Homélie 27-28 avril 2019 – 2ème Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde – Année C

Père Alain Ferré - Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)

Père Alain Ferré

Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)
Les pélerins d'Emmaüs (Arcabes)
Les pélerins d’Emmaüs (Arcabes) – Reproduction à l’Oratoire de l’église Saint-Paul de Rennes (35)

Évangile : «Huit jours plus tard, Jésus vient» (Jean 20, 19-31)

 

En ce premier dimanche après Pâques, l’Église nous invite à tourner notre regard vers la miséricorde de Dieu. Le mot miséricorde n’apparaît pas directement dans les textes de ce jour, mais c’est bien le don de la bonté de Dieu qui apparaît clairement dans les textes. La première lecture nous décrit tous les bienfaits qui s’accomplissaient par les apôtres, en particulier pour les malades…

L’Évangile nous raconte aussi cette bonté de Jésus, cette miséricorde de Jésus envers ses disciples. Ils l’ont abandonné au moment de sa passion, ils ont verrouillé leur porte, morts de peur, et en les retrouvant après sa résurrection, ce qui est touchant c’est que Jésus ne les critique pas, mais il leur dit chaleureusement : « la paix soit avec vous ».

Et l’Évangile nous invite à fixer notre regard sur l’un de ces disciples, Thomas, qu’on nomme souvent l’incrédule. Mais est-ce si sûr que cela ? Regardons d’un peu plus près le texte.

« Thomas, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint », nous dit l’Évangile. S’il n’est pas là, c’est qu’il n’a pas peur et qu’il ne veut pas rester enfermé avec les autres, qui, eux sont paralysés par la violence de cette ville de Jérusalem qui vient de faire mourir Jésus. Thomas est sans doute en plein cœur de Jérusalem en apôtre courageux.

Combien de fois, nous les chrétiens, nous invoquons Saint Thomas pour excuser notre paresse spirituelle, notre peu d’ardeur à croire et à combattre nos doutes ! « Vous savez, moi, je suis comme Saint Thomas, tant que je n’ai pas de preuves, je n’arrive pas à croire ». Et j’ai envie d’affirmer : nous nous cachons derrière Saint Thomas… eh bien ayons le même amour du Christ que lui, la même fougue, la même audace que lui, et toute l’Église se réveillera ! Oui, ne nous servons pas de Saint Thomas pour justifier notre médiocrité. Vivons nos doutes et nos obscurités comme nous le pouvons, mais certainement pas en maltraitant Saint Thomas.

Le soir de Pâques, on comprend que les autres apôtres aient été accablés, autant par la mort de leur maître, que par la honte de leur trahison. C’est autant leur cœur que leur porte qui est verrouillé… Comme nous chrétiens souvent aujourd’hui : on n’ose pas affirmer notre foi, ni rendre témoignage au Christ et à la force du message de l’Évangile. Nos lèvres et nos intelligences sont parfois verrouillées par peur des critiques ! Nous affirmons parfois que nous sommes à l’étroit dans l’Église, mais c’est plutôt avec nous-mêmes que nous sommes à l’étroit, c’est dans nos sentiments que nous sommes à l’étroit.

Oui, après le désastre de la Passion, tous ont peur, sauf Thomas. C’est un homme de courage et de décision, qui n’hésite pas à parcourir les rues de Jérusalem, malgré les risques encourus. Il est conscient qu’il a trahi Jésus comme les autres, mais il est animé par la certitude qu’il a été infiniment aimé par celui qui est allé jusqu’à l’extrême de l’amour. Alors il parcourt les ruelles, espérant trouver quelqu’un qui parle encore de Jésus, quelqu’un qui se souvienne encore de lui et qui lui reste attaché. Mais rien ! Alors Thomas rentre au cénacle, dans une grande désolation intérieure, et retrouve ses compagnons d’infortune qui lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ! Mais il leur déclara : si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je n’enfonce pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Thomas réagit en homme de bon sens, solide et réaliste.

Et pendant huit jours au cénacle, malgré leur point de vue différent et leur désaccord sur la résurrection, les apôtres vont vivre et prier ensemble, travailler et discuter, dans le respect mutuel et l’affection fraternelle. C’est un exemple qui nous est donné, quand des conflits ternissent nos familles ou nos communautés…

Vitrail Jésus stigmate main
Vitrail Jésus stigmate main – Église Saint-Martin de Rennes (35)

Huit jours plus tard, « Jésus vient… Il était là au milieu d’eux »… Et Thomas est là aussi. Thomas s’entend dire avec beaucoup de bonté et peut-être un petit sourire : Thomas « avance ton doigt ici, avance ta main, et mets-là dans mon côté ». « Mon Seigneur et mon Dieu », s’écrie Thomas, tellement bouleversé de joie en voyant le Seigneur, tellement heureux de s’être trompé, tellement heureux que les autres avaient eu raison de lui dire que Jésus était ressuscité. Thomas n’a pas eu besoin de toucher les plaies de Jésus, il fait la plus courte et la plus belle profession de foi de l’Évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu », comme s’il disait : je me suis trompé, quelle chance ! Seigneur je t’adore et je t’aime.

Et cette rencontre se termine par cette très belle leçon que donne Jésus à Thomas, sous la forme d’une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Souvent nous appliquons cette phrase à nous aujourd’hui qui, vingt siècles plus tard, avons la foi, nous croyons sans avoir vu Jésus ressuscité. Mais je pense qu’il serait présomptueux de nous juger supérieurs à Thomas et aux autres apôtres. Si nous croyons, c’est parce que dans beaucoup de familles nous voyons qu’on aime Dieu, dans nos paroisses, nos communautés, nous voyons des chrétiens prier et louer le Seigneur. Nous croyons parce que nous voyons vivre des chrétiens qui sont notre force, et notre foi se nourrit à leur contact. Pendant les belles célébrations de la semaine sainte, notre foi foi a grandi, parce que nous avons vu, parce que nous avons été touchés par ces belles assemblées priantes et chantantes… Qui pourrait se vanter de croire sans avoir vu ? Tous, nous avons besoin de voir pour croire, de toucher, d’entendre et de sentir, pour grandir dans la foi. Aucun des apôtres, en tout cas, n’a cru sans voir.

Alors, si nous avons tous besoin de voir pour croire, pourquoi Jésus déclare-t-il : heureux ceux qui croient sans voir ? Jésus dit cela, probablement, pour le jour où surviendra un malheur dans notre vie, le jour où nous serons en proie à un grand désarroi intérieur, guetté par le désespoir… Jésus pense au jour où vous, moi, nous serons au fond du trou, et où notre foi deviendra douloureuse. Et il nous dit : même quand vous serez dans la nuit, continuez de croire. Heureux êtes-vous, si vous arrivez à croire, même quand vous ne voyez plus rien ; ne reniez pas dans les ténèbres ce que vous avez vu dans la lumière…

Oui, frères et sœurs, nul d’entre nous n’est à l’abri de ces jours d’épreuves et d’obscurité. Alors, gardons précieusement cette béatitude de Jésus, pour que, aux jours d’obscurité, la lumière de Jésus ressuscité demeure au fond de notre cœur et que nous puissions connaître cette joie promise par Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

 

galet

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
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Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

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