Les « Justes », modèles du combat contre l’antisémitisme

Mme Hutin a accueilli les invités au vernissage
Mme Hutin a accueilli les invités au vernissage

Le vernissage de l’exposition « Du cri du cœur à la voix des Justes » s’est déroulé le mercredi 20 septembre 2023 à la Basilique Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Rennes. L’occasion, pour les différents intervenants, d’insister sur la nécessité de continuer à combattre l’antisémitisme aujourd’hui en prenant pour modèle ces Justes parmi les Nations français, et brétilliens, dont cette exposition honore la mémoire.

Un Parcours mémoriel

Les invités ont découvert les 28 panneaux de l’exposition installés dans le déambulatoire de la Basilique. Une partie est consacrée au contexte qui a impulsé la création de cette exposition par la Conférence des évêques de France et Le Comité Français pour Yad Vashem, à savoir l’anniversaire la lettre de Mgr Saliège d’août 1942.

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du Conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme à la Conférences des évêques de France, est revenu, au cours de son intervention, sur l’histoire de cette lettre et notamment sur le rôle joué par le père Henri de Lubac : « Henri de Lubac a été très déçu de voir le silence de l’ensemble des cardinaux et archevêques de France en juin 1941 alors qu’ils avaient reçu un document de la faculté de théologie de Lyon les alertant sur le drame qui se passait (décret contre les juifs d’octobre 1940 et juin 1941) » « Il rejoint la ville de Toulouse et en écoutant attentivement la pensée de Mgr Saliège a réussi à la mettre par écrit et c’est comme cela qu’il y a eu cette déclaration lue dans toutes les églises du diocèse de Toulouse. »
C’est la raison pour laquelle en 1997, les évêques de France ont signé une déclaration de repentance.

Les Justes d’Ille-et-Vilaine

Différentes figures de « Justes » sont ensuite présentées : membres de clergé, religieuses mais aussi laïcs et notamment les 5 Justes d’Ille-et-Vilaine : Angèle Breton, Marie-Louise Charpentier, et les membres de la famille Jarnier (Léonie Luiggi, Marie-Ange Fontaine et Félix Jarnier) dont Joël Thierry, président du Groupe Jules Isaac, membre de l’AJCF, a détaillé les faits héroïques.
Un panneau est dédié à l’histoire encore méconnue des 22 enfants juifs cachés à Saint-Christophe-des-Bois et ses alentours.

Mgr Pierre d'Ornellas
Mgr Pierre d'Ornellas
Joël Thierry -Groupe Jules Isaac
Joël Thierry , Président du Groupe Jules Isaac
Michelle Emmanuelli, représentante de l'association culturelle et culturelle israélite de Rennes

Jules Isaac caché et sauvé

Dans la continuité, trois panneaux sont consacrés à Jules Isaac, natif de Rennes, l’auteur du célèbre livre Jésus et Israël et artisan de l’amitié judéo-chrétienne. « Faire mémoire de Jules Isaac dans cette exposition, décédé en 1963 à Aix-en-Provence, c’est faire justice à cet homme qui a vécu une grande amitié avec un catholique Charles Péguy. Mgr d’Ornellas de préciser : « Jules Isaac va recevoir de Charles Péguy cette consigne, par sa manière de vivre, c’est la probité. Jules Isaac fera une promesse, avant la Première Guerre mondiale, à Charles Péguy de vivre toujours dans la probité. Et c’est avec cette probité que Jules Isaac va étudier les textes chrétiens, c’est-à-dire les Évangiles, pour montrer qu’en lisant les Évangiles il n’y a aucune raison d’être antisémite et pire encore de pratiquer l’antijudaïsme. C’est en cela que son livres Jésus et Israël est un livre majeur. »

Le mémorial Yad Vashem

Une autre partie de l’exposition donne à mieux connaître Yad Vashem et ses missions. L’une d’elles est de rendre hommage à des personnes non-juives qui, au péril de leur vie, ont aidé des Juifs persécutés, menacés de déportation ou de mort par l’occupant nazi. Et aussi l’explication du titre « Justes parmi les nations ».

À ce sujet, l’Archevêque a annoncé hier soir que « le nouveau président du Comité français de Yad Vashem voudrait plaider auprès de l’État israélien pour que cette décoration puisse être remise selon des critères nouveaux à des groupes qui ont agi collectivement dans une commune à l’exemple Saint Christophe-des-Bois » ou comme la ville de Moissac. Mme Michelle Emmanuelli, représentante de l’Association culturelle et culturelle israélite de Rennes, a d’ailleurs décrit, dans son intervention, l’histoire extraordinaire d’une maison à Moissac ouverte par des éclaireurs israélites pour accueillir des enfants juifs extraits des camps de la mort de 1939 à 43 avec la complicité de toute la ville. D’autant plus après la fin de la zone libre, quand les jeunes seront dispatchés chez les habitants.

Se comporter comme des Justes parmi les Nations

Si l’exposition honore la mémoire de ces « Justes », elle vise surtout à nous interroger sur notre attitude face aux propos ou attitudes antijuives que nous pouvons rencontrer actuellement.

Sous le nazisme, comme le fait remarquer Joël Thierry, « ce sont des infirmières, assistantes sociales, couturière, agricultrice, agriculteurs, qui ont agi pour protéger les plus faibles. Ils portent un message universel celui de l’altérité, celui de la reconnaissance de l’autre. »

Mgr d’Ornellas propose d’être des « Justes » : « Ne pas répondre à la violence verbale par la violence verbale. Ne pas répondre aux mensonges par autre chose qui serait irrationnel. Mais nous pouvons répondre en étant des « Justes″, faire notre devoir selon notre conscience. »

Mgr d'Ornellas présente une bande dessinée évoquant les Justes parmi les nations
Mgr d'Ornellas présente une bande dessinée évoquant les Justes parmi les nations. Il souhaite la diffuser dans tous les établissements scolaires.

Voir l’exposition

LIEU : basilique Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, place Sainte-Anne à Rennes

ACCÈS : entrée libre

HORAIRES :

  • En semaine : 10h – 18h
  • Du vendredi au dimanche : 9h15 – 19h30 / 20h suivant affluence.