La fraternité des pères en marche vers le Mont Saint-Michel

Cette année, une cinquantaine de marcheurs ont participé, avec le chapitre de Bruz, au pèlerinage des époux et pères de familles au Mont Saint-Michel, du 23 au 25 juin 2023. Reportage… en marchant !

Le chapitre de Bruz, prêt à monter à l’Abbaye du Mont !

Propos recueillis par Yann Béguin

Je les rejoints alors qu’ils entament la dernière ligne droite vers le Mont Saint-Michel. Le soleil est de plomb, les visages fatigués. Ils sont une cinquantaine, partis hier, vendredi matin, de Dol-de-Bretagne, après la messe à 8h. 20 km hier, autant aujourd’hui… et enfin le Mont. Demain le pèlerinage se terminera au Prieuré d’Ardevon, à quelques kilomètres de là. Le plus jeune à la trentaine, le plus âgé 77 ans !

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De Cotignac au Mont Saint-Michel, la même démarche

Ils s’arrêtent boire et se reposer quelques minutes à l’ombre. « Nous avons le même thème, « Fortifie-toi et prends courage » tiré du livre de Josué, que les pèlerinages à Cotignac, mais aussi à Ste Anne d’Auray, Montligeon, Vézelay, qui tous font leur marche le 1er juillet » m’explique Grégoire Cabuil, le responsable du chapitre.  Ce pèlerinage a en effet été créé par des Versaillais, après avoir vécu le pèlerinage des pères au sanctuaire de Cotignac. Ils ont imaginé transposer la même démarche au Mont St Michel.

« Un pélé des mères de famille suit aussi le même thème, elles ont marché vers le Mont la semaine dernière. » Venir ici est un engagement : « Il faut déjà prendre une journée de congé, le vendredi : ce n’est déjà pas simple pour certains qui ont des vies professionnelles chargées. Et le soir… on est fatigué ! »

Une parenthèse pour se confier

On reprend la marche, on longe le canal, le Mont grossit désormais à vue d’œil. « C’est une première pour moi » confie Marc, paroissien de Bruz, comme la moitié du groupe. « Je participe régulièrement à des activités spirituelles l’été mais là j’ai été marqué par la veillée, hier soir. Chacun s’est présenté librement en disant le pourquoi de sa venue. Cette sincérité était très touchante, avec des choses profondes et des fois pas très faciles. En tant que pères, nous avons parfois moins l’habitude de partager des choses intimes. On est souvent plutôt dans le « faire » ! »

Un peu plus loin, je parle avec Cyrille, un habitué de ce pélé : « Le thème nous dis en fait que nos faiblesses sont nos forces. Ce n’est pas montrer l’homme fort qui est en nous ! Ne pas avoir honte de montrer nos faiblesses, ça nous renforce. C’est grâce à Dieu qu’on devient fort. Sur ce thème, nous avons eu trois témoignages très différents de trois pères participants. C’était un moment de mise à nu pas facile… car j’en faisais un ! J’ai longtemps réfléchi pour savoir ce que je voulais dire et si j’allais toucher les autres. Après, certains sont venus me dire que mon expérience les rejoignait, que je n’étais pas le seul avec eu ces difficultés. C’est bénéfique de prendre « des claques spirituelles », comme je dis souvent ! »

Après 2 jours de marche, la montée au Mont prend un sens symbolique fort

Entre temps spirituels et fraternels

Grégoire complète : « L’idée est de créer un lien de fraternité dans la paternité. Ce rendez-vous annuel permet aux hommes de se lâcher, de bénéficier d’une vraie écoute. C’est aussi un pèlerinage : on célèbre la messe une fois par jour, mais chacun est libre de participer. On prie et on chante en marchant. C’est un bon mélange entre ces temps spirituels et des temps fraternels. Quand on marche, on porte aussi en pensée et en prière nos enfants, nos épouses, notre travail… »

Messe dans l’Abbaye du Mont Saint-Michel, présidée par Mgr Pierre d’Ornellas

Le groupe arrive enfin au pieds du Mont, rejoint pour ce 14e pèlerinage, par les 420 pèlerins de la quinzaine de chapitres venus de toute la France. Mgr Pierre d’Ornellas les accueillent puis tous montent vers l’abbaye, sommet au sens propre et figuré de leur marche ! Les pèlerins célèbrent les vêpres avec les Fraternités de Jérusalem, qui résident ici, puis l’Archevêque de Rennes préside l‘Eucharistie. Au moment du geste de paix, les accolades sont appuyées, la marche a soudé des liens ! Moment intense, aussi, quand le chapitre des ukrainiens de Paris, avec une soixantaine d’hommes, entonne un chant de leur pays en fin de célébration. Commence alors la veillée d’adoration et de confession, dans l’immense abbaye éclairée du soleil couchant, avant de rejoindre, toujours à pieds, le lieu de campement à Ardevon.