Homélie 21 juin 2020 – 12e Semaine du Temps Ordinaire – Père Bernard Heudré – Année A

Père Bernard Heudré

Associé au service pastoral de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)
Délégué épiscopal aux archives historiques du diocèse de Rennes

 

Évangile : «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps» (Mt 10, 26-33)

Paroisse Saint Paul – Saint Martin

50 ans d’ordination

 

Faut-il avoir peur ? Plus que jamais la question se pose. Les mois que nous venons de vivre ont souvent engendré l’inquiétude, l’angoisse et même la peur. Ne dit-on pas que la peur est mauvaise conseillère mais en même temps, dans certaines circonstances, la peur peut empêcher de prendre des risques inutiles ou dangereux. Quand je vois certaines manières de se comporter au volant d’une voiture, un peu de peur pourrait faire réfléchir et éviter la catastrophe.

Pourtant bien souvent la peur paralyse. Si aujourd’hui l’engagement devient si difficile, c’est souvent en raison de la peur de l’échec. Si nombre de jeunes n’osent pas s’engager dans le mariage, c’est en raison, disent-ils, de ne pas pouvoir le vivre dans la durée.

Mais comment construire une vie sans faire un certain nombre de paris ? Jésus, dans l’Évangile de ce jour, vient de nous répéter à trois reprises : «ne craignez pas…». Au jardin de Gethsémani, il a demandé à son Père d’éloigner la coupe qu’il doit prendre en faisant le sacrifice de sa vie. Vous savez comment Jésus domine cette angoisse : «Père, non pas ma volonté, mais la tienne». Son oui le conduit à la gloire de la Résurrection, assurant ainsi que la vie sera toujours la plus forte.

La peur d’ailleurs ne l’a pas empêché de témoigner. Il a continué d’annoncer le Royaume malgré l’intimidation des chefs religieux. Il n’a pas eu peur de faire des guérisons le jour du sabbat malgré les interdictions religieuses et il n’a pas eu peur de toucher des lépreux ou de fréquenter des gens peu recommandables.

La source de son courage est le lien qu’il vit avec son Père. C’est donc une expérience d’amour qui lui permet de vivre jusqu’au bout sa mission. Comme le dit un magnifique verset du Cantique des Cantiques : «l’Amour est fort comme la mort, la passion implacable comme l’abîme». Un amour vraiment enraciné au cœur de l’existence permet toutes les audaces, même si, dans tout lien, il y a une part d’incertitude. L’essentiel est de faire le pari de l’engagement avec la confiance que la relation à l’autre, la relation à Dieu, saura nous conduire au long des aléas des circonstances et de la vie elle-même.

Aujourd’hui, je vous demande une permission, celle de vous parler plus personnellement. Il y a cinquante ans aujourd’hui, j’étais ordonné prêtre par le cardinal Gouyon dans l’église de mon enfance. Je me souviens avoir vécu cette journée avec émotion certes mais aussi en pleine sérénité. Et pourtant le contexte ecclésial d’alors n’était pas de tout repos.

Le Concile Vatican II avait suscité une vraie espérance pour le peuple de Dieu. L’Église avait encore pignon sur rue et rien n’obligeait le pape Jean XXIII à convoquer un Concile, mais il souhaitait, sous l’inspiration de l’Esprit saint, inviter à un retour à la seule source, le Christ et l’Évangile.

Mais rapidement une crise s’est fait jour, souvent en raison de compréhensions dévoyées de l’esprit du Concile. Le renouveau liturgique souhaité et exprimé par le Concile a trop souvent conduit à des déchirements douloureux occasionnés par des initiatives intempestives qui relevaient de choix qui n’avaient rien à voir avec ce qui était souhaité par les Pères du Concile. Sans aucun doute, on n’a pas su ménager une transition nécessaire entre ce qui avait été vécu depuis plusieurs siècles et le vrai renouveau liturgique fondé, notamment, sur la participation des fidèles à l’acte liturgique lui-même.

Au moment où je m’engageais dans le sacerdoce, plusieurs prêtres quittaient leur ministère, le plus souvent pour vivre une vie professionnelle et conjugale.

J’aurais pu renoncer à demander à mon évêque de m’ordonner, ce que d’ailleurs plusieurs séminaristes que je connaissais depuis quelques années ont fait. Ma confiance n’avait qu’un seul fondement, mon expérience de Dieu que je souhaitais partager en raison du bonheur que j’en avais reçu.

Je me souviens de ma première homélie de jeune diacre – j’avais alors 24 ans – dans l’église de ma paroisse devant des visages que je connaissais depuis ma première enfance, en particulier les jeunes de mon âge. Et je me demandais : «pourquoi moi et pas vous ?» Je reconnaissais alors que mon choix venait de plus loin que moi, notamment de la vie chrétienne de ma famille et de l’éducation reçue, avec une étape importante pendant ma vie scolaire assurée en particulier par un vicaire instituteur qui a été pour moi un maître, toujours dans une vraie démarche de liberté.

Je n’oublierai jamais la lecture qu’il nous faisait, chaque samedi après-midi, d’un livre du Père Thivollier, un acteur du renouveau pastoral qui avait suivi la guerre, livre qui avait pour titre : «Le Libérateur». A partir des textes évangéliques, c’était une vie du Christ dans un langage accessible et surtout remplie du souffle missionnaire de l’Évangile.

Ce souffle m’est ensuite devenu une expérience plus personnelle lors de l’époque du service militaire. J’avais vécu jusque-là une vie malgré tout protégée, pour ne pas dire un peu loin du monde tel qu’il se construisait alors avec déjà un éloignement du message du Christ et de l’Église.

C’est en voyant le sens que mes camarades donnaient à leur vie, avec comme préoccupation majeure l’argent, le plaisir et les filles, que le désir de m’engager dans le sacerdoce est devenu pour moi une évidence.

Tout au long de mon ministère, dans les diverses missions que j’ai reçues, je n’ai pas un seul jour regretté d’avoir été appelé comme prêtre. Ce qui m’a le plus marqué a été le partage de ma foi avec tous les fidèles laïcs avec qui j’ai eu la joie de vivre ma mission. Ce sont eux qui m’ont permis de grandir dans ma foi et dans mon ministère. C’est avec vous que je suis désormais appelé à le vivre. Le confinement des dernières semaines m’a fait mesurer encore plus fortement le caractère indispensable de la communauté chrétienne.

Aussi en ce jour, je suis heureux d’entendre le Christ nous dire : «n’ayez pas peur !» Oui, osons témoigner de ce qui nous habite. Osons vivre en chrétiens même si ce n’est pas toujours facile. Osons vivre nos valeurs à la manière de Jésus. Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître, mais il est aimé par son maître, c’est lui qui sauve et qui pardonne. C’est lui qui donne la force et le courage d’aller de l’avant.

Amen

galet

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel : accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père Nestor Ameka
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain - Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h
Mercredi 14h30-16h30

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23

Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

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Messes dominicales
+ Samedi 18h église Saint-Martin
+ Dimanche 10h30 église Saint-Paul
+ 2e dimanche du mois 18h église Saint-Paul :
messe en anglais
+ 3e dimanche du mois 18h église Saint-Martin :
messe en espagnol (précédée des confessions)

Messes quotidiennes
Lundi à mercredi 18h30 église Saint-Paul
Jeudi 8h30 église Saint-Martin
Jeudi 18h45 chapelle Maison diocésaine
Vendredi 18h30 église Saint-Paul

Adoration eucharistique
Jeudi 9h-17h30 église Saint-Martin
Vendredi 17h30-18h30 église Saint-Paul