés au grand temps du Carême. C’est un moment de grâce car Dieu donne sa grâce abondamment dans le secret du cœur si nous écoutons son appel à la conversion. Nous avons pu entendre : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » C’était le premier jour du Carême, lors de la célébration des Cendres.

Se convertir veut dire « revenir » à Dieu. Le Mercredi des Cendres, nous avons entendu le prophète Joël : « Et maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction. » (Joël 2,12-14)

Ce verbe « revenir » est très important dans la Bible. Il exprime l’attitude fondamentale de la conversion du cœur. Celui qui se convertit et se repent de son mal, fait teshouva, selon le mot hébreu. « Revenir » vient de la racine shoûv. Celui qui « revient » vers Dieu, que découvre-t-il ? La miséricorde de Dieu, c’est-à-dire son immense tendresse qui fait revivre et donne joie.

 Souvenons-nous de l’enfant prodigue dans l’Évangile de saint Luc (ch. 15) : dans sa misère, il a décidé de « revenir » vers son Père. Quelle ne fut pas sa surprise et sa joie de recevoir une si grande tendresse de la part de son Père !

Alors, vivons ce temps de Carême en « revenant » vers Dieu. Chacun trouvera le moyen de le faire : lecture de la Parole de Dieu en cherchant à écouter Jésus nous parler ; moments plus réguliers de prière ; se recueillir dans une église ; se tourner vers la Lumière qui donne paix en quittant les pensées mauvaises qui nous troublent ou nous encombrent ; cesser d’être rivés sur les réseaux sociaux qui nous distraient inutilement de l’essentiel ; retrouver l’harmonie et la beauté de la nature ; que sais-je ? Il y a mille manières de « revenir » à Dieu dans son cœur, c’est-à-dire en vérité et avec humilité.

Dieu est vivant. Il est Amour. Il est notre Père. Il nous attend. Le premier moment de la conversion consiste simplement à se tourner vers Lui en lui demandant : inspire-moi la juste conversion ; éclaire-moi pour que je sache ce que je dois quitter car cela me tient loin de Toi.

Vient enfin le moment magnifique du pardon reçu dans le sacrement de réconciliation. Prendre le temps d’aller se confesser, c’est faire un pèlerinage vers la source de la joie. C’est retrouver la pureté du cœur.

En ce temps de Carême, chacun peut prier ainsi dans le fond de lui-même : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu ! Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. » (Psaume 50,12)

Mais qu’est-ce qu’un « cœur pur » ? Ce n’est pas un cœur vide ! Il s’agit d’un cœur qui aime. Aimer comme Jésus a aimé, voilà la visée la plus fondamentale du Carême. Arriver à la fête de Pâques en étant des ressuscités, c’est-à-dire des chrétiens habités par l’amour mutuel et fraternel, par un amour plus grand envers Dieu qui nous a fait miséricorde.

 Aimer, quelle admirable vocation ! Les gens mariés sont appelés à une plus grande charité conjugale ; les parents, à une plus grande charité parentale ; aimer davantage ses petits-enfants quand on est grand parent ; aimer avec plus de vérité ses collègues de travail, ses voisins de quartier ; aimer avec bienveillance les plus fragilisés en leur venant en aide, en se mettant à leur écoute ; grandir en charité pastorale, quand on est prêtre.

« Crée en moi un cœur pur pour que j’aime davantage. » Voilà l’humble prière qui peut monter de nos cœurs ! Pour nous aider à discerner nos conversions à vivre, relisons l’hymne à la charité de l’Apôtre saint Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens au chapitre 13. Je l’ai donnée comme charte du diocèse dans la Lettre pastorale Afin que vous débordiez d’espérance.