Une âme de prière et d’apôtre

Ce texte est un extrait du livret de présentation, réalisé en septembre 2017, présentant la vie et de l’œuvre de Léontine Dolivet.

Une âme de prière

« Mon cœur est fait pour Dieu »

Léontine Dolivet est née le 28 décembre 1888, dans une famille chrétienne de Betton, en Ille-et-Vilaine, non loin de Rennes. Fille unique, elle est touchée très tôt, à 15 ans, par un appel de Dieu à lui donner sa vie. Elle répond généreusement : « Demandez ce que vous voudrez, ô mon Dieu, je ne vous refuserai rien. » C’est le Carmel qui l’attire, mais son père lui demande d’attendre d’avoir 21 ans.

Face aux lois anti- congréganistes, Dieu fait entendre un autre appel que Léontine découvrira comme étant un appel à faire le catéchisme aux petits garçons de Betton. (L’école des Frères de Ploërmel a fermé à cause des lois républicaines en 1903). Elle restera donc chez elle et deviendra comme une laïque consacrée, bien avant le concile Vatican II. Elle est habitée par la charité et un humble esprit de service.

« Ma vocation de catéchiste est une vocation aussi sérieuse que la vocation religieuse. Je ferai du bien aux enfants par tous les moyens à ma disposition. »

Léontine est certaine que Dieu l’appelle à se dévouer à cet apostolat, tout en faisant de son âme un temple pour son Seigneur. Au cours de l’une de ses retraites annuelles, en 1913, elle rédige un règlement de vie, inspiré par la spiritualité carmélitaine, et promet à Dieu d’y être fidèle toute sa vie, « un contrat d’amour ».

« Je veux à tout prix être, après cette retraite, une âme plus humble, plus vaillante, plus aimante, plus ardente à travailler à ma sanctification et au salut des âmes des petits enfants, plus à Vous, ô mon Dieu, et moins à moi. Je ne puis rien sans Vous, aidez-moi, mon Dieu. » « Mon désir : faire de ma vie, seconde par seconde, un acte d’amour. »

Elle grandit pas à pas sur le chemin de la consécration totale de sa vie : en 1910 « m’obliger par vœu au plus parfait » ; en 1913 vœu de pauvreté ; en 1915 vœu de chasteté perpétuel ; en 1917 consécration de tout son être au Sacré-Cœur. Pour vivre pleinement sa consécration, elle se met à l’école de Marie. Pour cela, elle accomplira plusieurs pèlerinages (Lourdes, La Salette) mais aussi à Paray-le-Monial, Rome et Assise, ce qui contribuera à sa formation intérieure.

Léontine Dolivet

Humilité et douceur :

« Je cultiverai l’esprit de recueillement et l’esprit de renoncement d’une façon spéciale. Je me tiendrai dans un état d’humilité profonde et de douceur parfaite. »

Foi, espérance et charité sans bornes, amour de l’Eucharistie :

« Je vivrai de la vie de la foi, qui voit Dieu en tout, Dieu partout… J’aimerai pour ceux qui n’aiment pas… Devenir l’ostensoir vivant qui montre Jésus aux âmes… Pour les âmes, je me sanctifie et je me sacrifie… Pour les âmes : jamais trop, jamais assez ! »

Amour pour l’Église et le sacerdoce :

« Prions pour l’Église, le Souverain Pontife, les prêtres – les besoins de toutes les âmes, ils sont si nombreux. » « Cœur Sacré de Jésus, donnez-moi des cœurs de prêtres parmi mes enfants. »

Une âme d’apôtre

« Je suis une chrétienne, je suis une apôtre »

En 1909, Léontine Dolivet crée « L’œuvre des catéchistes volontaires » de Betton. « Chaque jour en me rendant à la salle de catéchisme je me dirai : “C’est Jésus que je vais trouver dans ces âmes d’enfants”. » « Puis-je avoir une ambition plus noble que celle de faire des saints… Mon Dieu, servez-vous de mes lèvres pour instruire les petits enfants, de mon cœur pour les aimer, de tout mon être pour mettre votre amour dans leur cœur. »

Pendant 68 ans, Léontine enseignera le catéchisme tous les jours sur le temps de midi, aux garçons de 6 à 11 ans, de l’école publique de Betton. Elle mettra en œuvre toute sa foi et son amour des enfants, mais aussi tous les moyens modernes. Avec une équipe d’auxiliaires dévouées, elle recrutera parfois plus de 100 enfants dans sa « salle ». « Je veux être une catéchiste en image, plus encore : un ostensoir. Le meilleur livre de l’enfant c’est le cœur de l’éducateur. »

Toute sa vie sera ponctuée de combats et d’épreuves car l’éducation chrétienne n’est pas chose facile. Mais elle a toujours vaincu le découragement par sa force intérieure et sa prière, par le soutien fraternel de ses catéchistes et par l’aide des mamans. « J’ai beaucoup plus le désir de m’y consacrer avec une ardeur toute nouvelle, avec d’autant plus de cœur et d’âme que je constate, hélas ! avec une profonde tristesse que le monde corrompu et corrupteur est toujours prêt à semer dans les intelligences et les cœurs de nos enfants ses maximes de perdition et qu’il est rempli de gens qui semblent n’avoir d’autre souci que de perdre les âmes et les entraîner avec eux dans l’abîme éternel.

En présence d’une diminution croissante de la foi, de l’esprit chrétien, je m’écrie ardemment : “Seigneur, donnez-nous des mères profondément chrétiennes, donnez-nous des âmes d’apôtres et de saints pour embraser et transformer le monde”. » Léontine Dolivet « entre dans la joie de son Maître » le 14 novembre 1974 à Betton.

Sa réputation de sainteté, qui a commencé très vite après sa mort, nous encourage, que nous soyons catéchiste ou pas à être comme elle. « La vie intérieure, c’est la vie au-dedans avec Dieu, habitant en nous. À Dieu, je parle de Lui, de moi, des âmes. »