Messe à la Grotte de Massabielle : homélie de Mgr Jean Bondu

Homélie de Mgr Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes, pour la Messe du Jeudi 30 mai 2024 à la Grotte de Massabielle à Lourdes

Pierre 2, 2-12 ; Psaume 99, 1-5 ; Marc 10, 46-52

Nous sommes passés des ténèbres à la lumière, pas seulement Bartimée,  l’invitation, l’appel, nous sont adressés à nous aussi : passer des ténèbres à la lumière. Bien sûr, ce matin, Bartimée est l’une des figures qui peut nous aider à vivre ce passage. Il est assis au bord du chemin. La foule passe presque sans le voir. Il est en dehors de la vie sociale, en dehors de la société, presque exclu. Il est aveugle, aveugle physiquement, et son handicap nous révèle peut-être le nôtre. Est-ce que nous arrivons à voir aujourd’hui la présence du Seigneur dans notre vie ? Est-ce que nous arrivons à nous émerveiller des actes qu’Il pose, au cœur de notre vie, par notre voisin, par notre frère, par quelqu’un de nos amis ? Voyons-nous ? Bartimée, celui qui va nous guider ce matin, voilà qu’il crie vers le Seigneur : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ». « Fils de David » dans la Bible, c’est un titre messianique. C’est l’annonce que l’Envoyé de Dieu, Celui que Dieu a envoyé pour porter sa Parole, pour révéler son amour, pour offrir le Salut, l’envoyé de Dieu est là, au milieu de nous.

Vous le voyez, Bartimée n’est pas aveugle en tout point. Ce n’est que Jésus qui passe, mais lui, il a vu que Jésus est le Messie : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ».  Combien de cris semblables sont portés ici devant cette grotte de Massabielle vers Notre-Dame ? Combien de pauvres, dont nous sommes, crient vers le ciel pour guérir, guérir du corps, guérir du cœur, guérir de la tête ? Nous sommes tous, les uns les autres, handicapés quelque part. Et là encore, nos frères malades, nos frères handicapés, nous empêchent d’être dans l’illusion d’être bien portants. Il y a des handicaps du cœur, beaucoup plus handicapant qu’un handicap physique. Nous qui servons les malades, vous le savez bien, les Hospitaliers, vous recevez énormément de ceux que vous servez, parce que justement ils vont à l’essentiel. Alors, ce matin, nous entendons Jésus qui dit à Bartimée, « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Mais Seigneur, c’est tellement évident ce que veut Bartimée. Pourquoi le lui demandes-tu ? Parce qu’il s’agit de formuler devant le Seigneur notre désir le plus profond : « Seigneur, que je voie ». Et Bartimée va voir parce que sa foi est grande. Jésus le dit : « Ta foi t’a sauvé. » Il voit, non pas pour retourner à une vie ordinaire, au milieu de la foule, mais pour suivre Jésus. Chers amis, les signes qui sont posés au milieu de nous, ici, à Lourdes, rarement mais quelquefois, le sont pour notre conversion, ils le sont pour notre suite du Christ.

Quand j’entendais à l’instant le refrain du psaume : « Allez vers le Seigneur parmi les chants d’allégresse », je me demandais si nous étions déjà à l’allégresse. Il faut que nous passions de notre cas particulier, de notre situation d’hommes ou de femmes, bien-portants ou malades, vers cette marche avec le peuple de Dieu, pour chanter l’allégresse du salut que Dieu nous offre, pour être signe de l’amour de Dieu, au milieu de nos frères et sœurs.

Bartimée nous guide, la Parole de Dieu nous guide. Nous sommes un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut. Sacerdoce, vous pourriez croire qu’il n’y a que nous, les prêtres et évêques à vivre de ce sacerdoce. Mais non. Vous aussi. Vous d’abord. Vous êtes chargés d’offrir par votre vie une offrande spirituelle. À chaque instant de votre vie, vous êtes chargés de vous offrir au Seigneur par l’amour que vous donnez, par l’attention aux autres. Voilà le sacrifice le plus beau, entraîné par le sacrifice du Christ. Nous allons célébrer son offrande au Père. Par sa mort, par sa vie donnée entièrement à l’humanité, Il nous entraîne dans son don, pour la gloire de Dieu.

Alors ce matin qu’avec la prière de Bartimée, nous puissions entrer dans cette démarche de foi, demander au Seigneur ce qui compte le plus pour nous. Qu’Il ouvre les yeux de notre cœur, qu’Il ouvre nos oreilles à sa parole, qu’Il fasse grandir en nous la foi. Alors nous verrons et nous chanterons la gloire de Dieu. Amen