Mieux dire et mieux vivre le Notre Père (2)

Notre Père qui est aux cieux…
Le sens même de l’appellation : « Père » dans la Bible juive, et ensuite dans le Nouveau Testament, sont une des rares littératures religieuses qui aient osé employer cette métaphore de la relation filiale pour exprimer une notion essentielle : la proximité de l’homme et de Dieu. L’homme fut créé à l’image de Dieu et en ce sens, selon la Bible et le Judaïsme, tout homme est appelé à « devenir fils de Dieu ».
Si Jésus appelle Dieu : « Abba » (Père) et ordonne à ses disciples de s’adresser à lui en disant : « Notre Père », c’est qu’il le sait par l’Écriture. « Vous êtes les fils de l’Éternel votre Dieu » (Dt 14, 1) et que le prophète Jérémie,  parle ainsi : « Dieu te dit : je veux te faire une place parmi mes enfants. Tu m’appelleras : mon Père, et tu ne t’éloigneras plus de moi » (Jr 3, 20).
…Que ton Nom soit Sanctifié…
La prière « Que ton nom soit sanctifié » est presque textuellement dans le kaddish « sanctification ». C’est une louange du nom de Dieu, constituée de passages de la Bible. Vieille de milliers d’années, cette prière est étroitement liée à l’histoire du peuple juif. Elle nous fait entrer dans la louange du nom de Dieu, et pas seulement en trois mots… C’est une prière profonde. En voici quelques extraits :

« Que soit magnifié et sanctifié son grand Nom dans le monde qu’il a créé selon sa volonté ; et qu’il établisse son règne de votre vivant, et de vos jours et du vivant de toute la maison d’Israël, bientôt et dans un temps proche. Amen ! Que son grand Nom soit béni à jamais et d’éternité en éternité !….Que les prières et supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui est aux cieux. Amen !

La sanctification du nom Dieu s’effectue dans trois directions :

  1. a) Sanctifier la vie : cela signifie insérer la présence de Dieu dans tous les gestes de l’existence, ne pas profaner le nom de Dieu dans l’existence que l’on mène. C’est ce qui explique et donne sens à tous les commandements qui régissent la vie quotidienne et “profane” du juif, cette vie qui par-là même n’est plus profane mais consacrée.
  2. b) Sanctifier le temps : le temps « est le temps à bâtir » : temps confié à l’homme, il doit être sanctifié dans le quotidien de l’existence en portant ainsi le témoignage de la présence de Dieu au monde.
  3. c) Sanctifier le nom : oui, depuis l’époque des Maccabées (IIe siècle avant notre ère), en passant par les bûchers de l’Inquisition, et, plus près de nous, hélas, par l’épreuve de la Shoah, des juifs ont préféré mourir pour maintenir leur identité et proclamer leur foi. Plutôt mourir que d’enfreindre les lois fondamentales qui justifient leur présence dans le monde.                                                                         Père Jean d’après Colette Kessler, théologienne juive, 1992