À Dieu Jean Claude.

Ce mardi 18 Janvier 2022,
Nous nous réunissions dans l’église Saint martin de Vitré pour Célébrer le retour vers la maison du Père de Jean Claude Huard. « Je voudrais marcher aux côté de mon Seigneur, sur le chemin qui mène à Dieu. Rien ne pourra m’empêcher, j’irai jusqu’au bout! »… Ce chant choisi par Jean Claude nous a mis dans l’ambiance que lui même aurait aimé ! …
Après la lecture du texte des Béatitudes, le Père Jean Claude Lemaître, ancien aumônier de l’hospitalité, , nous a rappelé comment Jean Claude, à sa façon, a rapproché son mode de vie à celui qui est proposé dans ce beau texte.

Jean Claude tu viens de nous quitter.

Nous qui avons eu la chance, voir la grâce de te rencontrer, depuis toujours,  pour ta maman ou ta famille, depuis des années pour un certain nombre d’entre nous, voir depuis des décennies.

Jean Claude et moi-même, nous nous sommes rencontrés à Lourdes il y a 40 ans. Lui : 28 ans, moi 18 ans,  au « Festival des jeunes ». Jean Claude déjà présent, déjà te laissant guider par la Vierge Marie,  Notre Dame de Lourdes. Comme toute personne, au fur et à mesure que tu as vieilli, et que le Festival des jeunes a pris d’autres couleurs, d’autres styles, tu es rentré à l’Hospitalité où tu t’affiches avec tes dons.

Jean Claude, ta vie ressemble à une grande partition musicale. Chacun,  chacune d’entre nous,  sommes une note avec nos couleurs particulières.  Tous les souvenirs que nous avons en nous, de nos discussions avec toi,  de nos rencontres, de nos complicités, de nos parties de fous rires, des moments plus sérieux où tu te confiais. Des moments où tu étais disponible pour la rencontre gratuite et du tout venant. Des moments aussi où tu accompagnais l’autre y compris musicalement à Lourdes ou ailleurs, quand l’autre chantait et s’il chantait faux, tu t’adaptais. Tu soutenais qui que ce soit par amour d’une façon humble.

Pendant toutes ces années, je ne t’ai jamais vu critiquer des personnes. Parfois triste, parfois de côté dans une certaine solitude, mais jamais tu n’as critiqué telle ou telle personne. Et une amie proche, me disait ces jours-ci que même durant ces mois de souffrances, durant tel ou tel examen, tu ne critiquais pas le personnel soignant. « Là, j’ai mal, j’ai eu mal, mais je comprends, ils ont plein de boulot,  ils font ce qu’ils peuvent ».

Jean Claude,  comme toute vie plus ou moins, ta vie ressemble à ce chemin des Béatitudes de l’Evangile que nous venons d’entendre. Ce chemin fait de fêtes,  de rassemblements, de témoignages dans le pays de Vitré et même à Lourdes à l’Office Chrétien des Personnes handicapées  auprès  d’enfants, des jeunes, et, tout à l’heure dans la voiture un autre ami me disait qu’après ces témoignages  les enfants avaient du mal à te laisser partir tellement  tu avais un don de la relation humaine.

Jean Claude tu as vécu cet amour donné, reçu de la part de tes parents, de tes proches, de ta famille et autrement, habité et traversé par la présence de Dieu. Toi le premier,  enthousiaste, car habité par cette présence de Dieu en Jésus, tu étais toujours disponible pour rendre service. Amour de Dieu, amour des autres, chez toi, cette double dimension était toujours réunie, relue.

Et puis, il y a eu les dernières années de ta vie plus difficiles à vivre avec ces moments de confinements au cours de ce que nous traversons encore,  avec l’expérience de la covid 19. Beaucoup d’activités se sont arrêtées, et tu as connu des véritables moments de solitude, même si tes proches et les autres continuaient à aller te voir, te téléphoner, parfois te visiter quand c’était possible. Et cette souffrance autrement cette solitude, elle s’est prolongée jusqu’au bout, jusqu’à la fin de ta vie.

Tu as vécu quelques dimensions de la vie de Jésus. Sa vie publique, sa vie cachée, sa passion, surtout durant ces derniers mois. Et déjà aujourd’hui, nous fêtons ta récompense dont parle l’évangile que nous venons d’entendre à l’instant.  Cette récompense que le Seigneur t’offre déjà et à venir avec la vie éternelle. Cette vie éternelle tu l’as tissée, tricotée,  avec tellement de personnes que tu as portées, parfois supportées qui t’ont aidé à grandir.

Nous avons vécu auprès de toi, telle ou telle réponse  par tes dons musicaux ou autres et aujourd’hui, une des récompenses du Seigneur  c’est nous tous ici présents,  ici en cette église. Toi Jean Claude,  tu es la note qui rassemble.

Maintenant, toi qui as vécu durant cette existence, avec notamment ta cécité, tu as fait le choix, humainement et spirituellement de ne pas t’enfermer dans ton handicap, et de  vivre cette différence au mieux comme un tremplin vers les autres dans le Seigneur et non pas malgré, mais avec ! Tu nous montres avec tes couleurs un beau chemin de Sainteté. Car l’évangile de ce jour c’est aussi celui que nous pouvons entendre au jour de la Toussaint.

Jean Claude, tu as vécu ton chemin, à toi, avec tes couleurs, tes fragilités, tes limites, tes talents. Cet après-midi, humblement, tu nous renvoies à notre propre chemin des Béatitudes, de cette Sainteté toute simple souvent cachée. Vivre du Seigneur avec l’aide de la Vierge Marie et nous tourner vers les autres. Car plus nous rendons service, plus nous recevons des autres,  abondamment.

Merci à toi Jean Claude pour tout ce que tu as pu nous apporter et toutes ces belles images, ces beaux souvenirs que nous gardons au fond de nous de ton passage sur terre. Désormais, tu vis une autre dimension de la joie, du bonheur, continue à penser à nous, à prier pour nous et avec nous. Amen.

Homélie du Père Jean Claude Lemaitre lors des  obsèques de Jean Claude Huard