Quelques mots de Marcel Callo

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Marcel et Marguerite en août 1942

Le Centenaire du bienheureux Marcel Callo a été l’occasion de révéler un certain nombre de textes écrits de sa main, issus de lettres envoyées à sa famille et à sa fiancée. En voici quelques-uns qui ont été partagés le 5 décembre 2021.

Ces centaines de lettres ont été rassemblées récemment par le diocèse de Rennes, à partir des archives de la famille Callo et de Marguerite Chauvin, décédée en 1992. Parti en Allemagne pour le STO, Marcel y raconte sa vie quotidienne et ses engagements de chrétien. Il partage aussi sa lutte pour garder le moral quand les brimades se renforcent, son amour pour Marguerite et leur projet de mariage. Il s’inquiète aussi beaucoup pour ses proches restés en France, priant pour eux avec assiduité.

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Ces lettres sont l’un des matériau historique utilisé par les historiens pour la réalisation de l’exposition du Centenaire. Elles feront l’objet d’une publication prochainement. Le textes de discours écrits pour la JOC ont aussi été retrouvés.

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« Nous voulons vivre de cette fraternité qui animait les premiers chrétiens. Nous continuons leurs œuvres, nous avons leur foi, leur dynamisme. Comme eux nous devons être les premiers apôtres dans nos milieux de vie. Comme eux, nous sommes aidées par le Christ qui nous comble de ses grâces. Comme eux, nous serons les piliers de la société nouvelle. »

« Puisque nous sommes faits pour vivre en société, cela pose donc la question de la fraternité. Fraternité entre tous les hommes, à quelques conditions sociales qu’ils appartiennent. Mais nous autres, ouvriers, ayons d’abord le courage de regarder chez nous s’il n’y aurait pas plus de fraternité à mettre en pratique. (…) Fraternité, que d’erreurs sont commises en ton nom ! »

« Je me suis rendu compte qu’en oubliant sa propre peine et en pensant à la misère des autres, l’on est plus heureux et le découragement disparait. »

« La force brutale, la contrainte peuvent agir sur des corps. Il est facile d’entrainer ceux qui souffrent par d’alléchantes promesses mais celles-ci ne réforment pas les cœurs et surtout elles n’empêchent pas de penser. C’est l’heure difficile, pénible, dure, accablante, c’est donc l’heure des forts, des courageux, des persévérants. C’est notre heure à nous, militants. Mais seuls nos efforts seraient vains. Nous avons besoin du secours et de la grâce du Christ. »

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Marcel et ses amis à Zella Melhis (Allemagne - 1943)

« Que je suis heureux d’être militant chrétien ! Je sens à tout moment le Christ à mes côtés. Il est mon soutien et mon réconfort. Sans lui, je ne sais ce que je deviendrais. »

« J’aime beaucoup le passage d’une lettre que m’écrivait mon camarade de Weimar, voici ces quelques mots : Montrons-nous Chrétiens en toutes circonstances, gardons bon moral ne laissons pas transparaître nos soucis mais déborder notre bonne humeur, notre foi ; sacrifions tout au service du Christ. Cela est bien dur et demande certaines restrictions sur sa petite vie “tranquille“ (il voulait faire allusion aux difficultés que nous rencontrons dans notre travail d’apostolat.) »

« Ma chère maman j’ai complètement oublié dans mes précédentes lettres de te parler de la Fête des Mères, je l’ai fait involontairement mais sois assurée ma bien chère Maman que j’ai bien pensé et prié pour toi ce jour-là, j’ai communié pour toi et j’ai demandé au Christ et à la Sainte Vierge de te garder en bonne santé et de te donner forces et courage jusqu’à mon retour ; j’ai pu assister à toutes les réunions du Mois de Marie pendant ce mois de Mai et j’y suis allé tout exprès pour toi et pour ma petite Marguerite.»

« Ces quelques mois de souffrances m’ont fait comprendre le véritable sens de la vie, ils m’ont ancré en moi-même et fait toujours de solides convictions religieuses et patriotiques. La preuve m’en a été donnée en de nombreuses circonstances. Combien j’ai été heureux de souffrir pour la France et de prendre sa défense. Cette attitude m’a d’ailleurs valu des histoires bien pénibles et qui ont failli me coûter fort cher. A maintes reprises, dans les heures de découragement, j’ai pu apprécier combien il était bon d’avoir la foi, cette confiance en Dieu ne m’a jamais quitté. Beaucoup de camarades ne seraient pas où ils sont en ce moment s’ils avaient cru et accepté courageusement avec l’aide de Dieu cette épreuve. Ils sont tombés très bas et ne veulent plus se relever. »

« Ma bien chère petite Marguerite, 20 Juillet : Sainte Marguerite, fête de ma bien aimée petite fiancée. Ce soir j’ai quelques instants et j’ai voulu vous écrire ces quelques mots qui vous diront combien j’ai pensé à vous. J’ai offert plus particulièrement mes souffrances au cours de cette journée et cette offrande a été assez méritoire car j’ai eu pas mal de difficultés : le travail ne marchait pas et je n’étais pas très en forme. J’ai offert tout cela au Christ pour qu’il vous rende heureuse pendant mon absence et vous donne le courage nécessaire jusqu’à mon retour. »

« Je n’ai qu’un seul désir, c’est celui de voir notre rêve se réaliser le plus tôt possible. Quelle chic existence nous mènerons tous les deux (je veux dire tous les trois, puisque le Christ sera toujours avec nous) ! Oui, ma bien-aimée Marguerite, nous aurons nous aussi notre petit foyer et le Christ veut que nous le préparions et c’est pourquoi nous sommes séparés pour un moment l’un de l’autre. »

« Voilà plus de trois mois que je n’ai pas eu de nouvelles de vous tous. J’ose espérer que tout va bien. Par moments, le manque de lettres se fait sentir et les crises sont terribles, le moral en prend un vieux coup, mais heureusement le Christ est là et le baromètre remonte rapidement. Aurai-je la joie de recevoir un jour ici une de vos lettres ? »