Libération des otages à Haïti

Père Francklin Gracia, spsj, auxiliaire pastoral Paroisse St-Melaine aux Carrefours pacéens
Père Francklin Gracia, spsj, auxiliaire pastoral Paroisse St-Melaine aux Carrefours pacéens

Le 11 avril 2021, 10 personnes, dont 5 prêtres, 2 religieuses et 3 laïcs, ont été enlevées en périphérie de Port-au-Prince par un gang local. Parmi les 5 prêtres, 4 sont de la Société des prêtres Saint-Jacques dont Michel Briand, originaire du diocèse de Rennes. Heureusement, ils ont été libérés le 30 avril. Le père Francklin Gracia, Haïtien et membre des Prêtres de Saint-Jacques, témoigne de la situation chaotique que connaît son pays.

P. Francklin Gracia, spsj, auxiliaire pastoral Paroisse St-Melaine aux Carrefours pacéens

Michel Briand m’a accueilli chez les Prêtres de Saint-Jacques

C’est Michel Briand qui m’a accueilli pour la première fois quand j’ai frappé à la porte des Prêtres de Saint-Jacques pour commencer mon cheminement vers la prêtrise. C’est encore avec lui que j’ai fait un stage pastoral avant d’arriver en France. C’était pour moi un choc terrible. Sur les 10 personnes, j’en connais 6, dont un très proche ami prêtre.

Père Michel Briand
Père Michel Briand

L’Église n’était pas forcément ciblée par cette attaque

Ces frères et sœurs étaient, sans doute, au mauvais endroit et au mauvais moment. En effet, depuis un peu plus de 2 ans, l’insécurité n’a cessé d’augmenter dans la capitale haïtienne avec des cas d’enlèvements. Ce dernier cas fait beaucoup plus de bruit parce qu’il y a des religieux, dont deux étrangers, mais aussi parce qu’il y a dix personnes en même temps. Cela a soulevé l’indignation de toute la population. Il faut souligner que la situation politique conditionne la vie sociale des gens. L’État est faible et la population est souvent livrée à elle-même. Face à cela, l’Église se sent concernée.

L’Église catholique supplée souvent à l’inefficacité de l’État

Cette aide est particulièrement effective dans les coins les plus reculés du pays. Elle s’investit dans le domaine de la santé et de l’éducation. Dans la majorité des paroisses, il y a une école et/ou un collège presbytéral (e). En Haïti, comme l’a rappelé l’Archevêque de Port-au-Prince : « Les prêtres, les pasteurs, les religieux, les religieuses se dépensent corps et âme, pour le développement intégral de leurs frères et sœurs. » Dans certains endroits du pays, l’État est totalement absent. C’est l’Église qui devient un agent de développement en essayant, avec ses moyens, d’accompagner la population.

Protestation de l’Église haïtienne

Le 15 avril dernier, La Conférence épiscopale haïtienne a demandé en signe de protestation de fermer les écoles, les universités catholiques. La société civile s’est associée à cet appel. Dans toutes les églises du pays, les cloches ont résonné à midi et des messes ont été célébrées.

Le diocèse de Rennes s’était associé par la prière

Dans le diocèse de Rennes, nous sommes 4 prêtres haïtiens dont 2 de la Société des prêtres de Saint-Jacques. Nous aussi, nous étions en communion avec notre Église d’origine et nous avons aussi répondu à l’appel de la CEH. C’est ainsi que nous avons célébré une messe à l’église de Bruz.

Depuis cette mauvaise nouvelle, nous, les prêtres haïtiens, nous ne cessons de recevoir des appels, des messages de soutien. Dès le mardi qui a suivi, un groupe de chrétiens de Mordelles a décidé d’organiser un temps de prière auquel nous avons participé.

Une neuvaine a également été proposée du 22 au 30 avril 2021, le vendredi 30 qui restera la date de la libération des derniers otages !

Au nom de mes confrères, je remercie chacun pour sa prière pour nos frères et sœurs qui sont à présent revenus parmi nous !