Le mystère pascal

Quand on évoque la fête de Pâques, on pense bien sûr à la résurrection du Christ, cet événement incroyable qui a bouleversé les premiers disciples et sur lequel s’enracine notre foi chrétienne. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15,17), disait Saint Paul. Toute notre foi repose sur cette certitude historique dont les Apôtres ont été les témoins : le Christ est ressuscité ! Sur lui, la mort n’a plus aucun pouvoir.

Cependant, ce n’est là qu’un aspect du mystère pascal. Le mot de « Pâques » désigne d’abord un passage : passage de l’Égypte à la terre promise pour la Pâque juive, passage « de ce monde à son Père » (Jn 13,1) pour la Pâque du Christ, dans lequel il entraîne ses disciples à sa suite. Si la fête de Pâques est centrale dans la vie liturgique de l’Église, c’est à cause de ce mouvement de passage qu’elle permet à chacun de nous de vivre en union au Christ. La Constitution sur la liturgie du concile Vatican II affirme ainsi que « pour les fidèles bien disposés, presque tous les événements de la vie sont sanctifiés par la grâce divine qui découle du mystère pascal de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ, d’où tous les sacrements et les sacramentaux tirent leur efficacité. » (SC 61) C’est pour cette raison que la fête de Pâques demeure depuis les origines le moment privilégié pour célébrer le baptême, le passage des hommes d’une vie sans Dieu à une vie nouvelle avec le Christ dans l’Église.

Le Catéchisme décrit ainsi la façon dont Jésus associe les membres de son corps à son passage : « Le jour de la Pentecôte, par l’effusion de l’Esprit Saint, l’Église est manifestée au monde (cf. SC 6 ; LG 2). Le don de l’Esprit inaugure un temps nouveau dans la ‘‘dispensation du Mystère’’ : le temps de l’Église, durant lequel le Christ manifeste, rend présent et communique son œuvre de salut par la Liturgie de son Église, ‘‘jusqu’à ce qu’il vienne’’ (1 Co 11,26). Durant ce temps de l’Église, le Christ vit et agit désormais dans son Église et avec elle d’une manière nouvelle, propre à ce temps nouveau. Il agit par les sacrements ; c’est cela que la Tradition commune de l’Orient et de l’Occident appelle ‘‘l’économie sacramentelle’’ ; celle-ci consiste en la communication (ou ‘‘dispensation’’) des fruits du mystère pascal du Christ dans la célébration de la liturgie ‘‘sacramentelle’’ de l’Église. » (CEC 1076)

La résurrection du Christ n’est donc pas seulement l’espérance de la vie éternelle à venir pour chacun de ceux qui ont mis leur foi en lui. Nous sommes invités à accueillir cette vie éternelle dès aujourd’hui, à entrer avec le Christ dans le passage, du péché à la sainteté, de la mort à la vie, de la terre au ciel, comme le dit magnifiquement la prière d’ouverture de la messe du jour de Pâques : « Aujourd’hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort, et nous fêtons sa résurrection. Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit. »