Prière et fraternité : le diocèse en pèlerinage à Lourdes

Pèlerinage à Lourdes : célébration d'ouverture à l'église Sainte-Bernadette
Pèlerinage à Lourdes : célébration d’ouverture à l’église Sainte-Bernadette

Du 26 mai au 1er juin 2024, un millier de pèlerins du diocèse de Rennes sont venus à Lourdes, en « procession », comme le thème d’année les y invitaient. Ils ont suivi un chemin de prière, avec Marie, en vivant la fraternité avec les personnes malades et handicapées.

22 cars venus d’Ille-et-Vilaine… c’est une belle procession ! Mgr Jean Bondu a présidé ce pèlerinage diocésain vers la cité mariale. Dès le lendemain de la première apparition de la Vierge à Bernadette, le 11 février 1858, les habitants de Lourdes, puis des croyants de plus en plus lointains, sont venus à la Grotte. Très vite, c’est bien « en procession » que tous sont venus prier sur le lieu des Apparitions. 

Le pèlerinage diocésain a permis d’approfondir ce thème : « Que l’on vienne (ici) en procession », dernière partie de l’une des paroles de la Vierge Marie transmise à l’Église par sainte Bernadette. Aujourd’hui encore nous répondons à cette révélation reçue par la petite bergère, 15 jours après la première apparition, dans une démarche personnelle et communautaire. « Je vous invite, cette semaine, à vous arrêter pour écouter la Parole de Dieu, pour mieux la comprendre et pour en vivre vraiment » a lancé Mgr Jean Bondu lors de la célébration d’ouverture.

Pèlerinage à Lourdes : prière devant la grotte des Apparitions
Pèlerinage à Lourdes : prière devant la grotte des Apparitions

« En procession » : un cheminement spirituel

Lors de ce pèlerinage, les pèlerins ont vécu un parcours spirituel : de la confiance, pour prendre un nouveau départ, à l’espérance, pour rentrer chez soi « porteur de la Bonne Nouvelle de l’Évangile », en passant par des chemins de révélation et de conversion… tout cela sur les pas de sainte Bernadette. « Venez vous réfugier sur le cœur de Dieu, il vous donnera la force de faire un pas de plus ! » a ajouté Mgr Bondu lors de la Messe d’ouverture. 

Pèlerinage à Lourdes : Gilles, au centre, et ses deux frères
Pèlerinage à Lourdes : Gilles, au centre, avec ses deux frères, Jean-Pierre et Christian

C’est le cas de Maryline, qui accompagnait son mari, victime d’une rupture d’anévrisme. « Quand il est sorti du coma, c’était au moment de l’incendie de Notre-Dame de Paris, il m’a dit : « je remarcherais quand on posera la dernière poutre à la cathédrale. » Et, effectivement, il remarche maintenant, même si c’est avec des béquilles. »

Gilles, s’est inscrit pour la première fois, avec ses 2 frères atteints de trisomie 15. « J’appréhendais de vivre cette semaine, comme aidant familial, mais cela se passe bien. Je pense que sainte Bernadette les accueille tels qu’ils sont. Ils ont du mal à communiquer et ça me fait redécouvrir le sens des signes, comme l’eau, qui font qu’il n’y a pas forcément besoin de la parole. »

Une ambiance de fraternité et de service  

Près de 700 hospitaliers se sont mis au service des 180 personnes malades, handicapées, âgées. L’organisation était très bien rodée et les bénévoles attentifs aux besoins de chacun afin de permettre à tous de vivre au mieux le pèlerinage. Tous les matins, une noria de fauteuils roulants et de voiturettes bleues quittait, en procession, la maison médicalisée Marie Saint-Frai pour rejoindre le sanctuaire. Chantale faisait partie des 110 nouveaux hospitaliers de l’année : « Je n’étais jamais venue à Lourdes. C’est Yveline, une amie d’enfance, qui m’a invité à l’accompagner. Il y a une ambiance particulière entre les gens et cela nous porte. Tout le monde est très souriant. » 

Pèlerinage à Lourdes : Aimée et Pierre, d'abord hospitaliers... puis accompa
Pèlerinage à Lourdes : Aimée et Pierre, d’abord hospitaliers… puis accompagnés

A ses côtés, Pierre et Aimée, en fauteuils roulants : « On a été tous les deux hospitaliers pendant 15 ans, depuis 2 ans on est là en tant que malades ! » raconte Aimée. Son mari ajoute « Lourdes, c’est une ambiance de fraternité, d’amitié. Tant que la santé nous le permet on y vient et on compte sur les bénévoles qui nous promènent. Ils font pour nous ce que nous avons fait pour les autres, pendant tant d’années. » 

Geneviève confirmait : « C’est extraordinaire les rencontres ici ! » Hospitalière avec son mari depuis une dizaine d’année, elle confiait : « Il y a les souffrances qui se voient et celles qui ne se voient pas. On se connaît entre hospitaliers, chacun porte aussi ses petites ou grosses croix. Dans un lieu comme ici, on peut se le dire plus facilement car on s’épaule. Dans l’année on se retrouve de temps en temps et se soutient. » 

Pèlerinage à Lourdes : Geneviève à l maison médicalisée de Saint-Frai
Pèlerinage à Lourdes : Geneviève à la maison médicalisée de Saint-Frai, avec son mari

Les gestes de Bernadette

Chaque jour, à la suite de Bernadette, des gestes et des temps forts ont été proposés : toucher le rocher de la grotte des Apparitions et y réciter silencieusement le chapelet, boire à la source et se laver le visage, allumer un cierge pour joindre à sa prière celles de ses proches ou de sa paroisse, marcher en procession avec les autres pèlerins, derrière la Saint Sacrement ou à la lueur des bougies devant la basilique de Lourdes… « La prière c’est très personnel, intime même. » partageait Mgr Bondu dans son enseignement du mardi. « Nous avons de multiples moyens pour la nourrir, dont la procession, pour que cette prière s’élargisse dans la prière de l’Église, la prière communautaire. » 

Pèlerinage Lourdes : Mgr Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes, célèbre la messe à la Grotte de Lourdes
Pèlerinage Lourdes : Mgr Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes, célèbre la messe à la Grotte de Lourdes

« Quand on a quelque chose à demander, c’est toujours vers Marie que je me tourne ! Mes parents étaient comme ça. » s’est exclamée Véronique, une habituée du sanctuaire depuis sa jeunesse. « Ça nous ressource, on repart pour un an ! » A côté d’elle, Pierrette revenait après le décès de son mari. « Je refais toute la semaine en pensant qu’il est avec moi, il y a beaucoup de choses qui me le rappelle. Ce que je préfère c’est aller prier seule à la chapelle Saint-Joseph à l’entrée du sanctuaire. » Pour Geneviève « Quand on ne peut plus prier, qu’on n’a plus la force, on peut dire des « Je vous salue Marie », c’est la prière du pauvre. » Et Chantale confiait : « Marie me touche beaucoup, je me sens plus proche d’elle car c’est une femme. » 

Pèlerinage à Lourdes : Claude met sa compétence de médecin au service des personnes handicapées
Pèlerinage à Lourdes : Claude met sa compétence de médecin au service des personnes handicapées

Pour certains, Lourdes est une révélation : « Je m’étais promis de ne jamais venir dans des grands rassemblements comme cela mais j’ai très vite été contaminé ! » avoue Claude, médecin, qui s’engage chaque année bénévolement pour le pèlerinage diocésain. « J’ai redécouvert la spiritualité de Marie en venant à Lourdes et maintenant je dis l’Angelus tous les matins. » Il constate que certains hospitaliers sont aussi en apparence assez loin de l’Église : « mais ils ont « la foi du charbonnier », ils font un boulot d’humilité et de service, comme Jésus nous a dit « Ce que vous ferez au plus petit d’entre le miens… » Ils sont exactement dans la ligne de ce que propose le pape François pour les périphéries de l’Église. Le handicap en est une. »

C’était le cas de Pierrette, aide-soignante à la retraite : « Moi je viens pour aider les malades, je ne suis pas dans une démarche spirituelle mais Marie me touche. J’aime aider les gens, alors ça m’apporte beaucoup, ça me donne de l’énergie de penser aux autres. » 

Pèlerinage à Lourdes : procession devant la basilique de l'Immaculée Conception
Pèlerinage à Lourdes : procession devant la basilique de l’Immaculée Conception

« Que la petite Bernadette nous rende audacieux »

Finalement, comment raconter cette semaine de pèlerinage ? Tous ces gestes de tendresse et de fraternité, les efforts des plus souffrants pour être présents, ces prières silencieuses en cœur à cœur avec Marie et les Ave Maria clamés par une assemblée internationale, ces jeunes qui poussent les fauteuils de ceux qui pourraient être leurs arrière-grands-parents, ces pèlerins portant dans la prière leurs vies, leurs proches…  ?  

Pèlerinage à Lourdes : la grande procession aux cierges
Pèlerinage à Lourdes : la grande procession aux cierges

Mgr Bondu nous rappelle que, « comme Bernadette, là où nous sommes, nous pouvons témoigner de la victoire sur le mal. Osons dire l’amour de Dieu à ceux qui nous entourent ! Que la petite Bernadette nous rende audacieux, pour que nous puissions transmettre le message de vie et d’amour de notre Dieu ! »