D’où lui vient cette sagesse ? : Homélie 09 juillet 2017

14ème dimanche, A, 2017

Les textes bibliques de ce dimanche nous rejoignent dans ce que vit notre monde. Comment ne pas être accablés devant toutes ces souffrances, ces victimes de la haine, de la violence et de l’exclusion. Le risque est grand pour nous de baisser les bras, de désespérer.  Mais voilà qu’aujourd’hui la Parole de Dieu vient encore nous bousculer, en nous invitant à espérer envers et contre tout.

La première lecture est extraite du livre de Zacharie. Il s’agit d’un oracle de consolation en période de guerre, où la situation semble désespérée. Mais Dieu va intervenir. Le prophète annonce la venue d’un roi « humble, monté sur un âne ». Non, ce n’est pas une plaisanterie, car la force de ce roi vient du fait qu’il est juste, c’est-à-dire pleinement ajusté à Dieu. Il va venir instaurer un avenir de paix pour tous. Et c’est ainsi que cet oracle, avec toute la bible, nous affirme que la haine, la violence, les persécutions n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera. Oui, dans notre monde de violence c’est l’amour seul qui peut triompher.

C’est aussi ce message que nous accueillons de la lettre de St Paul aux Romains. Il leur recommande de ne pas vivre sous l’emprise de la chair. Pour Paul, vivre sous l’emprise de la chair, c’est vivre loin de Dieu, c’est se contenter de miser sur nos seules forces humaines, ce qui peut nous conduire dans des impasses. Au contraire, vivre selon l’Esprit, c’est se laisser guider par Dieu, c’est être habité par lui. Et ainsi nous sommes appelés à être des temples de l’Esprit, des maisons de l’Esprit. Alors, posons-nous la question : est-ce que notre cœur est bien une maison de l’Esprit, est-ce que notre famille est bien une maison de l’Esprit, est-ce que notre communauté est bien une maison de l’Esprit ?

Dans le prolongement de ces deux lectures, nous avons l’Evangile. Il fait suite aux reproches très durs que Jésus avait adressés aux villes du bord du lac de Tibériade, qui avaient eu le privilège de ses miracles et de sa présence, mais qui ne s’étaient pas converties. Dans ce texte, le ton change. La parole de Jésus se transforme en prière de supplication : venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos… car mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger… » 

Tellement plus facile à dire qu’à vivre, surtout lorsque nous avons l’impression à certains moments que tout nous tombe dessus… Nous n’avons alors que notre foi, notre confiance en Dieu qui se révèle ainsi en Jésus et qui nous affirme : « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ».

Mais en quoi le joug de Dieu est-il léger ?

Je pense à vous les mamans, quand vous portez dans vos bras votre enfant qui commence à grandir et à peser son poids. Je me dis : ça doit être bien lourd ! Eh bien non, le fardeau parait léger parce qu’il est vécu dans l’amour. Quand l’amour est au cœur de nos efforts pour vivre, parfois pour survivre, le fardeau n’est plus fardeau, mais expérience de vie.

Quand nous acceptons de ne pas tout porter tout seul, quand nous nous portons les uns les autres, le fardeau n’est plus fardeau mais expérience de confiance. Quand nous acceptons de déposer au pied de Jésus les fardeaux qui nous semblent insurmontables, le fardeau n’est plus fardeau mais expérience d’offrande à Dieu qui le portera dorénavant avec nous.

Mais, pour comprendre ces choses, il faut se faire petit, nous dit Jésus. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Les sages et les savants, dans les paroles de Jésus, sont des orgueilleux remplis d’eux-mêmes et d’intelligence purement humaine, des orgueilleux qui ne comptent que sur eux-mêmes, qui sont sûrs que d’eux-mêmes… Les pharisiens du temps de Jésus, qui se croyaient sages et instruits, étaient de ces orgueilleux capables d’imposer à tous leur vision du monde et leurs idées. Leur attitude n’a jamais été source de réconciliation ni de paix, mais au contraire source de conflits et de mort.

Alors Jésus nous invite à être comme lui « doux et humbles de cœur ». Jésus Fils de Dieu, le roi conquérant dont nous parle le prophète Zacharie adopte la monture des pauvres, il est « humble et monté sur un âne » et non pas sur un cheval fougueux et conquérant. Il fait son entrée à Jérusalem pour inaugurer un règne bienveillant à l’égard des pauvres. Il fait son entrée avec puissance et gloire, non pas à la tête d’une armée pour écraser et dominer, mais pour guérir et soulager les humbles de l’univers.

Au fond, une question essentielle nous pose Jésus : est-ce que nous sommes savants et sages à la manière des pharisiens, ou bien est-ce que nous sommes savants et sages à la manière des tout-petits ? « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté ». Les tout-petits ne peuvent porter leurs fardeaux qu’avec les autres et avec Dieu… Les tout-petits mettent tout leur amour et toute leur confiance dans les autres et en Dieu… Les tout-petits sont mêmes capables de porter les fardeaux des autres.

C’est ce qu’avait compris la Vierge Marie, lorsqu’elle dit dans son magnificat : mon âme exalte le Seigneur… car il s’est penché sur son humble servante… Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

Alors, durant cet été, en vacances, en famille, dans nos lieux de loisirs, dans nos temps de silence et de retraite peut-être, je nous souhaite à tous de relire ces paroles fortes de Jésus… Venez à moi… Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger… Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.