Le sens de la liturgie

La liturgie nous est indispensable pour être d’authentiques témoins du Christ. Alors, prenons le temps de mieux comprendre ce qui est en jeu dans la liturgie, afin de toujours mieux y participer. On définit généralement la liturgie [1] comme le culte rendu par les hommes à Dieu selon les règles établies par les autorités compétentes. C’est la définition qu’en donne par exemple le Larousse. Cependant, pour les chrétiens, avant d’être une œuvre des hommes pour Dieu, la liturgie est d’abord l’œuvre de Dieu pour son peuple, l’opus Dei chère à saint Benoît. C’est l’Église qui célèbre la liturgie, mais c’est le Christ, chef de l’Église, qui en est l’acteur principal, le seul véritable médiateur entre Dieu et les hommes. Il vient se révéler à son peuple et le sanctifier par le don de l’Esprit Saint pour le rendre apte à célébrer avec lui le culte à la gloire de Dieu son Père et notre Père. La liturgie chrétienne, avant d’être une œuvre humaine, est une œuvre divine : le moment où Dieu actualise l’alliance avec son peuple. Elle est, selon la définition de Sacrosanctum Concilium, « l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ » (SC 7).

Ainsi, il y a deux dimensions dans la liturgie : une première descendante, c’est Dieu qui nous rassemble, se révèle et se donne à nous pour nous sanctifier ; et une autre, ascendante, c’est notre prière qui monte vers Dieu le Père dans notre union à l’offrande du Christ.

La liturgie est le lieu d’un passage (sens premier du mot Pâque). Comme le Christ est passé de la mort à la vie, de ce monde à son Père (cf. Jn 13,1), ainsi les chrétiens qui font mémoire du passage du Christ, ce qu’on appelle le « mystère pascal », sont eux-mêmes invités à passer avec lui de la mort à la vie, du péché à la sainteté, de la terre au ciel, de ce monde au Père. Comme le séjour au désert a été pour les Hébreux le lieu d’un passage de l’Égypte à la terre promise, le culte de la nouvelle alliance nous situe dans un entre-deux : nous sommes toujours sur la terre, marqués par nos faiblesses humaines et, en même temps, nous participons déjà à la sainteté de Dieu et à la vie du Royaume. En acceptant de mourir à ce qui nous éloigne de Dieu, nous permettons au Ressuscité de nous sanctifier, de nous rendre un peu plus semblables à lui, de nous préparer à la vie du ciel.

Fortifiés par notre union au Christ dans la liturgie, nous sommes invités à aller dans la paix du Christ, témoigner de la paix que Jésus communique à tous ceux qui s’efforcent d’être ses disciples, le laisser agir et parler à travers nous, afin qu’il rejoigne tous ceux qui le cherchent.

[1] Du grec leitourgia, littéralement action ou service public ; leit étant l’adjectif dérivé de laos (peuple) et ourgia, une déclinaison de ergon (action, service).