Le concert-lecture du vernissage de l'exposition

Vernissage de l’exposition « Une vie en mission »

Le 5 décembre 2021, l’exposition « Une vie en mission » était inaugurée dans la basilique Saint-Aubin à Rennes. Un concert-lecture était proposé avec l’ensemble Le Banquet Céleste, la Maîtrise de Bretagne et le comédien Guillaume de Tonquédec. Différentes interventions ont suivi pour présenter l’exposition, Marcel Callo et son rayonnement actuel.

Lecture d’extraits de lettres de Marcel Callo

La cérémonie du vernissage a été particulièrement émouvante. Le comédien Guillaume de Tonquédec a lu des extraits de lettres de Marcel Callo. D’une voix douce, sans emphase, il a fait revivre pendant une heure les sentiments de Marcel qui s’adressait à sa « Chère Marguerite » ou sa « Chère petite Maman ». Convictions fortes, moments de doutes, évocation de la vie au STO… la figure du bienheureux prenait chair au milieu de l’exposition géante.
Des interludes musicaux avaient été concoctés par Benoît Baumgartner et étaient interprétés par la Maîtrise de Bretagne, dirigée par Maud Hamon-Loisance ; la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac et le contreténor Damien Guillon ; accompagné du Banquet Céleste de l’Opéra de Rennes.

Guillaume de Tonquédec lit des extraits de lettres de Marcel à ses parents et à sa fiancée Marguerite
Samuel Gicquel, historien, co-auteur des panneaux de l exposition

« Un miroir du catholicisme de son temps »

Les deux historiens ont ensuite présenté le regard qu’ils portaient sur cette histoire singulière.

Pour Samuel Gicquel, « Marcel Callo est un miroir du catholicisme de son temps, un chrétien qui se construit spirituellement dans les mouvements catholiques, alors en plein essor. » Pourquoi une telle postérité ? Il possédait un « charisme » particulier et « son nom a été mis en avant par de solides promoteurs » (le père Jégo dès 1947, puis Mgrs Roques et Gouyon), sans compter que « sa mémoire est relativement consensuelle ».  Il a souligné la dimension collective de l’expérience de Marcel Callo, évoquant les « douze compagnons » emprisonnés à Gotha, dont huit périrent en captivité.

« exemplarité incontestable »

Marc Bergère a partagé son enthousiasme de « suivre Marcel Callo », au-delà de son « exemplarité incontestable » car il est révélateur de plusieurs réalités de cette guerre : fallait-il aller au STO ? Quelle répression sur les catholiques et les prêtres, et quelle « résistance spirituelle » ? Quelle influence sur la réconciliation franco-allemande et la construction européenne ? « Cette exposition a beaucoup à dire et à apprendre, non seulement aux rennais et rennaise, mais, au-delà, à un plus large public. »

Marc Bergère, historien, co-auteur des panneaux d exposition
Scouts de Frankfort-sur-le-Main avec une reproduction d une icône de Marcel

Un rayonnement international

Des représentants de délégations étrangères ont ensuite témoigné de leur attachement à Marcel Callo et du rayonnement du jeune bienheureux bien au-delà de sa ville natale. Les chefs de la troupes scoute Marcel Callo de Francfort (Allemagne) ont offert à l’Archevêque de Rennes une peinture de Marcel Callo auréolé, tenant la croix d’immortelles et un livre, et partagé leur joie « d’avoir en lui un frère heureux dans l’engagement pour un monde meilleur. » La Maison Marcel Callo à Augsburg (Allemagne), qui héberge des associations de travailleurs catholiques, a ensuite été présentée. Le 6 décembre, une messe a été célébrée par l’évêque de ce diocèse pour les 100 ans du jeune français. Enfin, l’Allemagne était aussi représentée par le Chanoine de la cathédrale d’Erfurt, qui a expliqué la façon dont le souvenir du bienheureux était entretenu à Gotha, Zella-Mehlis ou Erfurt.
Le prêtre fondateur de la paroisse Marcel Callo de Linz, en Autriche (diocèse où se situait le camp de Mauthausen) s’est rappelé que c’était un 6 décembre que ce patronage avait été choisi et a lu un message de son évêque.

Puis le père Christophe Valia, résidant en Ille-et-Vilaine mais originaire du Burkina Faso, a expliqué comment l’église du village de Gandado porte le nom de Marcel Callo depuis 2017 : son propre grand-père y fut assassiné suite à sa conversion au christianisme. Aujourd’hui, une communauté chrétienne nombreuse rend ainsi hommage aux martyrs de la foi, en remerciement aussi du soutien financier du diocèse de Rennes pour la construction de son église.

P. Christophe Valia, pour la paroisse Marcel Callo à Gandado au Burkina Fasso
Nathalie Appéré, maire de Rennes

Une parole de fraternité, une lumière dans la ténèbre

Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole, a tenu à actualiser le message de Marcel Callo : « Face au repli sur soi, à la montée des extrémismes, Marcel Callo nous invite à réaffirmer une parole d’émancipation, de fraternité. Il nous rappelle au devoir de solidarité. » Elle s’est dit touchée par « la force du combat de Marcel Callo », mentionnant aussi « sa force spirituelle. »

Projet de mémorial Marcel callo

Pour l’Archevêque de Rennes, célébrer ce centenaire « était un dû à l’histoire et au présent » : « Voilà que nous faisons sortir la lumière de la ténèbre. » Puis, s’interrogeant : « De quelle lumière était-il habité pour nous rassembler tous ici ? Aurait-il pu deviner que des rues, des paroisses et des écoles portent son nom en Allemagne, où réquisitionné, il est parti à 21 ans ? Que son nom demeure un souvenir lumineux, vivant et inspirant ? » Mais « la sainteté rayonne toujours ! » « De ses lettres, on recueille une évidence limpide : il a été aimé et cet amour l’a fait grandir de façon magnifique. » « La barbarie et la violence dans lequel il a été finalement jeté ne l’ont pas empêché de vivre la fraternité. »
Pour conclure, Mgr d’Ornellas a annoncé que cette exposition deviendra ensuite un mémorial permanent au bienheureux Marcel Callo. Un « Forum Bonne-Nouvelle » pourrait aussi y être adjoint, dédié à « la rencontre, l’art, le dialogue pour la recherche commune du vrai. »

Mgr d Ornellas et JF Pasturel pour la traduction en allemand