Début de confinement en EHPAD

Jeudi 12 mars 2020 : c’est le premier jour où les familles, sauf avis médical, n’ont plus le droit de retrouver leurs proches, résidents dans les EHPAD et USLD du CHU. Le jeudi est aussi le jour où je me rends dans 2 services du Pavillon Damien Delamaire.

Je commence donc par rencontrer la cadre de santé pour savoir si je peux effectuer mes visites et elle me dit que oui, car pour l’instant les restrictions ne concernent que les familles, les bénévoles et autres personnes étrangères au service, ce qui n’est pas mon cas. Je m’informe des dispositions prises pour les résidents : s’il est encore possible de les réunir, si on peut porter la communion à ceux qui le désireraient et j’ai le feu vert pour tout.

En me rendant dans mon premier service, je trouve des personnes déroutées par l’annonce qui leur a été faite de ne plus avoir de visites. Certaines me disent : « Ah, mais vous êtes là vous, c’est bien. ». Devant ce désarroi, et sachant que l’on ne pourrait plus célébrer de messes avant un certain temps, je propose à certaines (et oui, il n’y a que des dames !) si elles désirent que l’on se réunisse pour prier et recevoir l’Eucharistie. Avec l’aide d’une aide-soignante, nous installons 5 dames dans un petit salon. Je déroule un temps de prière autour du  Psaume 1, le psaume du jour et toutes désirent communier. Nous finissons en nous confiant à Marie ; nous lui confions également nos proches qui ne pourront plus venir nous voir ainsi que les malades du Coronavirus. Entre temps, une résidente arrivant d’une consultation, nous retrouve et me dit qu’elle aurait bien voulu, elle aussi, communier. Je la rassure en lui disant que je dois me rendre auprès d’une personne qui est couchée et que je vais lui demander si elle peut se joindre à nous. Je me rends auprès de Mme R qui accepte volontiers que Mme Ra vienne avec nous et je recommence un temps de prière. J’ai avec moi 2 personnes angoissées par ce qui se passe, mais heureuses d’être réunies pour prier et communier. Je quitte le service en leur disant à bientôt : je ne savais pas que je ne pourrais pas les revoir avant plusieurs semaines, nos visites ayant été suspendues dès le lundi suivant, sauf en fin de vie.

Je me rends dans le deuxième service et je fais les mêmes propositions : premier temps de prière avec 6 personnes dans un petit salon, puis un deuxième pour une personne qui ne quitte sa chambre que très rarement.

Plusieurs des personnes m’ont remerciée d’avoir pu les réunir pour prier ensemble et confier leurs inquiétudes au Seigneur et à Marie.

Le lendemain, vendredi, jour prévu pour la messe, je me rends à La Tauvrais : bien sûr la messe ne peut avoir lieu, puisque le prêtre et les bénévoles n’ont plus le droit de venir, mais la cadre de santé du SSR, en lien avec Jennifer une des aumôniers qui visitent habituellement, a demandé à ce que l’on puisse avoir un salon pour réunir les personnes qui avaient prévu de participer. Avec Anne, nous aménageons un coin prière avec une statue de la Vierge Marie, une croix d’autel, des fleurs. Nous réunissons une dizaine de personnes. Comme les feuilles de messe avaient été préparées, nous chantons, nous demandons à ceux qui le peuvent de lire la lecture, le psaume, la prière universelle. Au cours de la célébration, nous sommes rejoints par 2 dames, une fille qui accompagne sa maman qui vient d’arriver, qui est roumaine et ne parle pas beaucoup le français, mais qui est très croyante. Au moment du Notre Père et du Je vous salue Marie, je vois la fille qui dit à sa maman ce que nous faisons, et la dame de se mettre à prier elle aussi, mais dans sa langue.

Comme la veille, j’ai trouvé des personnes un peu catastrophées par ce qui se passait : « et on ne sait pas combien de temps cela va durer ! », mais heureuses d’avoir pu être réunies pour prier.

Si, pour l’équipe, il est courant d’aller porter la communion aux personnes qui ne peuvent se déplacer, patients ou résidents, c’est le caractère exceptionnel de la situation, qui nous a fait improviser sur ces 2 jours ces temps de prières avec Eucharistie, pour de mini-assemblées, la messe n’ayant pas lieu le lendemain, ni les semaines à venir.

Isabelle LEMAIRE Aumônier au CHU

Aumôneries des établissements de Santé

Mme Anne Renou
02.99.14.35.41
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La question du sens de la vie au cœur de la maladie

« J’étais nu, et vous m’avez habillé ; J’étais malade, et vous m’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Mathieu 25,36

Charte-benevoles-diocese-rennes
Circulaire 2006 relative aux aumôniers des établissements de la fonction publique hospitalière
Charte nationale des aumôneries- 2011