De la variété des formes #1

Nous le savons : la messe est constituée d’un ensemble de rites, dont chacun possède sa signification. C’est la richesse de notre liturgie. La tâche essentielle du compositeur est d’épouser, au mieux de son savoir-faire, la particularité de chaque rite. Dans cette perspective il dispose d’outils que nous appelons simplement des formes musicales.

 

 

 

Partons d’une expérience vécue : de service dans ma paroisse je m’aperçois que trois cantiques sont retenus pour la liturgie de l’accueil. Précisément :

  • Ouverture : Jubilez, criez de joie U 52-42
  • Acte pénitentiel : Ô Seigneur, je m’abandonne à toi R 55-28
  • Hymne : Gloire à Dieu de Saint Giniez AL 52-53

Tout d’abord, qu’entend-on par cantique dans le jargon musical ? : un chant structuré en deux parties distinctes, un refrain et un nombre variable de couplets. Alors, où est le problème ? : la richesse de la liturgie appelle naturellement une richesse de formes musicales mettant en valeur le caractère particulier de chaque rite.

Ainsi pour la liturgie de l’accueil qui nous intéresse aujourd’hui trois formes différentes pourraient « porter » chacun des trois rites :

  • un cantique pour l’ouverture
  • une litanie pour la préparation pénitentielle
  • une hymne pour le Gloria

Détaillons :

  • la forme du cantique pour l’ouverture convient bien par son caractère binaire, facilitant l’alternance entre la totalité de l’assemblée au moyen d’un refrain à la facture simple, et un chantre ou la chorale pour les couplets souvent un peu plus difficiles. Tous s’y retrouvent !
  • l’acte pénitentiel s’achève par le chant du Kyrie qui signifie « Seigneur, prends pitié ». La forme musicale qui correspond le mieux est une acclamation, répétée (d’où le terme de litanie) à la concision mélodique et rythmique évidente. La forme du cantique « de pénitence » est ici inadaptée, prolongeant artificiellement la réponse du peuple.
  • le Gloria est un chant de louange trinitaire. Son texte, très ancien, est une reprise de plusieurs textes scripturaires. Il débute par la louange entonnée par les anges dans la nuit de Noël (Lc 2, 13-14). Il se développe en rendant gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit. Cette hymne en prose appelle une forme musicale continue (sans reprise d’un refrain qui n’existe pas dans le texte) : en quelque sorte une seule strophe développée trinitairement. La reprise d’un refrain vient morceler et alourdir ce qui est une louange jaillissante, débordante ! : c’est le climax de la première partie de notre symphonie liturgique.

Une objection souvent entendue : c’est plus facile avec un refrain. Le succès durable du Gloire à Dieu dit du Partage AL 23-09 semble montrer le contraire.

D’autres versions attendent d’être adoptées : nous avons recensé une cinquantaine, disponible au fonds SECLI.

Enfin, il est juste de rappeler que le Kyrie et le Gloria sont des prières de l’Église, joyaux de sa tradition et des éléments de stabilité dans le déroulement liturgique, alors que le chant d’ouverture est par « nature » changeant.

Non la messe « ce n’est pas toujours la même chose » en se donnant les moyens adéquats : trois formes musicales différenciées pour mettre en valeur trois rites bien distincts.