Ordination diaconale de Christophe Gosselin : « Accueil, ouverture, témoignage »

Christophe Gosselin a été ordonné diacre en vue du sacerdoce le 25 septembre 2016, par Mgr Souchu, à Keriadenn, lors de la rentrée pastorale du doyenné de Bruz où il est en insertion.

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Ordination Christophe Gosselin

Homélie de Mgr Nicolas Souchu

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Frères et Sœurs,

Ce chapiteau de la Pastorale des Jeunes dans le village de Keriadenn, géré par l’association SILO, ici à Saint-Malo, devient pour nous cette après-midi comme l’auberge des disciples d’Emmaüs, alors que nous célébrons l’ordination diaconale de Christophe Gosselin dans le cadre de la journée pastorale de rentrée des paroisses du doyenné des Rives de la Seiche.

J’ai tout de suite plusieurs questions à poser à Christophe. Pour l’encourager dans sa réponse, je vais demander aux jeunes qui sont ici et qui ont participé aux JMJ de Cracovie en Juillet dernier de venir près de nous.

Première question : Pensez-vous que dans le lieu où les deux disciples d’Emmaüs ont accueilli Jésus (Reste avec nous ; Jésus fut à table avec eux), il y avait un canapé ? Oui ou non ? Deuxième question : Y avait-il des chaussures (ou au moins des sandales) ? Oui ou non ? C’est parfait ; vous avez bien écouté le pape François lorsqu’il invitait les jeunes à ne pas s’installer dans un canapé, mais à prendre des bonnes chaussures. La marche est d’ailleurs caractéristique de cet évangile des disciples d’Emmaüs choisi pour la circonstance : les disciples font quatre heures de route dans la même journée : deux depuis Jérusalem avec un inconnu et deux le soir où ils retournent à Jérusalem pour dire aux apôtres et à leurs compagnons qui est cet inconnu. Ici aussi il n’y a pas de canapé, alors vous allez vous asseoir par terre et comme cela on verra vos chaussures !

Des chaussures de marche il en a fallu pour Christophe, en plus de sa guitare. C’est sans doute pour cela que vous avez choisi comme première lecture ce passage du livre de Jérémie : « Je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël ; depuis les lointains le Seigneur m’est apparu. Je t’aime d’un amour éternel. Montons vers le Seigneur notre Dieu. » Effectivement depuis ses origines indiennes jusqu’à aujourd’hui, Christophe, comme sans doute beaucoup d’entre nous, a effectué un long chemin : un réel chemin au sens physique du terme, mais aussi un chemin spirituel, une longue route avec le Christ, qui, comme pour les disciples d’Emmaüs, se révèle dans sa Parole et dans la fraction du pain, l’eucharistie.

Nous voici donc arrivés à l’auberge d’Emmaüs, ou plus exactement dans le cœur des deux disciples : Reste avec nous. Il me semble que dans ce lieu, comme ici à Keriadenn, se jouent trois éléments fondamentaux pour notre vie chrétienne dans les circonstances du monde d’aujourd’hui.

  • Le premier, c’est l’accueil : ils n’ont pas peur ces deux disciples d’Emmaüs d’accueillir avec eux celui qui est encore pour eux un inconnu. Notre société marquée par la peur, la sécurité et la médiatisation à outrance, pourrait nous faire croire que nous sommes tous des suspects potentiels. Les disciples jouent ici sur la fraternité car, grâce à la Parole interprétée par le Christ, la confiance a pu s’établir avec cet inconnu.
  • Le second, c’est l’ouverture : leurs yeux s’ouvrirent dit le texte au moment où Jésus redit les paroles et refait les gestes de la dernière Cène. C’est dire que les disciples connaissaient les codes de ce qu’est l’eucharistie. Combien de chrétiens dans nos paroisses connaissent les codes, les valeurs, comme on dit aujourd’hui, mais n’ont pas l’ouverture des yeux et du cœur pour reconnaître comment Dieu agit en ce monde par son Eglise !
  • Le troisième, c’est le témoignage : De ce village d’Emmaüs naît le témoignage des disciples. A l’instant même (sans perdre de temps), ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem, dit l’Evangile. Alors qu’ils pensaient être les premiers à annoncer cette Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité, voilà qu’ils sont pris de court : ils apprennent que le Seigneur Ressuscité est apparu à Simon-Pierre et eux ne peuvent qu’exprimer ce qu’ils ont vécu.

L’accueil, l’ouverture et le témoignage, voilà bien ce qui motive les essentiels sur lesquels les paroisses du doyenné des Rives de la Seiche vous avez réfléchi aujourd’hui, à partir de la Fraternité pour vivre l’accueil (qui pourraient devenir des fraternités synodales), des cours Alpha afin de mieux s’ouvrir au plan de Dieu pour ce monde et de cette ordination diaconale de Christophe, comme témoignage.

L’accueil, l’ouverture et le témoignage sont également caractéristiques du ministère de diacre qui doit mieux encore préparer Christophe à son ordination sacerdotale. On dit parfois que ce ministère est à la marge, aux périphéries existentielles dirait le pape François, car le signe du service peut être compris de tous, à travers l’accueil, l’ouverture, le témoignage.

Christophe est un professionnel de la communication. Lorsqu’il était journaliste sur la chaîne de télévision catholique KTO, il animait une émission intitulée : La vie des diocèses. A ce titre, il a interrogé la plupart des évêques titulaires de France et de Belgique. Aujourd’hui c’est le contraire : ce n’est pas Christophe qui interroge l’évêque, c’est l’évêque qui va interroger Christophe. Comme le dit magnifiquement la seconde lecture de ce dimanche, tirée de la Première lettre de Saint Paul à Timothée : C’est pour la foi, pour le combat de la foi, que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins. En répondant ainsi maintenant, comme il l’a déjà fait au début de cette célébration pour l’engagement au célibat, Christophe va recevoir la grâce de l’ordination diaconale par l’imposition des mains et le don de l’Esprit Saint. Tous les ministres ordonnés sont diacres. Je ne sais pas si vous imaginez quelle force cela donne à tous les membres de l’Eglise que de savoir que tous ceux qui reçoivent l’ordination sont configurés au Christ-Serviteur. Alors on comprend qu’à Emmaüs, comme ici à Keriadenn, il n’y ait pas de canapé, mais de bonnes chaussures, afin que particulièrement en ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, nous puissions être porteurs du Christ comme l’indique l’étymologie du prénom Christophe, pour qui, avec nous, et pour nous, c’est le moment de devenir diacre, en vue du ministère de prêtre.

+ Nicolas Souchu
Evêque auxiliaire de Rennes