Présentation du diocèse

L’histoire de l’Église dans notre diocèse

« L’implantation du christianisme »

Sur le territoire qui constitue l’actuel diocèse de Rennes, l’implantation du christianisme s’est faite selon un double mouvement. Par le sud, autour de Rennes, l’évangélisation a été réalisée sur le modèle de l’ensemble de la Gaule. Par le nord, autour de Dol et de Saint-Malo, ce sont des immigrants bretons, déjà évangélisés, qui ont apporté un type d’Église très particulier. Pour eux, l’autorité est plus d’origine charismatique que juridique. D’où prédominance de l’abbé sur l’évêque, et pastorale très souple ne reposant pas sur une délimitation géographique, Saint-Melaine (v. 500) s’inquiète de ces divergences et entreprend une politique d’unification relayée par les princes. Le clergé continuera de jouer la carte de la francisation.

« Le réseau paroissial »

Le réseau paroissial est pratiquement constitué avant le IXe siècle. Pour ce qui est de la foi vécue, les nombreux récits de miracles des Vies de Saints montrent que la fascination pour le merveilleux jouait un rôle capital dans la décision du baptême.

« L’organisation structurée de l’Église »

Avec la renaissance carolingienne, l’accent est mis sur l’organisation structurée de l’Église. C’est sans doute à cette époque qu’en zone bretonne les évêchés prirent leur forme classique. Le premier nom attesté d’un évêque à Alet apparaît en 811. Profitant de la disparition de Charlemagne en 840, Nominoë crée la principauté de Bretagne et met en œuvre une réforme. Pour la première fois un document mentionne un évêque à Dol. Une tentative pour faire de ce siège une métropole échoue. Les monastères furent les grands artisans de la réforme.

« Une nouvelle réforme […] lancée de Rome »

Les invasions normandes et la main mise des laïcs sur les investitures entraînent une désorganisation de la vie ecclésiale. Une nouvelle réforme est nécessaire, lancée de Rome par Grégoire VII. Elle se manifeste tardivement dans notre région, ce qui aura pour résultat de renforcer l’autorité épiscopale, les moines abandonnant de plus en plus le ministère paroissial à partir du XIIe siècle. Un nouvel épiscopat (dont les plus célèbres représentants sont Marbode de Rennes et Baudry de Dol) administre avec sérieux ces diocèses. Ayant repris en main les nominations, il peut mieux contrôler la vie paroissiale.

« La crise de la société féodale »

Dès le XIIIe siècle, des signes d’essoufflement commencent à poindre, malgré l’apparition des ordres mendiants dans les villes. Avec la Guerre de Succession et la crise de la société féodale, le pouvoir du duc, du roi ou du pape pèse de plus en plus lourdement sur l’Église. Le cumul des bénéfices et sa suite logique, la commande, n’empêchent pourtant pas un certain dynamisme de la vie chrétienne, ainsi qu’en témoignent l’essor des chapellenies, le succès de la prédication des mendiants et l’organisation de la charité par la création d’hospices et de confréries. Ainsi, à Rennes en 1340, dix confréries s’organisent pour fonder une Maison-Dieu. Le clergé paroissial manifeste une compétence plus adaptée grâce, notamment, à une meilleure instruction. La religion populaire tend à s’épurer par la lutte contre les superstitions.

« La vitalité religieuse »

Au XVIe siècle, un clergé abondant (577 ordinations dans le diocèse de Saint-Malo entre 1550 et 1560) reste très proche des populations rurales. C’est sans doute la raison pour laquelle le protestantisme restera très minoritaire. À Rennes, deux grands évêques, Yves Mayeuc (1507- 1541) et Aymar Hennequin (1573-1596) permettent à la Réforme tridentine de produire immédiatement ses effets. Témoignent de la vitalité religieuse de nombreuses églises comme celles des Iffs, de La Guerche, de Champeaux ou de Saint-Sulpice de Fougères.

« L’instruction demeure la préoccupation dominante »

Les XVIIe et XVIIIe siècles voient s’enraciner la Réforme tridentine. Dans les villes, la pastorale vise avant tout à la formation des élites (collège des Jésuites de Rennes, pensionnats d’Ursulines à Rennes, Fougères et Saint-Malo). À la campagne, l’instruction demeure la préoccupation dominante. Les évêques encouragent la création des petites écoles dont le but recherché est avant tout la formation religieuse. Un nouveau clergé, désormais façonné par les séminaires (créés en 1645 à Saint-Malo, en 1661 à Rennes, en 1698 à Dol) vit de plus en plus séparé du monde, pieux, fidèle à sa mission, mais s’installant progressivement dans une routine dont le réveilleront les événements de la fin du XVIIIe siècle.

« L’été de la Saint-Martin du catholicisme post-tridentin »

La Révolution n’a pas représenté la rupture radicale qu’a orchestrée l’historiographie traditionnelle. Certes vont se trouver face à face deux Églises, deux clergés, deux sensibilités, dont on retrouvera plus tard des séquelles. Mais, grâce au Concordat de 1801, le modèle tridentin va perdurer tout au long du XIXe siècle et une bonne partie du suivant, où nous assistons à ce qu’un historien a appelé « l’été de la Saint-Martin du catholicisme post-tridentin ». Désormais, les trois diocèses sont réunis. Le réseau paroissial se complète (création de 62 paroisses), terrain solidement quadrillé par curés, recteurs et vicaires. À partir de la Restauration, les missions contribuent au renforcement de la reprise en main après le hiatus révolutionnaire. Les congrégations féminines (Adoratrices de Rillé-Fougères, l’Immaculée-Conception de Saint-Méen, les Saints-Coeurs de Paramé) aident le prêtre dans sa tâche et participent, par leurs écoles et leurs infirmeries, à l’acculturation des masses.

« Le siège de Rennes […] élevé au rang d’Archevêché »

La crise mennaisienne, de 1831 à 1835, secoue fortement le clergé diocésain, annonciatrice en cela des bouleversements ultérieurs. En effet, les remises en cause s’accumulent à partir de 1840. Mgr Brossays-Saint-Marc marque le département de sa puissante personnalité aussi bien dans le domaine politique que religieux. Après son ralliement à l’Empire, il obtient, en 1859, que le siège de Rennes soit élevé au rang d’Archevêché.

« La question sociale […] devient un souci […] des chrétiens »

Le tournant des XIXe et XXe siècles est marqué par des questions dont la solution sera longue et difficile. Et tout d’abord, le ralliement à la République d’un clergé et de notables influents restés attachés à la monarchie. Le cardinal Place sera, un moment, choisi par Léon XIII pour être l’homme de cette politique. L’école suscite des tensions alors que partisans de l’Action française et abbés démocrates s’affrontent par journaux interposés. Tandis que la piété ultramontaine faisant appel à une religion plus sensible gagne tout le terrain, l’Action catholique connaît un succès rapide, grâce en particulier à des hommes comme l’abbé Peltan ou l’abbé Simonneaux. La question sociale, déjà prise en compte par les abbés démocrates (Bridel, Trochu, Mancel, Geffriaud) devient un souci plus grand de la part des chrétiens. Le succès du MRP à la Libération s’explique, en partie, pour cette raison.

« La mission pousse vers de nouveaux horizons »

Les mutations des années 1960-1970, qu’elles soient d’ordre économique (industrialisation de Rennes et de sa banlieue) ou d’ordre religieux (concile Vatican II) avec redistribution des fonctions cléricales et participation plus grande des laïcs, ont entraîné une transformation du visage de l’Église diocésaine. La mission pousse vers de nouveaux horizons.