De la variété des formes #4

Nous le savons : la messe est constituée d’un ensemble de rites, dont chacun possède sa signification. C’est la richesse de notre liturgie. La tâche essentielle du compositeur est d’épouser, au mieux de son savoir-faire, la particularité de chaque rite. Dans cette perspective il dispose d’outils que nous appelons simplement des formes musicales.

Nous voici à la Préface qui ouvre la Prière eucharistique. Le prêtre prie au nom de toute l’assemblée. Celle-ci est invitée à faire entendre sa voix à trois reprises :

  • l’acclamation du Sanctus
  • l’acclamation de l’anamnèse
  • la doxologie finale de la Prière eucharistique avec son Amen

Nous avons déjà évoqué dans un article précédent les caractéristiques d’une acclamation liturgique. On peut lire dans l’ouvrage de Dom Robert Le Gall au mot – acclamation – : « Intervention brève et unanime de l’assemblée, pour marquer vocalement son adhésion enthousiaste aux fonctions qui s’accomplissent. »

Un Alléluia (qui fait également partie des acclamations) peut avoir ces qualités de brièveté et d’éclat joyeux. Mais si on le charge de commentaires son caractère acclamatoire va s’en trouver alourdi. Il en est de même pour les acclamations évoquées sur cette page.

Un Sanctus n’a pas besoin d’être répété avec de multiples signes de reprises pour être à sa place. Il y a dans notre répertoire des acclamations bavardes qui freinent et surchargent le rythme interne de la Prière eucharistique.

Voici quelques exemples qui ont fait leurs preuves, avec en premier l’archétype de cette acclamation, hélas classé « pour les défunts » à cause certainement de son étonnante et parfaite sobriété :

  • Sanctus grégorien XVIII
  • Sanctus « de Saint-Séverin », AL 20 – Chapuis
  • Sanctus « pour Saint Séverin », AL 44-03 – Bouvard
  • Sanctus « de l’Ermitage », AL 505 – Gouzes
  • Sanctus « de Saint-Paul », AL 68-20 – Communauté de l’Emmanuel
  • Sanctus « de Saint-Jean », AL 68-19 – Communauté de l’Emmanuel

Il est bon de rappeler qu’un Sanctus à sa juste place est une acclamation qui « vient » naturellement à la suite de la cantillation du prêtre, sans devoir être longuement introduite par l’orgue (ou d’autres instruments) : un accord pourrait suffire (au plus). Et l’assemblée devrait pouvoir se joindre aux anges sans avoir besoin du secours d’un chantre. Cherchons avant tout le naturel et le spontané !