Temps du Carême

Temps du Carême : Apprendre à combattre pour son frère, apprendre à combattre pour la terre.
La paix ne se ramasse pas comme un champignon qui pousse tout seul, C’est un combat !

 I – Gagner la paix avec son frère : lutter contre le commérage
« Nous sommes des spécialistes du commérage. Cela nous plait et c’est très commun.  Mais cela conduit à l’hypocrisie, sème la division et détruit. Le commérage a le pouvoir de détruire comme une bombe atomique. « Avec la langue commencent toutes les guerres : à la maison, au travail ou encore dans les paroisses »…nous dit le pape François (le 3 mars à San Crispino di Viterbo-paroisse italienne-). « Mais dans votre paroisse, peut-être cela n’arrive pas ! »commente le pape, déclenchant un bon fou rire !
Pour lutter contre cette tentation de la critique qui entraîne la destruction de la communion, le pape François, nous donne deux remèdes :

1 – Lorsque la tentation de critiquer l’autre est imminente : « Prie pour lui » a-t-il exhorté…. (J’ajouterai : c’est un commandement très évangélique. Il nous fait entrer dans la perfection. « Priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5,44). Oui, bénis  « ceux qui t’embêtent »…Entre dans une louange, belle, profonde vraie pour ce frère ou cette sœur. Il est aimé de Dieu. Découvre-le, découvre-là dans ce regard de Dieu…Le Seigneur te délivrera peu à peu de cette disharmonie en toi. Si l’autre nous fait tellement de mal volontairement (personne toxique), dans ces cas graves, la prière de louange va être aussi une force de résistance : « priez pour vous ennemis ». C’est l’appel de Pontmain. Priez pour sortir de la peur. Prier dans la défaite (les prussiens sont à Laval). Priez pour vos ennemis.
2 – Le deuxième remède du pape est « mords toi la langue et bien fort » (provoquant un tonnerre d’applaudissement). Dans ce Carême à la conquête de la paix voici une belle orientation…Un beau combat au désert…Un combat de fond qui peut nous changer, changer par contagion nos frères et sœurs, changer notre communion paroissiale et les fruits que Jésus nous donnera.
Celui qui critique se donne l’autorité, celle qui confère le droit de dénoncer les erreurs, les imperfections ou les vices. En adoptant ce genre d’attitude nous pouvons -consciemment ou inconsciemment- intimider, humilier l’autre, voire le rabaisser. La paille et la poutre…(Mt 7,3).
Comment faire alors pour progresser ensemble ? Entre la critique et la fuite de la confrontation il y a la voie de la remarque fraternelle. Elle se caractérise par une attitude humble, respectueuse, d’égal à égal et pleine d’amour. C’est une conversation sincère durant laquelle nous partageons nos inquiétudes et nos doutes. Certes, c’est un exercice difficile, mais si fructueux.

« Si ton frère a fait quelque chose contre toi, va le trouver seul à seul…s’il ne t’écoute pas prend un ou deux témoins » Mt 18,15. Et si nous essayions !…

II – Gagner la Paix avec la terre
Pour « incarner de façon plus concrète le mystère pascal », les chrétiens sont invités au jeûne, à la prière et à l’aumône.
Le premier, le jeûne, nous apprend à résister à la «tentation de tout dévorer» (consommation effrénée des biens et gaspillage, voyages incessants, dévorer l’autre par la domination amplifiée par les réseaux sociaux).
La seconde, la prière nous apprend à « renoncer à l’idolâtrie et à l’autosuffisance ». La prière nous fait humble voix pour le salut du frère.
Enfin, la pratique de l’aumône, de son argent ou de son temps permet de se « libérer de la sottise de vivre en gardant et en accumulant ». Donnons pour nous déposséder et nous grandir humainement, donnons pour entrer en relation avec le frère. « Faites-vous des amis avec vos richesses, afin que vous soyez reçus dans les demeures éternelles » (Luc 16).
Le but de la parabole est évidemment de faire comprendre ce que les croyants ont à faire des biens possédés sur terre, où l’homme cherche habituellement sa propre satisfaction, sans penser à Dieu. Ces biens ne sont pas à eux, ils leur sont simplement confiés pour un temps :
« Ne laissons pas passer en vain ce temps favorable du Carême ! », invite le Pape.
Bon Carême. Père Jean