La fête de la Croix glorieuse

Le 14 septembre, l’Église célèbre une des 7 fêtes du Seigneur au cours de l’année : la fête de la Croix glorieuse, autrefois appelée l’exaltation de la sainte Croix.

Cette fête est née à Jérusalem. Au Ve siècle, on y célébrait, le 13 septembre, l’anniversaire de la dédicace des basiliques de l’Anastasis et du Martyrium. Ce jour avait été choisi parce qu’il était celui où, en 325, Sainte Hélène avait découvert la Croix. Le lectionnaire arménien des années 420 déclare que, le deuxième jour de l’octave, « on montre la véritable croix à toute l’assemblée » [1]. Cette fête se répandit rapidement dans tout l’Orient.

Tandis que Rome connaissait, dès le début du VIe siècle, une fête de la découverte de la sainte Croix, le 3 mai, ce n’est qu’au milieu du VIIe siècle qu’on commença de proposer le bois de la Croix à la vénération du peuple, le 14 septembre, dans la basilique vaticane. Le pape Sergius (687-701) transféra un autre fragment de la Croix du Vatican au Latran : « Dès lors, dit le Liber pontificalis, celui-ci fut baisé et adoré par tout le peuple chrétien le jour de l’Exaltation de la sainte Croix » [2] La vénération de la Croix est d’autant plus intense à cette époque qu’en 614 les Perses avaient saccagé Jérusalem, massacré ses habitants, détruit les diverses basiliques et emporté la Croix. Recouvré par Héraclius en 630, celle-ci fut mise à l’abri à Constantinople. À partir du VIIIe siècle, la fête du 14 septembre se diffusa en Occident, mais elle fut longtemps concurrencée en importance par celle du 3 mai. Cette dernière a été supprimée en 1960 comme doublet.

À Rome, la fête du 14 septembre était marquée par une procession, qui partait de Sainte-Marie-Majeure pour aller au Latran vénérer la Croix avant que ne commence la messe. La plupart des églises d’Occident connaissait un rite identique. Aujourd’hui, l’attachement à la vénération de la « vraie » Croix n’est plus marquée comme autrefois. S’il est toujours proposé la vénération d’une reproduction de la Croix le Vendredi Saint, c’est d’abord l’offrande du Christ sur la Croix qu’on vénère, plus que l’objet lui-même.

Nos formulaires liturgiques actuels célèbrent la Croix glorieuse, que la préface compare à l’arbre de vie du jardin d’Éden. L’évangile (Jn 3,13-17) comme la deuxième lecture (Ph 2,6-11) soulignent l’élévation du Christ en croix, puis dans la gloire, élévation annoncée en image par celle du serpent de bronze dans la première lecture (Nb 21,4-9) et reprise par l’antienne de communion : « Lorsque j’aurai été élevé de terre, dit le Seigneur, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12,32)

La croix est « le signe du distinctif du chrétien, dit le Pape François, le signe qui manifeste qui nous sommes : ce que nous disons, ce que nous pensons, regardons, faisons, est sous le signe de la croix, à savoir sous le signe de l’amour de Jésus jusqu’au bout. (…) On devient chrétien dans la mesure où la croix s’imprime en nous comme une marque « pascale », rendant visible, même extérieurement, la manière chrétienne d’aborder la vie. » [3] Lorsque nous contemplons la croix dans nos églises où nos maisons, nous rendons grâce pour l’amour infini de Dieu pour nous, nous lui disons notre désir d’être unis au Christ qui nous attire à lui, afin qu’avec lui nous soyons nous aussi élevés de terre et passions de ce monde au Père.

[1] A. RENOUX, Le Codex aménien de Jérusalem 121, Turnhout, Brepols, 1971, p.363.
[2] Liber Pontificalis, t.1, p.374.
[3] Pape FRANÇOIS, Catéchèse du 18 avril 2018.