Homélie 3è dimanche de Carême b 2018

Homélie 3è dimanche de Carême b 2018

On dit souvent que la colère est mauvaise conseillère. Mais que s’est-il donc passé dans ce temple de Jérusalem pour que Jésus lui-même semble être lui aussi dépassé par la colère ?
On peut remarquer que, dans ce texte, la colère de Jésus n’est pas une colère qui cherche à détruire, mais c’est plutôt un cri de douleur, cette douleur qu’on éprouve quand ce qu’on aime est bafoué, quand ce pour quoi on a sacrifié sa vie n’est pas respecté, quand les choses les plus importantes sont négligées… C’est de cette colère-là qu’il s’agit. Par exemple celle d’un parent qui voit son enfant fuir l’école, celle d’un patron qui voit son ouvrier bâcler le travail… Voilà autant de colères justes qui très souvent nous emportent nous aussi.
Cette colère de Jésus nous pose 3 questions :

  • La première : la maison de Dieu est-elle encore maison de prière ? (hier c’était le temple, aujourd’hui ce sont nos églises, nos lieux de prière…)
  • La deuxième question : notre prière est-elle encore vraiment une prière ?
  • La troisième question : notre partage est-il encore vraiment un partage ?

Oui, 3 choses, qui, en ce 3è dimanche de carême causent douleur et souffrance à Jésus.
Que leur reproche-t-il à ces vendeurs et à ces acheteurs à l’entrée du temple ? Leur activité était pourtant importante et reconnue. On avait bien besoin d’acheter ce qu’il fallait pour offrir en sacrifice à Dieu. Jésus oublie-t-il que ses parents, quelques années plus tôt, avaient eux-mêmes acheté 2 petites colombes pour les offrir pour sa présentation au temple ?
Le problème pour Jésus est que tout cela avait été détourné de son vrai sens. Ce lieu, cette activité étaient devenus le lieu de la consécration des inégalités et des injustices sociales, et du mépris de Dieu. Le pauvre qui ne pouvait s’acheter que 2 petites colombes était écrasé par le riche qui, lui, pouvait s’acheter une brebis ou même un bœuf. Dieu écouterait donc en fonction de ce qu’il recevait. Il serait forcément plus généreux avec celui qui offrait un bœuf. Aux grands hommes la grande récompense, aux petites gens la maigre récompense !…

Tout ça n’est pas loin de nous aujourd’hui ! Quand nous venons à la messe, quand nous prions, est-ce Dieu qu’on vient rencontrer ou bien le produit qu’on veut obtenir de lui ? Je connais quelqu’un qui est allé à Lourdes pour obtenir la guérison de son fils malade. Il est revenu sans la guérison de son fils, mais fou de colère contre Dieu, avec l’envie de tout balancer !…

C’est donc à ce marché-là, celui que nous organisons au fond de notre cœur, nous étant les acheteurs, et Dieu étant le vendeur, c’est à ce marché-là que ce texte de l’évangile nous invite à faire attention. Sinon, nous aussi, nous faisons de la maison de Dieu une maison de trafic. La maison de Dieu est le lieu où nous venons rencontrer Dieu gratuitement, c’est tout. Ce n’est pas d’abord le lieu où nous venons chercher ou demander ceci ou cela en lui vendant un peu de notre temps, un peu de nos efforts. Dieu, qui connaît le fond de notre cœur, sait tous nos calculs, tous les intérêts que nous cachons derrière nos airs sérieux et nos dévotions apparemment désintéressées.

Nous faisons souvent des promesses à Dieu. Nous prenons des bonnes résolutions que bien souvent nous ne tenons pas. Dieu n’a pas besoin qu’on lui fasse une promesse pour nous aimer, pour être à nos côtés. Il n’a pas besoin de nos résolutions pour nous aimer gratuitement.
Le Carême, la conversion du carême nous invite à sortir du marchandage avec Dieu. Quand allons-nous commencer à prier pour rien, à prier gratuitement ? Dans cet évangile, Jésus nous dénonce comme acheteurs et il nous dit qu’il n’est vendeur de rien. La maison de Dieu est une maison de prière, pas un marché… De même nos dons, nos partages, ne doivent pas être des investissements déguisés en générosité et en charité.

En purifiant le temple, c’est notre relation avec Dieu, notre prière, que Jésus entend purifier. C’est aussi nos relations avec nos frères, notre partage avec eux, que Jésus entend purifier. Et dans la première lecture, les commandements que Dieu donnent, veulent justement nous amener à purifier notre relation avec Dieu et avec l’homme.
En jetant à terre l’argent des changeurs dans le temple, Jésus veut renverser les relations qui s’achètent et qui se vendent. Il veut simplement nous dire que dans toute relation, avec Dieu et avec toute personne humaine, l’argent ne doit pas trôner sur la table, mais l’homme, le frère. Or, pour nous, ce qui est à terre c’est bien souvent l’homme, et ce qui est sur la table, c’est-à-dire, ce qui est premier, c’est l’argent. Et c’est d’ailleurs ce qu’on va lui montrer quelques jours plus tard, lorsque Judas va jeter à terre sa relation d’amitié avec Jésus, et mettre l’argent sur la table, tout ça pour 30 pièces d’argent. Cet argent qu’il avait vu Jésus mettre au second plan, Judas le remet au premier plan.

L’évangile nous dit que Jésus prit un « fouet à cordes » pour chasser les vendeurs du Temple. Lui-même sera fouetté pendant sa passion, parce que les hommes n’auront rien voulu comprendre de son message. On peut demander à Jésus que, chaque dimanche, la parole de Dieu soit un « fouet à cordes »… qu’en ce 3è dimanche de carême, il vienne nous fouetter un peu, doucement, tendrement, pour nous aider à accueillir un peu quelque chose de sa parole, pour chasser de nos coeurs tous nos marchandages, tout ce qui nous encombre, tout ce qui nous empêche d’aimer vraiment…

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

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