Homélie de la veillée de Noël 2018

Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Par cette expression toute simple, St Luc nous conduit au cœur du mystère de Noël : en cette nuit de Noël, Marie mit au monde son fils, Marie nous donna la lumière du monde. C’est un récit tout simple qui va changer l’histoire du monde. Tout, dans cette nuit, va devenir source d’espérance. Mais pour Marie et Joseph, cette nuit est pleine d’incertitude et de dangers propres à ceux qui ont quitté leur maison pour le recensement. Ils vont affronter la chose peut-être la plus difficile : faire l’expérience que cette terre de Bethléem ne les attendait pas, une terre où il n’y avait pas de place pour eux.

Et justement, c’est là, dans cette situation humaine dramatique, que Marie nous a offert l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Le Fils de Dieu a dû naître dans une étable parce que les siens n’avaient pas de place pour lui. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Dans l’obscurité de cette ville de Bethléem, qui n’a ni espace ni place pour l’étranger qui vient de loin, c’est précisément là que s’allume l’étincelle révolutionnaire de la tendresse de Dieu.

A Bethléem s’est ouverte une espérance pour ceux qui ont perdu leur terre, leur patrie, leurs rêves. Dans les pas de Marie et Joseph se cachent tous les pas de ceux qui, aujourd’hui, sont obligés de s’exiler, de quitter leurs proches, leur pays. Leur départ a souvent un seul nom : la survie. Survivre aux Hérode de notre temps, qui n’ont qu’un désir : imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses. Marie et Joseph, pour qui il n’y avait pas de place, sont les premiers à embrasser cet enfant Jésus, qui vient nous donner le document de citoyenneté pour tous. Cet enfant Jésus qui, dans sa pauvreté et sa petitesse, manifeste que la vraie richesse est celle qui honore et secoure la fragilité du plus faible. En cette nuit, celui qui n’avait pas de place pour naître est annoncé comme celui qui fait de la place à tous.

Et les bergers en sont les premiers bénéficiaires. Ils sont les premiers destinataires de cette bonne nouvelle. Par leur travail, ils étaient en marge de la société. Leurs conditions de vie les empêchaient d’observer toutes les prescriptions rituelles de purification religieuse et, par conséquent, ils étaient considérés comme impurs. Leurs peaux, leurs vêtements, leur odeur, leur façon de parler, les trahissaient. On les considérait comme des païens parmi les croyants, des pécheurs parmi les justes, des étrangers parmi les citoyens. Et c’est à eux – païens, pécheurs et étrangers – que l’ange dit : «Ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur».

Voilà la joie qu’en cette nuit nous sommes invités à partager, à célébrer et à annoncer. C’est la joie par laquelle Dieu est venu nous embrasser de son infinie miséricorde, nous païens, pécheurs et étrangers. Et il nous invite à faire de même. La foi de cette nuit de Noël nous porte à reconnaître Dieu présent dans toutes les situations où nous le croyons absent, dans toutes les personnes que nous croyons loin de lui, dans toutes les personnes que nous évitons, dans nos quartiers, dans le bus, dans nos familles, parce qu’ils nous sont étrangers, indifférents.

Cette foi de Noël nous invite à faire de la place à une nouvelle créativité sociale, à ne pas avoir peur de faire l’expérience de nouvelles formes de relation, dans lesquelles personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre. Et c’est peut-être ce chemin-là que le débat citoyen veut ouvrir en ce moment. Noël, c’est le temps pour transformer la force de la peur en force de la charité, du dialogue, de l’accueil. La charité ne s’habitue pas à l’injustice, mais elle a le courage, au milieu des tensions et des conflits de se faire terre d’hospitalité pour tous. Saint Jean-Paul II nous le rappelait : «N’ayez pas peur, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ».

Dans l’enfant de Bethléem, Dieu vient à notre rencontre pour faire de nous des messagers de la vie, de l’amour, de la tendresse. Comme dit le Pape François, n’ayons pas peur de prendre dans les bras, de soulever et d’embrasser celui qui a soif, l’étranger, celui qui est nu, celui qui est malade, le détenu. N’ayez pas peur, ouvrez toutes grandes les portes de l’espérance.

Alors, toi l’enfant de la crèche, que tes pleurs nous réveillent de toutes nos indifférences. Toi l’enfant de la mangeoire d’animaux, tu es devenu dans l’eucharistie la vraie nourriture dont l’homme a besoin. En cette nuit de Noël nous voulons t’accueillir comme la vraie lumière qui peut transformer les ténèbres du monde. OUI, nous te prions, toi qui es lumière, toi qui es l’amour, mets dans nos ténèbres ton esprit d’amour.

Amen

(Alain FERRE)

 

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
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Curé : Père Guénael Figarol
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Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
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Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
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