Parole de Mgr d’Ornellas : Un peuple acquis en vue d’annoncer les merveilles de Dieu

Mgr Pierre d’Ornellas laisse la parole au saint pape Paul VI, pour qui « Jésus est le premier évangélisateur. Ce texte est un extrait de l’Exhortation Evangelli nuntiandi, du 8 décembre 1975.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°301 – Octobre 2018
VOIR Paul VI, « pape de la modernité », canonisé le 14 octobre 2018

Jésus lui-même, « Évangile de Dieu » (Mc 1,1 ; Rm 1,1-3), a été le tout premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout : jusqu’à la perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre. […]

Évangélisateur, le Christ annonce tout d’abord un Règne, le Règne de Dieu, tellement important que, par rapport à lui, tout devient « le reste », qui est « donné par surcroît » (Mt 6,33). Seul le Règne est donc absolu et il relativise tout ce qui n’est pas lui. Le Seigneur se plaira à décrire sous mille formes diverses le bonheur d’appartenir à ce Règne, bonheur paradoxal fait de choses que le monde rejette (cf. Mt 5,3-12) ; les exigences du Règne et sa charte (cf. Mt 5-7), les hérauts du Règne (cf. Mt 10), ses mystères (cf. Mt 13), ses enfants (cf. Mt 18), la vigilance et la fidélité demandées a quiconque attend son avènement définitif (cf. Mt 24-25).

Comme noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, le Christ annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est libération de tout ce qui opprime l’homme mais qui est surtout libération du péché et du Malin, dans la joie de connaitre Dieu et d’être connu de lui, de le voir, d’être livre a lui. Tout cela commence durant la vie du Christ, est définitivement acquis par sa mort et sa résurrection, mais doit être patiemment conduit au cours de l’histoire, pour être pleinement réalise au jour de l’Avènement définitif du Christ, dont nul ne sait quand il aura lieu, sauf le Père (cf. Mt 24,36 ; Ac 1,7 ; 1 Tm 5,1-2).

Ce Règne et ce salut, mots-clés de l’évangélisation de Jésus-Christ, tout homme peut les recevoir comme grâce et miséricorde, et pourtant simultanément chacun doit les conquérir par la force — ils appartiennent aux violents, dit le Seigneur (cf. Mt 11,12 ; Lc 16,16) — par la fatigue et la souffrance, par une vie selon l’Evangile, par le renoncement et la croix, par l’esprit des béatitudes. Mais, avant tout, chacun les conquiert moyennant un total renversement intérieur que l’Evangile désigne sous le nom de métanoia, une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur (cf. Mt 4,17).

Cette proclamation du Royaume de Dieu, le Christ l’accomplit par la prédication infatigable d’une parole dont on dira qu’elle ne trouve d’égale nulle part ailleurs : ≪ Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! ≫ (Mc 1,27) ; ≪ Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche ≫ (Lc 4,22) ; ≪ Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! ≫ (Jn 7,46). Ses paroles dévoilent le secret de Dieu, son dessein et sa promesse, et changent par le cœur de l’homme et son destin. […]

Ceux qui accueillent avec sincérité la Bonne Nouvelle […] constituent une communauté qui est à son tour évangélisatrice. L’ordre donne aux Douze — ≪ Allez, proclamez la Bonne Nouvelle ≫ — vaut aussi, quoique d’une façon différente, pour tous les chrétiens. C’est bien pour cela que Pierre appelle ces derniers ≪ un peuple acquis en vue d’annoncer les merveilles ≫ de Dieu (1 P 2,9), ces mêmes merveilles que chacun a pu écouter dans sa propre langue (cf. Ac 2,11). Du reste, la Bonne Nouvelle du Règne qui vient et qui a commencé est pour tous les hommes de tous les temps. Ceux qui l’ont reçue, ceux qu’elle rassemble dans la communauté du salut, peuvent et doivent la communiquer et la diffuser. L’Eglise le sait.