Comment faire du confinement – expérience du vide – une expérience de « Paix » … ?

« La paix soit avec vous » (Luc 25,45)
C’est la première parole de Jésus Ressuscité à ses disciples enfermés portes closes, confinés dans la peur : « La paix soit avec vous ».

L’expérience du vide traversée, comprise, offerte à Dieu peut devenir en nous un chemin de Paix dans nos profondeurs du cœur. Jésus a vécu cette expérience du vide absolu :  il est devenu passeur de paix. Ce n’est pas une phrase banale, c’est le don de la Paix du Christ à toute l’humanité. La paix de Dieu nous est donnée… Lorsque Jésus dit à ses disciples « La paix soit avec vous », il passe à toute l’humanité une expérience de paix unique et conquise.
« Pendant les jours de sa vie dans la chair, il offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand amour. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel (Hébreux 5,9) ».
Oui c’est parce qu’il a traversé l’expérience du vide et du néant que Jésus vient nous donner la paix. Il traversé les enfers. « Il est descendu aux enfers » : angoisse (jeudi saint) « mon âme est triste à en mourir », souffrance indigne et néant de la mort. Tout cela il l’a vécu pour l’autre, pour nous tous, pour toi, pour moi. C’est un don de vie pour nous apprendre à donner vie. C’est comme un enfantement à une maternité de paix. Une femme qui accouche est triste parce que son heure est venue… vous aussi vous êtes tristes maintenant mais votre cœur se réjouira (Jean 16, 21). Aux enfers, Jésus est même venu chercher le vieil Adam « Que fais-tu ici, sors de là, tu es l’un de NOUS » (Homélie ancienne du Samedi saint).
Nombreux sont ceux qui donnent leur vie pour l’autre. A la Toussaint nous chantons : « Ils sont nombreux les bienheureux ». Comment se donnent-ils ? Dans le goutte à goutte d’un service discret, dans l’héroïsme (capitaine Beltrame), dans l’appel à un devoir de nécessité (ces soignants retraités qui vont soutenir le feu d’une équipe). C’est une traversée « comme à travers le feu » : il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie.
Demandons à l’Esprit Saint de nous aider dans cette traversée de l’expérience du vide. Dans Ouest France de mercredi 22/04 une femme témoignait de cette « sensation absurde d’être inutile ». Comment faire de cet inutile une offrande pour Dieu qui nous transformera en service de l’autre ? C’est l’expérience de la Croix de Jésus.
Ce don de la vie de Jésus pour nous est un enfantement à la divinité. Comme si Dieu nous enfantait à devenir Lui. Le chemin proposé : abandonner notre moi pour devenir « semblable à Dieu » (I jn 3,3) Comment apprendre à vivre cet intime de Dieu en nous-même ? Jésus le dit à Nicodème « Il te faut re-naître d’en haut ». Les grandes expériences nous font re-naître à un autre nous-même. Pensons aux expériences du don devant les crises humanitaires – comme aujourd’hui – aux kidnappés, aux rescapés, aux miraculés, aux convertis, à ceux qui font une à ceux qui font « une expérience de vie imminente » (E.M.I).
Comment faire de notre expérience du confinement – et du vide qu’il engendre – partagé avec tant de peuples – une « expérience » pour un renouveau ? Voilà l’exode qui nous est proposé. Faire d’un confinement destructeur dans la peur, une expérience de paix. Comme le Christ nous sommes invités à une supplication confiante.
Père Jean