Le baptême du Seigneur

La fête du baptême du Seigneur est étroitement liée à celle de l’Épiphanie. Dans les deux cas, c’est le mystère de manifestation de Dieu au monde qui est mis en lumière.  Car si ce mystère a été révélé dans l’intimité à Marie et Joseph, aux bergers et aux mages, il fallut encore attendre de nombreuses années avant qu’il ne soit pleinement manifesté aux hommes.

La liturgie voit avant tout dans l’Épiphanie la révélation du Christ aux païens, dont les mages sont les prémices, mais elle ne manque pas d’y évoquer également le baptême de Jésus et le premier signe qu’il accomplit, le miracle de Cana :

« Aujourd’hui l’Église est unie à son Époux : le Christ, au Jourdain, la purifie de ses fautes, les mages apportent leurs présents aux noces royales, l’eau est changée en vin, pour la joie des convives, alléluia. » [1]

« Nous célébrons trois mystères en ce jour : aujourd’hui l’étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, alléluia. » [2]

Au jour de son baptême, le Christ descend dans le fleuve de notre humanité et le Père et le Saint-Esprit se manifestent auprès du Fils. Désormais, tous les hommes pourront contempler en Jésus « Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux. » [3] Le temps de la vie cachée est terminé : Jésus va maintenant inaugurer son ministère public. Nous quittons le temps de Noël pour entrer dans le temps ordinaire.

Si Dieu se manifeste ainsi aux hommes, c’est afin de sceller avec eux une alliance nouvelle. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » [4], disait saint Irénée de Lyon. La liturgie exprime cette vérité lorsque le prêtre (ou le diacre) dit au moment de verser l’eau dans le calice : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité. » Le miracle de Cana annonçait ce que Jésus allait accomplir lorsque son heure serait venue : nous rendre participants de sa nature divine en étant plongés nous aussi dans les eaux du baptême. Notre eau se change en vin lorsque nous passons nous aussi de la mort à la vie, du péché à la sainteté. La prière d’ouverture de la messe pour la fête du baptême du Seigneur dit ainsi magnifiquement :

« Dieu éternel, c’est dans la réalité de notre chair que ton Fils unique est apparu ; puisque nous reconnaissons que son humanité fut semblable à la nôtre, donne-nous d’être transformés par lui au plus intime de notre cœur. »

Que cette fête nous donne à tous d’être renouvelés dans la grâce de notre baptême !

[1] Antienne du Benedictus, laudes de l’Épiphanie.
[2] Antienne du Magnificat, vêpres de l’Épiphanie.
[3] Préface de la Nativité I.
[4] Adversus Haereses, III, 19, 1.