Homélie du Père Valéa 15 Mai 2022

HOMELIE DU 5ème DIMANCHE DE PAQUES C

L’évangile de ce 5ème dimanche de Pâques est la suite du récit du lavement des pieds de ses disciples par Jésus, le soir de son dernier repas. En posant un tel acte, Il leur donnait un exemple d’amour et de service qu’ils doivent à leur tour refaire mutuellement les uns aux autres. Et même que cela deviendrait le signe distinctif des chrétiens comme il le dit lui-même : « Si je vous ai lavé les pieds… vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous ». (Jean 13, 14)

La suite que Jésus donne au geste des lavements des pieds fait donc appel à une question existentielle : Comment savoir si nous sommes de véritables disciples du Christ ? Et la dernière phrase de l’Évangile d’aujourd’hui nous donne la réponse : « ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Voilà notre marque de fabrique en tant que chrétien. Les rites, les institutions, les sacrements, sont subordonnés à cela et n’ont d’autre fonction que d’entretenir et d’exprimer l’amour que nous avons les uns envers les autres.

Certes, le commandement de l’amour n’est pas nouveau en soi. Il constitue l’un des éléments fondamentaux de la tradition biblique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18). Ce qui est nouveau, c’est la façon d’exprimer cet amour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et non pas dent pour dent comme le recommande la loi du talion. IL faut s’aimer comme Jésus nous a aimés, c’est-à-dire jusqu’au sacrifice suprême !

Reconnaissons-le, l’amour fraternel au sein de nos communautés n’est pas évident. L’histoire nous enseigne que les chrétiens ont été violemment déchirés au sujet de questions plus ou moins importantes de théologie, de dogme, de liturgie, de politique, etc. Dès les premiers schismes (le mot schisme veut dire déchirure), dès les premiers conflits sur la conception de la vérité, les chrétiens se sont battus entre eux et ces disputes durent encore aujourd’hui. Il y a eu les conflits entre Rome et Constantinople, il y a eu les croisades, les guerres de religions, les nombreuses excommunications, la chasse aux sorcières, les abus de pouvoir, les meurtres et les génocides de la colonisation, les mésententes tragiques entre Orthodoxes, Catholiques et Protestants. Les pays d’Europe se sont déchirés au nom de la religion, ce qui a causé la mort de millions de personnes. Le fanatisme religieux a conduit à des atrocités terribles… au nom de Dieu. Et que sais-je encore ?

Sur le plan individuel, le même genre de divisions nous accablent et nous déchirent. Nos amours sont fragiles et risquent de ne pas tenir dans les moments difficiles. Des frères et sœurs qui s’entendaient bien, tout à coup ne se parlent plus, des couples de plusieurs années se séparent et souvent se poursuivent devant les tribunaux, des amis de longue date se brouillent et ne se visitent plus. L’indifférence, l’égoïsme, la haine, la vengeance, la violence, font, hélas, partie de nos comportements.

L’amour dont parle le Christ ce matin est une source d’eau vive qui fait jaillir un nouveau printemps. C’est un baume qui guérit les blessures. Cet amour est difficile, profond, fidèle, un amour plus fort que la haine, plus fort que l’injustice et plus fort que la mort. Il est nouveau parce qu’il va jusqu’au bout : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Père Christophe VALEA

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