Edito

Le Christianisme ne fait que commencer !

disait le Père Alexandre Men*, lors d’une conférence à la maison du peuple à Moscou, la veille de son martyr (*1982)

-Père Jean bonjour, vous avez votre gilet jaune ? Vous savez qu’on peut mettre un gilet jaune sur le pare brise…
– Merci mon ami, mais savez-vous que je prie plusieurs fois par jour le « livre des gilets jaunes » de toute l’humanité et de tous les temps. C’est le livre des psaumes…C’est le cri de l’humanité, sa supplication, sa révolte, sa prière, son espérance…en avez-vous entendu parler ? La communauté chante un psaume chaque dimanche.
– Ah non j’ai juste été baptisé.
– Mon ami, vous pouvez chaque jour aussi endosser le « vêtement du Christ », revêtu le jour de votre baptême (Gal 3,27). Il ne demande qu’à vivre en vous et ne souhaite qu’une chose : allumer le feu de son amour…
Savez vous aussi que ce même Christ nous invite à marcher ensemble, à chercher ensemble, avec toute l’humanité, à travers des corps « intermédiaires », des lieux d’appartenance ou on se sent accueilli, reconnu, responsable. Le Christ nous invite à devenir son corps (Eph. 4, 1-7), dans des cellules, des vaisseaux, des muscles, des membres où chacun à sa place dans un ensemble. C’est très exigeant pour tous. Le chemin de la facilité c’est de « se mordre, de se critiquer les uns les autres » (Gal 1, 5-15) et cela détruit.

Sans cellule adoptive dans le christianisme, chacun redevient lui-même, habité de l’esprit du monde. (Rm 12,2). Hors, nous ne sommes pas faits pour l’individualisme, mais la vie Trinitaire. Sans ce travail d’humilité et d’écoute réciproque, l’Esprit Saint ne peut agir en nous…Le pape François vient de nous donner un merveilleux livre « Réjouissez vous et exultez. Appel à la sainteté dans le monde actuel ». (juin 2018).

Abraham un jour s’est senti appelé à quitter son pays (Gn 12) « son monde tranquille »…Moïse un jour à fait un détour d’étonnement devant la vie. Dieu « lui a confié la misère de son peuple » «(Ex 3,1-8). Il en est de même pour les Prophètes, les apôtres, les pères dans la foi. Aujourd’hui encore si nous voulons suivre le Christ… nous sommes appelés à l’écouter en Eglise. Nous former à la lecture des écrits des pasteurs. Sans déplacement en nous-mêmes, nous pouvons devenir « mondain », c’est à dire « habité de l’esprit du monde » (Rm 12,2). La formation c’est le bâton de la marche et de notre exode chrétien

Oui, le « Christianisme ne fait que commencer », en nous, dans notre profondeur, dans nos relations renouvelées, dans la créativité que l’Esprit nous donne pour le monde.
Bon chemin vers Noël. Père Jean

* Alexandre Vladimirovitch Men, né le 22 janvier 1935 à Moscou et mort assassiné le 9 septembre 1990 à Serguiev Possad (Russie), est un prêtre orthodoxe et théologien russe, prédicateur, auteur de livres sur la théologie et l’histoire du christianisme et des autres religions. Son meurtre reste à ce jour (2017) impuni.

 


Armistice 11 novembre 1918 – 11 novembre 2018

A 11heures ce 11 novembre toutes les cloches de France sonneront les 100 ans l’Armistice. C’est un moment de mémoire et d’espérance.
Une commémoration de la « grande guerre ». Une guerre totale dans laquelle tous les efforts des pays étaient engagés. Elle mobilisa plus de 70 millions de soldats et fit plus de destructions humaines et matérielles que tout autre conflit antérieur de l’Humanité. Pendant cette guerre, approximativement 11 millions de personnes sont mortes, et environ 21 millions ont été blessées. Cette guerre appelée aussi le suicide de l’Europe, au-delà de l’horreur, a entraîné une résistance qui se poursuit…résistance des tranchées, résistance au nazime, puis au marxisme puis au libéralisme qui isole chacun dans la sphère de son portable, de sa consommation et peut-être de son désir. Maintenant, résistance au changement climatique ou mobilisation pour la défense de la « maison commune ». Commémorer ce n’est pas seulement se souvenir, fleurir et entretenir les tombes du passé… C’est célébrer en s’appuyant sur l’indicible de l’horreur et du courage, les relations de l’instant, les relations en devenir, toute forme de vie qui espère. C’est une fraternité du cœur.
La vie nous appelle à une espérance qui résiste. Saint Paul nous le rappelle : « Vous n’avez pas résisté jusqu’au bout. » (Hébreux 12,4). Résister dans la foi ce n’est pas un simple sursaut mais une espérance… C’est l’espérance qui traverse la vie. « Il y a devant toi le chemin de la vie et le chemin de la mort, tu choisiras la vie » (Dt 30, 19). Espérant contre toute espérance » Abraham partit (Romains 4,18).
Dieu lui-même nous est décrit en action de résistant dans création et dans la libération de son peuple. « Il fait le monde à main forte et à bras étendus ». C’est aussi une expression de la délivrance de son peuple.
C’est pourquoi tu diras aux enfants d’Israël : Je suis l’Eternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Egyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu.
Commémorer, remercier, résister, espérer font partie de notre prière pour ce centenaire de l’Armistice.
père Jean


L’Eglise que j’espère – Pape François

« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Eglise aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité.
Je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut !…Nous devons soigner les blessures ! Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas…(page 68 du livre du Pape : L’Eglise que j’espère).
 L’Eglise s’est parfois laissé enfermer dans les petites choses, les petits préceptes… Comment traitons nous le peuple de Dieu ? Je rêve d’une Eglise mère et pasteur…
Les évêques particulièrement, doivent être des hommes capables de soutenir avec patience les pas de Dieu parmi son peuple, de manière à ce que personne ne reste en arrière, mais aussi d’accompagner le troupeau qui a le flair pour trouver de nouvelles voies.
Au lieu d’être seulement une Eglise qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes…. (C’est pourtant déjà le pas que nous voulons faire et faire  bien ! ), efforçons-nous d’être une Eglise qui trouve de nouvelles routes…Qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, ou qui s’est en allé ou qui est indifférent. Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à revenir. Mais il faut de l’audace et du courage .
L’Eglise que j’espère * cette confidence de notre Pape rejoint l’appel de notre Evêque dans sa Lettre pastorale « Afin que vous débordiez d’Espérance » (Rom 13,5). Pour mieux comprendre cette mission de devenir disciple missionnaire et comprendre notre Pape François, je vous invite au cinéma Le Vendelais : c’est trop génial et débordant d’espérance !    Père Jean

* L’Eglise que j’espère, Pape François, entretien avec le père Spadaro, Editions Flammarion Etudes décembre 2013 , en vente ou à commander chez Tibiblos.

 


Talitha Koum ! Petite fille lève-toi !

« Talitha koum » est une des rares paroles de Jésus rapportées en Araméen (langue de Jésus). « Jeune fille : lève-toi ! ». Dans cette expression il y a comme une douce affection : « Ma petite fille ou ma petite agnelle lève-toi ».  Cette jeune fille était la fille de Jaïre, chef de synagogue…Il a une position : chef de synagogue. Mais il est venu intercéder car sa fille était à une « toute dernière extrémité »…
Petite fille lève-toi. Cette histoire relatée par Marc dans la vie de Jésus est aussi un appel pour toute l’humanité. Toute l’humanité est appelée à grandir, à se tenir debout devant son Seigneur. L’âme pour Dieu est féminine… A chacun Jésus dit « dans ta part humaine créée par moi, lève-toi » « Une foule immense se tenait debout devant le trône de l’agneau. Jean (Ap 7,21).
Petite fille lève-toi. Je me permets une analogie de cet appel de Jésus avec la Lettre pastorale de notre Evêque. Avec sa Lettre notre Evêque dit à l’Eglise qui est à Rennes « Talitha koum». Petite Eglise lève-toi ! Relève-toi !
En effet, quelquefois nos communautés sont de belles jeunes filles endormies. Notre Evêque à mission de nous réveiller et de nous relever.
Sa lettre Pastorale est donc un envoi. Elle est comme les lettres pastorales (les épîtres) de Saint Paul, Saint Pierre ou Saint Jean. Ce sont des paroles ciblées et datées pour des Eglises. Nous faisons attention à lire ces épîtres. Désormais nous avons la Lettre Pastorale de Pierre notre Evêque à l’Eglise de Rennes. Ce n’est pas rien. Nous ne pouvons pas la laisser de côté.  Elle relève de dix années de visite dans les Paroisses de notre diocèse. Elle relève d’une année de démarche synodale pendant laquelle 500 fraternités volontaires se sont réunies pour écouter ce que l’Esprit Saint pouvait dire dans leur cœur. Elles ont envoyé 4.500 suggestions, qui ont donné cette belle Pastorale « Afin que vous débordiez d’espérance ». (Rm 15,13).
Il me revient donc fraternellement comme chrétien, et paternellement comme curé doyen de vous la donner, de vous demander de la lire, d’insister pour nous la faire travailler (peu à peu et en entier) et d’en tirer des conclusions pour notre vie pastorale. Le diocèse vous donnera des axes.  Je vous donnerai des résumés et des axes de ce document. Pour nos paroisses de la Visitation, de Saint Gilles et de Sainte Thérèse, nous avons choisi de mettre en œuvre un début de cette lettre : « L’accueil : une tâche essentielle à vivre », nous dit notre Evêque à la page 24 de sa Lettre.
Déjà au niveau des préparations mariages et baptêmes, lors des dimanches à Sainte Madeleine, ou encore au Café amitié, nous avons vu que l’attention mise sur l’accueil nous fait arriver de nouvelles personnes et une trentaine d’entre-elles se sont déjà engagées comme nouveaux acteurs des services, ces deux dernières années. Le Forum du 22 septembre est pour mieux nous faire connaître et attirer par ce qui se vit dans les différents groupes de la paroisse.
Que la lettre pastorale nous aide à renouveler nos formes d’accueil manifestant cette espérance.
C’est pour cela que nous avons voulu un Forum de rentrée paroissiale où tous les mouvements, services de la paroisse et ceux qui en sont proches, s’encouragent à mieux vivre ensemble l’accueil.
Merci à chacun par ce surcroit d’attention mutuelle active ce 22 septembre afin de « déborder d’espérance ». Avec toute ma prière, Père Jean.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


La gratuité sauvera le monde

Vivre un temps gratuit pour lutter contre l’indifférence ou l’incivilité.
Pour beaucoup d’entre nous vacances riment avec surcroit de travail…ou grandes vacances ! Il reste que tous – que ce soit hiver ou été – il nous faut entrer dans un temps gratuit, temps donné gratuitement. Nous avons à apprendre le don gratuit. Cela va nous changer, changer nos relations, et un par un changer la société.
Définition du dictionnaire : gratuit, ce qui est fait ou donné sans contre partie…
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8). Nous sommes invités à nous laisser habiter d’une part de gratuit dans le don et dans le temps La Lettre pastorale de notre Evêque nous invite aussi au remerciement gratuit, à l’action de grâce. C’est un vrai « travail » sur soi. C’est l’enfantement à la vie nouvelle. A la vie pour laquelle nous sommes appelés.
« Parmi les maux de l’âme les plus fréquents et les plus grands, il n’y en a pas de plus répandue que l’ingratitude. »  (Sénèque, les bienfaits, 1er siècle). L’ingratitude est comme une maladie de l’âme nous dit ce philosophe. Maladie individuelle, elle en devient par contagion une maladie de société. La gratitude est à l’inverse une attitude spirituelle : elle permet de changer. « Si tu remerciais Dieu pour toutes les joies qu’il te donne, il ne te resterait plus de temps pour te plaindre. » (Maître Eckart, Dominicain, philosophe théologien, 13ème siècle).
La gratuité du don ou du temps donné entraîne en nous « un nouvel état intérieur » :  la gratitude. C’est comme une joie qui déborde. C’est peut-être la joie dont nous parle Jésus.  « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. » (Jean 15,11)

Saint Paul qui a expérimenté « la rage meurtrière qui va jusqu’à tuer »  va insister sur cette joie profonde qu’il a expérimentée. « Que monte de vos cœurs remerciement, prière et louange, alors La paix de Dieu qui surpasse toute intelligence prendra sous sa garde vos pensées et vos cœurs. »  Philippiens 4, 6-7.

Profitez de vos vacances pour faire l’expérience du gratuit, du remerciement gratuit devant les petits riens, du remerciement gratuit devant vous et toute personne croisée…Alors vous aurez fait quelques pas dans l’éternité. Vous m’en direz des nouvelles. Un grand merci pour tout le gratuit échangé ensemble et à vivre demain.                                                                                                                              père Jean