Publications de l’Église

Message du pape François pour la XXX Journée mondiale du malade

 

« Soyez miséricordieux, comme votre père est miséricordieux » (Lc 6, 36).
Se tenir à côté de celui qui souffre sur le chemin de la charité

 

Chers frères et sœurs,

Il y a trente ans, saint Jean-Paul II institua la Journée Mondiale du Malade pour sensibiliser le peuple de Dieu, les institutions sanitaires catholiques et la société civile à l’attention envers les malades et envers tous ceux qui prennent soin d’eux.[1]

Nous sommes reconnaissants envers le Seigneur pour le chemin parcouru au cours de ces années dans les Églises particulières du monde entier. Beaucoup de pas en avant ont été accomplis, mais il reste encore une longue route à parcourir pour assurer à tous les malades, notamment dans les lieux et dans les situations de plus grande pauvreté et d’exclusion, les soins dont ils ont besoin, ainsi que l’accompagnement pastoral, afin qu’ils puissent vivre le temps de la maladie en étant unis au Christ crucifié et ressuscité. Que la 30ème Journée Mondiale du Malade – dont la célébration culminante ne pourra pas avoir lieu comme prévu, à cause de la pandémie, à Arequipa, au Pérou, mais se tiendra dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican – puisse nous aider à grandir en proximité et dans le service des personnes malades et de leurs familles.

  1. Miséricordieux comme le Père

Le thème choisi pour cette trentième Journée : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36), oriente avant tout notre regard vers Dieu « riche en miséricorde » (Ep 2, 4), qui regarde toujours ses enfants avec un amour de père, même lorsqu’ils s’éloignent de lui. De fait, la miséricorde est, par excellence le nom de Dieu, qui exprime sa nature, non pas à la manière d’un sentiment occasionnel, mais comme une force présente dans tout ce qu’il accomplit. Il est à la fois force et tendresse. Voilà pourquoi nous pouvons dire, avec stupeur et reconnaissance, que la miséricorde de Dieu comporte à la fois la dimension de la paternité et celle de la maternité (cf. Is 49, 15), car il prend soin de nous avec la force d’un père et avec la tendresse d’une mère, toujours désireux de nous donner la vie nouvelle dans l’Esprit Saint.

  1. Jésus, miséricorde du Père

Le témoin suprême de l’amour miséricordieux du Père envers les malades est son Fils unique. Combien de fois les Évangiles nous rapportent-ils les rencontres de Jésus avec des personnes frappées par différentes maladies. Il « parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple » (Mt 4, 23). Nous pouvons nous demander : pourquoi cette attention particulière de Jésus à l’égard des malades, au point que celle-ci devient même l’œuvre principale dans le cadre de la mission des apôtres, envoyés par le Maître annoncer l’Évangile et guérir les malades ? (cf. Lc 9, 2).

Un penseur du XXème siècle nous suggère une raison : « La douleur isole d’une manière absolue et c’est de cet isolement absolu que naît l’appel à l’autre, l’invocation à l’autre ».[2] Quand une personne, dans sa propre chair, fait l’expérience de la fragilité et de la souffrance à cause de la maladie, son cœur devient lourd, la peur s’accroît, les interrogations se multiplient, la demande de sens pour tout ce qui arrive devient plus urgente. Comment ne pas rappeler, à ce propos, les nombreux malades qui, durant cette période de pandémie, ont vécu dans la solitude d’un service de soins intensifs la dernière partie de leur existence, certes soignés par de généreux agents de santé, mais éloignés de l’affection des êtres qui leur étaient les plus chers et des personnes les plus importantes de leur vie terrestre ? D’où l’importance d’avoir auprès de soi des témoins de la charité de Dieu qui, à l’exemple de Jésus, miséricorde du Père, versent sur les plaies des malades l’huile de la consolation et le vin de l’espérance.[3]

  1. Toucher la chair souffrante du Christ

L’invitation de Jésus à être miséricordieux comme le Père acquiert une signification particulière pour les personnels de santé. Je pense aux médecins, aux infirmiers, aux laborantins, à ceux qui sont préposés à l’assistance et au soin des malades, de même qu’aux nombreux volontaires qui donnent de leur précieux temps à ceux qui souffrent. Chers opérateurs de santé, votre service auprès des malades, accompli avec amour et compétence, transcende les limites de la profession pour devenir une mission. Vos mains qui touchent la chair souffrante du Christ peuvent être un signe des mains miséricordieuses du Père. Soyez conscients de la grande dignité de votre profession, comme de la responsabilité qu’elle comporte.

Bénissons le Seigneur pour les progrès que la science médicale a accomplis surtout ces derniers temps ; les nouvelles technologies ont permis d’établir des parcours thérapeutiques qui sont d’un grand bénéfice pour les malades ; la recherche continue à apporter sa précieuse contribution pour combattre d’anciennes et de nouvelles pathologies ; la médecine de rééducation a largement développé ses connaissances et ses compétences. Mais tout cela ne doit jamais nous faire oublier la singularité de chaque malade, avec sa dignité et ses fragilités.[4] Le malade est toujours plus important que sa maladie et c’est pourquoi toute approche thérapeutique ne peut pas négliger l’écoute du patient, son histoire, ses angoisses et ses peurs. Même lorsqu’il n’est pas possible de guérir, il est toujours possible de soigner, il est toujours possible de consoler, il est toujours possible de faire sentir une proximité qui manifeste de l’intérêt davantage pour la personne que pour sa pathologie. C’est pourquoi je souhaite que les parcours de formation des personnels de santé soient capables de rendre disponible à l’écoute et à la dimension relationnelle.

  1. Les lieux de soins, maisons de miséricorde

La Journée Mondiale du Malade constitue aussi une occasion propice pour faire porter notre attention sur les lieux de soins. Au cours des siècles, la miséricorde envers les malades a conduit la communauté chrétienne à ouvrir d’innombrables « auberges du bon Samaritain », où les malades de tout genre pourraient être accueillis et soignés, surtout ceux qui ne trouvaient pas de réponse à leur question de santé, à cause de leur indigence ou de l’exclusion sociale ou encore des difficultés de soigner certaines pathologies. Dans ces situations, ce sont les enfants, les personnes âgées et les personnes les plus fragiles qui en font les frais. Miséricordieux comme le Père, de nombreux missionnaires ont accompagné l’annonce de l’Évangile par la construction d’hôpitaux, de dispensaires et de maison de soins. Ce sont des œuvres précieuses à travers lesquelles la charité chrétienne a pris forme, et l’amour du Christ dont ses disciples ont témoigné, est devenu plus crédible. Je pense surtout aux populations des régions les plus pauvres de la planète, où il faut parfois parcourir de longues distances pour trouver des centres de soins qui, malgré leurs ressources limitées, offrent ce qui est disponible. La route est encore longue et dans certains pays recevoir des soins appropriés demeure un luxe, comme l’atteste, par exemple, le peu de vaccins disponibles contre le covid-19 dans les pays les plus pauvres ; mais encore plus le manque de soins pour des pathologies qui nécessitent des médicaments bien plus simples.

Dans ce contexte, je désire réaffirmer l’importance des institutions catholiques de santé : elles sont un précieux trésor à soutenir et sur lequel veiller ; leur présence a caractérisé l’histoire de l’Église en raison de leur proximité avec les malades les plus pauvres et les situations les plus oubliées.[5] Combien de fondateurs de familles religieuses ont su écouter le cri de frères et de sœurs privés d’accès aux soins ou mal soignés et se sont prodigués à leur service ! Aujourd’hui encore, même dans les pays les plus développés, leur présence constitue une bénédiction car elles peuvent toujours offrir, en plus des soins du corps avec toute la compétence nécessaire, la charité pour laquelle le malade et sa famille sont au centre de l’attention. À une époque où la culture du déchet est si répandue et où la vie n’est pas toujours reconnue digne d’être accueillie et vécue, ces établissements, en tant que maisons de la miséricorde, peuvent être exemplaires pour soigner et veiller sur chaque existence, même la plus fragile, de son commencement jusqu’à son terme naturel.

  1. La miséricorde pastorale : présence et proximité

Au long du cheminement de ces trente années, la pastorale de la santé a vu également son indispensable service être toujours plus reconnu. Si la pire discrimination dont souffrent les pauvres – et les malades sont les pauvres en santé – est le manque d’attention spirituelle, nous ne pouvons pas manquer de leur offrir la proximité de Dieu, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la foi.[6] À ce propos, je voudrais rappeler qu’être proche des malades et leur offrir un accompagnement pastoral n’est pas seulement la tâche réservée à quelques ministres spécifiquement dévoués à cela. Visiter les malades est une invitation que le Christ adresse à tous ses disciples. Combien de malades et de personnes âgées vivent chez eux et attendent une visite ! Le ministère de la consolation est un devoir de tout baptisé, en se souvenant de la parole de Jésus : « J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25, 36).

Chers frères et sœurs, à l’intercession de Marie, santé des malades, je confie tous les malades et leurs familles. Unis au Christ, qui porte sur lui la douleur du monde, puissent-ils trouver sens, consolation et confiance. Je prie pour tous les personnels de santé afin que, riches en miséricorde, ils offrent aux patients, en plus des soins adaptés, leur proximité fraternelle.

À tous, je donne de tout cœur la Bénédiction apostolique.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 10 décembre 2021, mémoire de Notre Dame de Lorette.

FRANÇOIS

_______________________

[1] Cf. Saint Jean-Paul II, Lettre au Cardinal Fiorenzo Angelini, Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, pour l’Institution de la Journée Mondiale du Malade (13 mai 1992).

[2] E. Lévinas, « Une éthique de la souffrance », in Souffrances. Corps et âme, épreuves partagées, sous la direction de J.-M. von Kaenel, Autrement, Paris 1994, pp. 133-135.

[3] Cf. Missel Romain, Préface commune VIII, Jésus bon Samaritain.

[4] Cf. Discours « A la Fédération nationale des ordres des médecins chirurgiens et des odontologues italiens, 20 septembre 2019 ».

[5] Cf. Angélus à l’hôpital « Gemelli » de Rome, 11 juillet 2021.

[6] Cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 200.

Comme chaque année à l’occasion de la journée internationale du handicap célébrée le 3 décembre, le pape François propose un message.

En 2021, le titre de ce message reprend le passage de Jean 15,14 : « Vous êtes mes amis ». Dans un texte fraternel et concret, le pape s’adresse directement aux personnes en situation de handicap.

Message du Pape François à l’occasion de la journée des personnes handicapées

La vie de Jésus, surtout dans les trois années de son ministère public, a été une rencontre incessante avec les personnes. Parmi celles-ci, les malades ont eu une place particulière. Combien de pages racontent ces rencontres ! Le paralytique, l’aveugle, le lépreux, le possédé, l’épileptique et d’innombrables malades de toutes sortes… Jésus s’est fait proche de chacun d’eux et les a guéris par sa présence et la puissance de sa force qui guérit. C’est pourquoi il ne peut manquer, parmi les œuvres de miséricorde, celle de visiter et d’assister les personnes malades…

Jésus nous a donné la possibilité d’être libres malgré les limites de la maladie et des restrictions. Il nous offre la liberté qui vient de la rencontre avec lui et du sens nouveau que cette rencontre apporte à notre situation personnelle.

Avec ces œuvres de miséricorde, le Seigneur nous invite à un geste d’une grande humanité : le partage. Souvenons-nous de cette parole : le partage. Celui qui est malade se sent souvent seul. Nous ne pouvons cacher que, surtout de nos jours, on fait justement dans la maladie l’expérience plus profonde de la solitude qui traverse une grande partie de la vie. Une visite peut faire se sentir moins seule la personne malade et un peu de compagnie est un excellent médicament ! Un sourire, une caresse, une poignée de main sont des gestes simples, mais si importants pour ceux qui se sentent abandonnés à eux-mêmes. Combien de personnes se dévouent pour visiter les malades dans les hôpitaux ou chez eux ! C’est une œuvre de bénévolat inestimable. Quand elle est faite au nom du Seigneur, elle devient alors une expression éloquente et efficace de la miséricorde. Ne laissons pas seules les personnes malades ! Ne les empêchons pas de trouver un soulagement et à nous d’être enrichis par la proximité apportée à celui qui souffre. Les hôpitaux sont de véritables « cathédrales de la douleur », mais où devient évidente la force de la charité qui soutient et éprouve de la compassion…

Ces œuvres de miséricorde, comme on le voit, sont anciennes, et pourtant tellement actuelles. Jésus a laissé ce qu’il faisait pour aller rendre visite à la belle mère de Pierre : une œuvre ancienne de charité. Jésus l’a faite. Ne tombons pas dans l’indifférence, mais devenons des instruments de la miséricorde de Dieu par des attitudes de partage et de respect. Nous pouvons tous être des instruments de la miséricorde de Dieu et cela nous fera plus de bien à nous qu’aux autres parce que la miséricorde passe par un geste, une parole, une visite et cette miséricorde est un acte pour rendre joie et dignité à celui qui les a perdues.

Catéchèse du pape François 9 novembre 2016

«L’euthanasie est un crime. Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner»

Ayant à l’esprit les cas de ces dernières années, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi publie «Samaritanus bonus», une lettre approuvée par le Pape François, qui réitère la condamnation de toutes les formes d’euthanasie et de suicide assisté. Elle appelle à un soutien renforcé aux familles des malades et aux travailleurs de la santé.

Alors que le projet de loi de révision des lois de bioéthique arrive en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 27 juillet 2020, la Conférence des évêques de France alerte sur la volonté d’adoption en urgence d’une loi injuste et inégalitaire.

« Alors que la plupart des réformes importantes sont à reporter ou à revisiter, il n’y aurait pas d’autres urgences aujourd’hui que de faire passer en force et dans la discrétion du mois de juillet cet ensemble de lois qui touche à l’essence même de notre humanité » ! (Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris dans le Figaro du 30 juin 2020).

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Alors que le projet de loi de révision des lois de bioéthique arrive en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 27 juillet 2020, la Conférence des évêques de France alerte sur la volonté d’adoption en urgence d’une loi injuste et inégalitaire.

Mgr Pierre d’Ornellas
Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France

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Ce livre propose une réflexion simple et précise au moment des débats relatifs à la loi de bioéthique.

Le « modèle français de bioéthique » repose sur la dignité humaine. Il se construit en référant toute avancée scientifique et tout désir à une donnée stable : l’être humain. Celui-ci nous est donné comme un bien précieux à sauvegarder avec autant de détermination que celle que nous déployons pour protéger la planète qui nous accueille. « Tout est lié », proclame le pape François dans Laudato Si’.

Face aux techniques toujours plus sophistiquées et de plus en plus mises à la portée de tous, la bioéthique nous pose ces redoutables questions : Comment recevoir l’être humain comme un bien qui nous précède, de la même manière que nous avons à recevoir la planète dont les écosystèmes sont si précieux pour notre vie ? Comment protéger l’Homme en comprenant qu’il n’est pas transformable à volonté sous peine de lui nuire ? Comment mieux l’estimer, en particulier le plus fragile, et construire ensemble notre « fraternité » ? Voilà de beaux enjeux d’humanité !

Sur le projet de loi, ces pages montrent les inégalités créées vis-à-vis des enfants ainsi que les contradictions qui le traversent. Elles indiquent aussi la grandeur de l’ethique, source d’espérance.

Les auteurs du livre : Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, Mgr Hervé Gasselin, évêque d’Angoulême, Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, père Brice de Malherbe, diocèse de Paris, du Collège des Bernardins, père Bruno Saintôt, jésuite, du Centre Sèvres.

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

LETTRE

SAMARITANUS BONUS

sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie

Introduction

Le Bon Samaritain qui quitte son chemin pour venir au secours de l’homme souffrant (cf. Lc 10, 30-37) est l’image de Jésus-Christ qui rencontre l’homme ayant besoin de salut et qui soigne ses blessures et ses douleurs avec « l’huile de la consolation et le vin de l’espérance ».[1]Il est le médecin des âmes et des corps et « le témoin fidèle » (Ap 3, 14) de la présence salvatrice de Dieu dans le monde. Mais comment ce message peut-il être concrétisé aujourd’hui ? Comment le traduire en une capacité d’accompagner la personne malade dans les phases terminales de la vie, de manière à l’assister tout en respectant et en promouvant toujours sa dignité humaine inaliénable, son appel à la sainteté et, par conséquent, la valeur suprême de son existence même ?

Le développement extraordinaire et progressif des technologies biomédicales a augmenté de façon exponentielle les capacités cliniques de la médecine en matière de diagnostic, de thérapie et de soin aux patients. L’Église regarde avec espérance la recherche scientifique et technologique et y voit une occasion favorable de servir le bien intégral de la vie et la dignité de tout être humain.[2] Cependant, ces progrès de la technologie médicale, bien que précieux, ne sont pas en eux-mêmes décisifs pour qualifier le sens propre et la valeur de la vie humaine. En effet, tout progrès dans les compétences des personnels de santé nécessite une capacité de discernement moral à la fois croissante et empreinte de sagesse[3] pour éviter une utilisation disproportionnée et déshumanisante des technologies, en particulier dans les phases critiques ou terminales de la vie humaine.

En outre, la gestion organisationnelle ainsi que l’articulation et la complexité élevées des systèmes de santé contemporains peuvent réduire la relation de confiance entre le médecin et le patient à une relation purement technique et contractuelle. Un tel risque pèse lourdement sur les pays où sont adoptées des lois légitimant les formes de suicide assisté et d’euthanasie volontaire des patients les plus vulnérables. Elles nient les limites éthiques et juridiques de l’autodétermination de la personne malade, obscurcissant de manière inquiétante la valeur de la vie humaine dans la maladie, le sens de la souffrance et la signification du temps qui précède la mort. La douleur et la mort, en effet, ne peuvent être les critères ultimes qui mesurent la dignité humaine, laquelle est propre à chaque personne, du simple fait qu’elle est un “être humain”.

Face à de tels défis, capables de remettre en cause notre façon de penser la médecine, le sens du soin à la personne malade et la responsabilité sociale envers les plus vulnérables, le présent document vise à éclairer les pasteurs et les fidèles dans leurs préoccupations et leurs doutes sur l’assistance médicale, spirituelle et pastorale due aux malades dans les phases critiques et terminales de la vie. Tous sont appelés à rendre témoignage aux côtés des malades et à devenir des “communautés de guérison”, afin que le désir de Jésus que tous soient une seule chair, à commencer par les plus faibles et les plus vulnérables, se réalise concrètement.[4] Partout, en effet, on perçoit le besoin d’une clarification morale et d’une orientation pratique sur la manière d’aider ces personnes, car « une unité de doctrine et de pratique est nécessaire »[5]quant à une question aussi délicate, qui concerne les patients les plus faibles dans les étapes les plus délicates et les plus décisives de la vie d’une personne.

Diverses Conférences Épiscopales dans le monde ont publié des documents et des lettres pastorales, par lesquels elles ont cherché à répondre aux défis posés par le suicide assisté et l’euthanasie volontaire – légitimés par certaines réglementations nationales – en particulier pour les personnes qui travaillent ou sont hospitalisées dans les hôpitaux, y compris les hôpitaux catholiques. Mais l’assistance spirituelle et les doutes qui se font jour, dans certaines circonstances ou contextes particuliers, sur la célébration des sacrements pour ceux qui souhaitent mettre fin à leur vie, exigent aujourd’hui une intervention plus claire et plus précise de la part de l’Église afin de :

‒ réaffirmer le message de l’Évangile et ses expressions comme fondements doctrinaux proposés par le Magistère, en rappelant la mission de ceux qui sont en contact avec les malades dans les phases critiques et terminales (membres de la famille ou tuteurs légaux, aumôniers d’hôpitaux, ministres extraordinaires de l’Eucharistie et agents pastoraux, bénévoles d’hôpitaux et personnel de santé) ainsi que des malades eux-mêmes ;

‒ fournir des orientations pastorales précises et concrètes pour qu’au niveau local ces situations complexes puissent être affrontées et gérées afin de favoriser la rencontre personnelle du patient avec l’Amour miséricordieux de Dieu.

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Ouverture de l’assistance médicale à la procréation : quelles conséquences ?

Dans une note rédigée le 18 juillet 2019 à partir du projet de loi transmis au Conseil d’État – sans que soit connue la réponse de ce dernier au Gouvernement – Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et les membres du groupe de travail Église et bioéthique de la Conférence des évêques de France, s’interrogent sur les conséquences de l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP).

Sans envisager tous les points du projet de loi relatif à la bioéthique, cette note envisage surtout l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation et ses conséquences.

Il est évident qu’une loi de bioéthique ne se résume pas à poser des équilibres, plus ou moins judicieux et toujours insatisfaisants, entre les adultes et entre adultes et enfants. L’envisager conduirait à privilégier une sorte d’« éthique du curseur ». Jusqu’où alors placer le curseur ? Quel serait donc le critère objectif assurant de façon pérenne un juste équilibre des intérêts entre enfants, donneurs et adultes souhaitant des enfants ?

Aujourd’hui, beaucoup dénoncent un curseur allant de plus en plus loin, comme si les désirs, exacerbés par l’individualisme et par la fascination des techniques, ne rencontraient aucune résistance. Cependant, avec l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP) à toutes les femmes, le curseur franchit un point de non-retour, ce que le projet de loi assume puisqu’il met en exergue « l’égalité des modes de filiation » dans un « article principiel » du Code civil (article 6-2 qui fait suite à l’article 6-1 créé en raison de la loi dite Taubira).

L’ouverture de l’AMP aux femmes vivant en couple et aux femmes seules est un marqueur décisif pour la société française. Cette mesure introduit en effet une conception du droit et des liens à établir entre les êtres humains, qui est en rupture radicale avec celle qui prévaut depuis les premières lois de bioéthique, en 1994. Elle soulève des interrogations difficiles qui sont regroupées ci-dessous en quatre questions (absence du père ; égalité des filiations ; puissance de la volonté ; gratuité – eugénisme – médecine)  que beaucoup de Français se posent silencieusement, avec « angoisse » aussi, comme le note le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans sa synthèse des États généraux.

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Mgr Pierre d’Ornellas exprime son point de vue sur le nouveau projet de loi bioéthique

J’ ai publié plusieurs fois mon analyse sur des éléments du projet de loi relatif à la bioéthique
afin d’alerter sur de graves dérives qu’il entraînerait s’il devenait une loi. Tel qu’il est actuellement
rédigé, il pose de graves questions : il transgresse le respect dû à la dignité humaine et il instaure
de l’injustice, notamment à propos des enfants ; il se présente comme une régression car l’enfant
n’y est plus considéré comme un sujet de droit mais comme assujetti aux désirs individuels
qui s’expriment dans le « projet parental » et qui sont admis comme des « droits ». Il instaure
une « rupture anthropologique majeure » en quittant la référence à la notion de dignité humaine
pour fonder la filiation sur le contrat et la volonté. Il consacre ainsi la loi du plus fort alors que le droit
a vocation à protéger le plus faible. Il manifeste un déni de démocratie en ne tenant pas compte
de la consultation publique faite au moyen des États généraux de la bioéthique.
***
S’ exprimer est légitime, car ce projet de loi suscite des inquiétudes chez bon nombre
de nos concitoyens qui prennent au sérieux notre législation sur la bioéthique. Il est normal
qu’ils manifestent leurs interrogations et leurs désapprobations. Après avoir approfondi leur connaissance
de ce projet de loi relatif à la bioéthique, les catholiques ont le devoir de discerner ce qui
est conforme au respect authentique de l’être humain. Ils ont aussi le droit de prendre position
en manifestant clairement leur point de vue, pourvu que cela se fasse de façon respectueuse
de l’opinion d’autrui et que cela suscite le dialogue afin que soit reprise la recherche d’un projet de
loi plus juste et davantage protecteur du plus faible. Ils sont divers, les moyens de collaborer à ce
que la bioéthique corresponde au bien commun pour tous. Que chacun choisisse donc en
conscience le moyen qui lui paraît le plus adapté, sans oublier la prière.
***
Penser autrement la nouvelle loi de bioéthique est vraiment possible en faisant droit
aux avancées scientifiques grâce auxquelles de nouvelles thérapies peuvent contribuer
au bien de nos contemporains. Il est urgent d’inscrire ce projet de loi dans le monde d’après
que la pandémie du Covid-19 a révélé nécessaire. Il est essentiel au progrès d’unifier la requête
écologique en y intégrant l’écologie humaine : le respect du vivant et de sa biodiversité inclut
nécessairement le respect du vivant humain sous peine de mettre en pratique une écologie
partielle qui n’arrêtera pas la fragilisation grandissante de nos sociétés. Sans une écologie
intégrale, il n’y aura pas de vrai progrès. L’écologie nous appelle tous à réfléchir à l’usage
des techniques de telle sorte que celles-ci soient toujours mises au service de la dignité des êtres
humains et de leurs justes relations entre eux et avec la planète.
+ Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes
Rennes, le 7 octobre 2020

 LE SENS ET LA PLACE DE L’EUCHARISTIE DANS NOS VIES

 Catéchèse de Mgr Pierre d’Ornellas

Journée de formation de la Pastorale de la santé

Saint-Pern, le 31 mai 2016

 Télécharger la catéchèse en entier

« Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jean 6,51)

Quelle promesse ! Quelle belle nouvelle que ce verset nous donne. Comment vivons-nous cette promesse au cœur de notre vie de croyants ? Est-ce que nous en avons pleinement conscience ?  Comment la partageons-nous à nos proches ? Je pense que Monseigneur va nous donner des éléments de réponses pour que l’on en vive tout au long de l’année à venir.

  1. Je suis heureux d’être avec vous car votre mission est précieuse au cœur de notre diocèse. Vous accomplissez une « œuvre de miséricorde ». Je voudrais réfléchir avec vous sur l’Eucharistie en la considérant, comme cela m’a été demandé, dans notre vie chrétienne. Je ne peux cependant oublier que vous avez une mission auprès de personnes fragilisées d’une manière ou d’une autre par l’âge, la maladie ou le handicap. C’est une belle joie pour moi de méditer avec vous sur ce grand mystère, sur ce don inouï qu’est le sacrement de l’Eucharistie, et de le célébrer tout à l’heure avec vous. Je méditerai en m’inspirant de quelques passages de l’Écriture sainte que je vous invite à aller relire.
  2. Je commencerai par regarder l’Eucharistie présente dès le début dans la vie de l’Église pour ensuite en dire la densité (paragraphes 1 et 2). Puis je regarderai quatre moments de la célébration de l’Eucharistie (paragraphes 3 à 7) que je résumerai (paragraphe 8). Après avoir évoqué brièvement la consécration (paragraphe 9), je reprendrai ces quatre moments en fonction de votre mission : elle se situe comme une pastorale eucharistique (paragraphe 10).

 

  1. L’Eucharistie, au cœur de la vie de l’Église
  2. D’abord, il ne faut jamais oublier que l’Eucharistie est présente dès la première Communauté chrétienne comme un élément fondamental de la vie de l’Église. L’Apôtre Paul en parle en soulignant qu’il s’agit de s’approcher du corps du Seigneur en « discernant le corps du Seigneur[1]». On ne peut donc pas s’approcher de l’Eucharistie sans ce discernement. Ce n’est pas simplement la question de la Première Communion, où l’enfant doit être capable de discerner avec foi entre le pain et le corps du Christ. Saint Paul évoque un mystère plus ample que cela.
  3. Que veut dire discerner le « corps » ? Sans entrer dans toute la signification de ce terme, je dirais seulement que les chrétiens qui existaient à Corinthe ont été éduqués par Paul au sujet de leur participation à ce « repas » où on « discerne le corps du Seigneur ». Le premier reproche que l’Apôtre leur adresse est leur division[2]. Ainsi, le discernement auquel il nous appelle fait entrer dans le grand mystère de l’unité que le Seigneur Jésus est venu réaliser[3]. Je ne puis pas aller à ce « repas » sans vivre dans l’unité.
  4. Dans les Actes des Apôtres, saint Luc nous raconte la Pentecôte, puis le grand discours de Pierre qui explique ce qui se passe, et enfin les conversions qui arrivent, d’abord avec « 3000 personnes », puis avec « 5000 personnes ». Saint Luc en vient alors à décrire la vie de l’Église en deux petits résumés qui suivent les deux mentions du nombre symbolique de convertis. Tout de suite, nous avons la mention concrète de l’unité : « Nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun[4]. » Cette affirmation est précédée par : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme. » Voilà l’unité de l’Église !  Cela est très important dès la première réalisation de l’Église. Elle est « une », comme nous le proclamons dans le Credo[5].
  5. Or, dans cette première réalisation de l’Église, il y a « la fraction du pain[6]» à laquelle les croyants sont « assidus ». C’est l’Eucharistie. On voit bien que l’Eucharistie est présente dans la vie de l’Église dès son origine. Quand l’Église médite sur elle-même, elle met l’Eucharistie comme élément structurant de sa vie.
  6. En lisant le premier résumé de saint Luc, on découvre deux autres éléments. Tout d’abord, « l’enseignement des Apôtres » auxquels les croyants sont « assidus ». Je ne peux donc pas vivre la vie de l’Église si je n’écoute pas l’enseignement de l’Église. Puis saint Luc mentionne « la communion fraternelle ». Cela s’appelle la charité les uns pour les autres, vécue dans l’unité.
  7. Ces trois éléments constituent l’Église. Au cœur de la vie de l’Église, il y a donc l’Eucharistie. Elle est essentielle à sa vie. Elle fait l’Église en suscitant sans cesse son unité et sa charité. Après avoir fait référence à la Lettre de saint Paul aux Corinthiens et aux Actes des Apôtres, nous pourrions parler du Récit de l’institution de l’Eucharistie dans les trois Évangiles de saint Matthieu (26,26-29), saint Luc (22,14-23) et saint Marc (14,22-25). Nous pourrions aussi lire ensemble le chapitre 6 de l’Évangile de saint Jean. Je vous laisse aller vous-mêmes à ces passages des Évangiles pour les méditer. Je préfère lire avec vous un enseignement du concile Vatican II.

 

  1. « Tout le trésor spirituel de l’Église »
  2. Voici ce que nous dit le concile Vatican II : « Les autres sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux [il s’agit de vous qui accomplissez un service d’Église, une mission au nom de l’Église] et les tâches apostoliques [on pourrait dire que ce sont les missions des évêques et des prêtres avec les diacres] sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés par elle[7]. » Ainsi, je ne peux pas recevoir de mission d’Église, ni vraiment l’accomplir, si je ne participe pas à l’Eucharistie. La mission d’Église est intrinsèquement reliée à l’Eucharistie. Pourquoi donc ? « Car, poursuit le Concile, la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église. »
  3. Devant cette affirmation, je me permets d’attirer votre attention sur la grandeur de l’Eucharistie, quelle que soit la manière de la célébrer ou de l’animer. Ne pensons donc pas trop à la manière dont le prêtre célèbre, à la chorale, à l’orgue ou à la guitare, à l’animatrice… Tout cela, bien que ce ne soit pas sans une vraie importance car c’est une aide à la prière, n’est pas très grave par rapport à l’Eucharistie elle-même. L’Eucharistie à Saint-Pierre de Rome avec le pape François n’a pas plus de valeur que l’Eucharistie célébrée par un prêtre dans la chambre d’un malade. C’est toujours l’Eucharistie !
  4. Rien n’est plus grand ici-bas que l’Eucharistie ! Le Concile précise en effet quel est ce « trésor spirituel » : « Le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, lui dont la chair vivifiée et vivifiante par l’Esprit Saint donne la vie aux hommes les invitant et les conduisant à offrir en union avec lui leur propre vie, leur travail et toute la création. » Il vaut la peine de relire cet enseignement si fort du Concile Vatican II, de s’en imprégner pour mieux percevoir quelle richesse nous est proposée quand nous allons à la Messe. Il y a tant de densité dans l’Eucharistie !
  5. Cette densité de l’Eucharistie se perçoit mieux en regardant les différents moments de sa célébration. Nous allons nous arrêter à quelques moments significatifs pour bien comprendre que « la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église ». Nous verrons ainsi à quoi nous sommes invités, très concrètement, quand nous pensons à l’Eucharistie aussi bien pour notre vie chrétienne que dans notre mission envers les malades.

 

  • Notre saint Baptême
  1. La liturgie de l’Eucharistie commence par le signe de la croix et les paroles de notre Baptême. Je pense que l’on n’a jamais fini de méditer sur ce signe de croix et sur ces paroles de notre Baptême. Comme le Concile vient de nous le dire, le Baptême reçu nous oriente vers l’Eucharistie. Nous commençons sa célébration en faisant mémoire de notre Baptême.
  2. Ainsi, dès que je pense à l’Eucharistie, je peux m’interroger : mais que fais-tu de ton Baptême ? Que signifie pour toi être baptisé ? Comment vis-tu selon ton Baptême ? Ce n’est pas tout à fait pareil de vivre comme être humain ou comme un baptisé. C’est parce que je suis baptisé que je vais à l’Eucharistie. Cela n’exclut évidemment pas les catéchumènes qui ont vécu la célébration liturgique d’Entrée en catéchuménat après s’y être préparés en faisant grandir leur désir du Baptême. Cela n’exclut pas non plus les personnes en recherche. Mais nous, baptisés, nous sommes conduits par notre Baptême à participer pleinement à l’Eucharistie.
  3. Il est donc fondamental de réfléchir à notre vie de baptisés pour mieux comprendre l’Eucharistie. Plus j’approfondis ma vie de baptisé, plus le désir de l’Eucharistie s’introduit dans ma vie. Je ne peux pas penser à mon Baptême sans le désir de l’Eucharistie. Cela est très important. Une vie baptismale se traduit par un désir de l’Eucharistie. En effet, dans l’Eucharistie s’exprime au plus haut point notre identité d’enfant de Dieu, sauvé par le Christ et habité par l’Esprit Saint. Et l’Eucharistie fortifie notre vie de baptisé et nous fait de mieux en mieux percevoir quelles exigences magnifiques sont contenues dans le Baptême.
  4. Que dire sur cette vie baptismale ? D’abord la vie filiale d’enfant de Dieu. « Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ; et nous le sommes ! […] Bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu…[8]» Ensuite, la vie baptismale contient en elle-même l’appel à la sainteté. C’est peut-être la marque la plus forte du Baptême. « Soyez saints parce que moi, votre Dieu, je suis saint[9]. » Oui, baptisés, nous sommes appelés à la sainteté. Le concile Vatican II s’est plu à le rappeler de façon particulièrement insistante[10].
  5. Ce ne sont pas uniquement les chrétiens qui ont fait des actions remarquables et connues qui sont appelés à la sainteté. Non, tout baptisé est appelé à la sainteté. Voilà la prise de conscience la plus belle qui peut venir à la conscience d’un baptisé : tu es baptisé pour devenir un saint, tu es enfant de Dieu pour devenir saint à cause de Lui. À tel point que Jean-Paul II l’explicita clairement : « Demander à un catéchumène : « Veux-tu recevoir le Baptême ? » signifie lui demander en même temps : « Veux-tu devenir saint ? »[11]. » Jean-Paul II se réfère immédiatement aux paroles que Jésus a prononcées sur la montagne : « Cela veut dire mettre sur sa route le caractère radical du discours sur la Montagne : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait[12]« . »
  6. Je ne suis pas là pour parler du sacrement du Baptême mais j’indique déjà ce point : être baptisé, vivre sa vie de baptisé, c’est prendre peu à peu conscience que je suis appelé à la sainteté. Et la sainteté, c’est « la perfection de la charité », dit le concile Vatican II. La sainteté, c’est d’aimer envers et contre tout et de mieux en mieux, de plus en plus. Il s’agit de demander à Dieu la grâce d’aimer davantage. C’est pourquoi le baptisé va à la Messe : il y va pour puiser à la source divine une charité plus grande. L’Eucharistie est « le sacrement de l’amour[13]». Dans le fond, être baptisé pour une maman, c’est aimer en tant que maman mais à la manière de Jésus. Un grand-père est un saint, quand il aime à la manière de Jésus, comme grand-père.
  7. N’oublions jamais que la sainteté, c’est la perfection de la charité, de l’amour. Cela veut dire aimer à la manière de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés[14]. » Il s’agit donc d’aimer dans la mission qui est la mienne, et non à l’extérieur de cette mission, mais à la manière de Jésus, grâce à son Esprit. Ceci découle du Baptême enrichi dans la Confirmation. Si bien que plus je vis de mon Baptême, plus je suis éclairé et conduit par l’Esprit, et plus je désire aimer. Plus ma vie spirituelle s’éveille en moi, plus je vois naître en moi le désir d’aimer, le désir de la charité, le désir d’être patient, de ne jamais juger quelqu’un, de vivre la bienveillance, la douceur, le pardon etc. Le pape François le suggère dans son Exhortation sur la famille, il est allé regarder l’hymne à la charité avec tous les qualificatifs que saint Paul donne à la charité dans le fameux chapitre 13 de la Première lettre aux Corinthiens. Lisons ce chapitre ; sa lecture priante attise en nous le désir d’aimer.

 

  1. Le rite pénitentiel
  2. Tout cela me semble très important pour comprendre l’Eucharistie. Cependant, chacun vit comme il peut, avec ses faiblesses, ses infidélités, ses manques d’amour. C’est pourquoi, après le signe de croix et les paroles de notre Baptême, la liturgie eucharistique nous conduit au rite pénitentiel : « Je confesse à Dieu tout puissant… » Cela veut dire que je reconnais que je n’arrive pas à aimer, que je suis infidèle à ma mission d’aimer, que j’ai péché vis-à-vis de l’amour. De fait, ce rite pénitentiel est inséparable du premier moment de la liturgie qui nous rappelle notre Baptême. Ils ne forment à eux deux qu’un seul moment.
  3. Voilà qui est tout à fait extraordinaire : quand Dieu nous donne sa grâce, notre vie chrétienne devient tout à la fois un désir d’aimer qui augmente et une prise de conscience plus vive de notre misère, que nous n’y arrivons pas. Avec la grâce de Dieu, deux « craintes » (au sens biblique du terme) naissent en nous : le désir d’aimer davantage et la prise de conscience de nos limites, de nos impatiences.
  4. Le grand danger serait de tomber dans la résignation : je n’y arriverai jamais, donc j’arrête de désirer. Le risque est grand alors de s’installer dans une petite vie médiocre. Or, l’Apocalypse nous dit que Dieu « vomit » ceux qui vivent dans la médiocrité[15]. L’expression est forte ! Elle fait tout simplement entendre l’appel prophétique à la conversion et à la confiance en Dieu qui nous donne la grâce d’aimer, qui nous fait miséricorde.
  5. Mais, il y a aussi le risque de la culpabilité. Celle-ci vient toujours du fait que nous nous regardons nous-mêmes sans mettre précisément notre confiance en Dieu, en son Esprit qui répand la charité dans les cœurs[16].
  6. Si c’est vraiment une grâce de Dieu qui nous donne de désirer aimer, alors nous vivons nos limites, nos péchés de façon très paisible, le regard tourné vers Jésus, rempli de confiance en lui et en sa miséricorde. Alors naît en nous la « contrition ». Je ne suis donc pas culpabilisé de ne pas y arriver, mais je suis humble et demande humblement pardon. Le sacrement de Réconciliation est relié à celui de l’Eucharistie. La vraie humilité est toujours paisible. Avec elle, les fautes sont considérées comme un appel à grandir dans l’amour et à demander cette croissance à Dieu. Avec le rite pénitentiel, je suis prêt à participer à l’Eucharistie pour grandir dans la charité.

 

  1. La liturgie de la Parole
  2. Je participe donc à l’Eucharistie parce que je veux répondre à l’appel à la sainteté que Dieu me fait entendre, parce que je veux progresser vers la perfection de la charité à laquelle Dieu m’appelle. Cet appel a été prononcé sur moi le jour de mon Baptême. Le Christ qui est là dans l’Eucharistie me le fait entendre à nouveau.
  3. Le Christ est présent, d’une façon tout à fait admirable, dans la liturgie de la Parole qui appartient à la liturgie eucharistique. Le Christ est présent et me parle, quand il parle à toute l’assemblée. En effet, « il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les saintes Écritures[17]». Voilà que la proclamation des Lectures devient un acte formidable, ou plutôt un service par lequel le lecteur met à la disposition du Christ sa capacité de lire ou de proclamer. D’ailleurs, le lecteur dit à la fin de chaque lecture : « Parole du Seigneur ! » Et tous ensemble, nous répondons : « Nous rendons grâce à Dieu ! » Le Psaume est notre prière par laquelle nous répondons au Christ qui nous a parlé dans la première Lecture.
  4. Dès lors, comment puis-je vraiment vivre de l’Eucharistie sans aimer la Parole de Dieu, sans scruter cette Parole et y trouver une nourriture pour ma foi, mon espérance et ma charité ? Le Christ me parle dans la liturgie eucharistique parce que je suis baptisé (ou catéchumène). Seule la foi permet d’écouter les Lectures et l’Évangile en percevant que ce n’est pas une parole d’hommes mais vraiment une parole de Dieu, comme le soulignait déjà saint Paul[18].
  5. Voilà que notre Baptême, rappelé au début de la célébration de l’Eucharistie, nous conduit à deux évidences. D’une part, je ne peux pas aller à l’Eucharistie sans aimer ma vie de chrétien et désirer ce à quoi me conduit le Baptême : la perfection de la charité. D’autre part, je ne peux pas aller à l’Eucharistie, aimer l’Eucharistie sans désirer recevoir la Parole de Dieu, sans désirer l’écouter, la lire, la méditer.

 

  1. La profession de foi
  2. Il est beau, notre désir de vivre comme un baptisé, de vivre dans un amour toujours plus grand ! Il est beau aussi notre désir d’écouter la Parole de Dieu, de la scruter ! Ces deux désirs de vivre selon le Baptême et selon la Parole de Dieu aboutissent à la proclamation de la foi de l’Église, du Credo. Dans ce Credo, il y a peut-être des formulations qui sont difficiles. Par exemple, Dieu le Père est-il vraiment « tout puissant[19]» alors que j’ai vécu une grande souffrance, alors que des guerres injustes ne s’arrêtent pas ? Ou encore, comment comprendre les « enfers » où Jésus, mort, est descendu[20]? Et comment se représenter le corps ressuscité ?
  3. Nous-mêmes ou d’autres personnes que nous rencontrons peuvent être interrogés par certaines formulations de la foi de l’Église. Il est bon alors de se laisser porter par l’Église qui affirme sa foi, reçue des Apôtres ; il est juste de lui faire confiance. Il est évidemment toujours possible d’aller consulter le Catéchisme de l’Église Catholique pour mieux comprendre cette profession de foi à laquelle la liturgie de la Parole conduit.
  4. Du coup, apparaît quelque chose de très important : je ne peux pas aller à l’Eucharistie, la vivre spirituellement sans comprendre que je suis un enfant de l’Église. Oui, ma Mère, c’est l’Église ! C’est elle qui m’enfante à la vie d’enfant de Dieu par le Baptême, c’est à elle que je dois tout parce que c’est elle qui me donne la foi, qui me transmet les mots de la foi, qui m’éduque dans la foi, qui me fait grandir dans « la foi agissant par l’amour[21]». La foi est ainsi « reçue[22]» de l’Église.
  5. Recevoir le Credo, c’est le recevoir de l’Église comme un cadeau précieux qu’elle nous fait. Le Rituel pour l’initiation chrétienne des adultes, c’est-à-dire pour le cheminement des catéchumènes jusqu’au Baptême, prévoit que ceux-ci reçoivent le Credo – on l’appelle « traditio», c’est-à-dire transmission – pour ensuite le rendre – on l’appelle la « redditio» – en le proclamant devant l’assemblée chrétienne.
  6. Quand, durant la liturgie eucharistique, je dis le Credo, qui est une prière, je suis tout entier présent à l’intérieur de la foi de l’Église, comme l’enfant qui se blottit contre sa mère. Je me reconnais dans ma Mère Église. Sa foi est la mienne, selon la belle formule de sainte Thérèse de Lisieux : « Le trésor de la mère appartient à l’enfant[23]. » C’est ça le Credo.
  7. L’Eucharistie ne peut être comprise et vécue que parce que nous sommes à l’intérieur de la foi de l’Église. Si l’Eucharistie contient « tout le trésor spirituel de l’Église », on peut dire que ce trésor est reçu dans la proclamation de la Parole, et confessé dans le Credo. Mais ce trésor est célébré dans l’Eucharistie. C’est pourquoi, il est important de ne pas omettre cette parole du prêtre ou du diacre, après la consécration : « Il est grand le mystère de la foi. » Il s’agit de la foi de l’Église, de la foi théologale de chaque participant, de la foi qui, comme le dit le pape Benoit XVI, est « une amitié avec le Fils de Dieu[24]», de la foi de l’assemblée. Par la foi vivante, pleine de charité, nous sommes au cœur de l’Église et nous participons vraiment à l’Eucharistie.
  8. Ainsi, je ne peux pas vivre l’Eucharistie sans la foi. Je ne peux pas parler de l’Eucharistie, réfléchir à l’Eucharistie sans m’inscrire dans la foi de l’Église, sans me blottir dans sa foi. Cela ne veut pas dire que je comprenne tout, que je n’ai pas des questions mais celles-ci sont humbles et non revendicatrices. Il est normal d’avoir des questions sur la foi, puisque la foi est si ample et concerne le mystère de Dieu, qui est Trinité ! Mais ce n’est pas pour cela que je me dis que le Credo est sinon erroné du moins peu adapté. Mes questions indiquent simplement que je suis en chemin, que j’ai encore à grandir dans la foi et dans l’amour, que j’ai encore à scruter l’Écriture sainte qui est « inspirée[25]» et qui est ma nourriture. Nous sommes tous en chemin.
  9. Précisément, l’Église me donne, comme une mère sait le faire pour ses enfants, de quoi être à ma place, de quoi grandir quand elle m’offre la possibilité de dire le Credo alors que j’ai des questions et que ses formules me paraissent étonnantes, que je n’arrive pas bien à tout saisir. En arrivant au moment de prononcer le Credo, je m’insère dans une communauté vivante, dans l’Église, dont je suis un membre, un frère ou une sœur toujours accueilli avec amour et heureux d’y être entouré d’autres frères et sœurs.
  10. Aujourd’hui, dans notre société individualiste, dès qu’un individu a une pensée qui n’est pas comme celle des autres, c’est forcément celle des autres qui est mauvaise. On est souvent en train de critiquer. La conséquence de l’individualisme, c’est la critique puisque nous sommes posés les uns à côté des autres, comme des individus qui n’ont pas conscience d’appartenir à un corps plus vaste qui nous porte.
  11. À l’inverse de l’individualisme, le personnalisme est tout à fait autre chose. Le propre de la personne, c’est de s’inscrire volontiers dans une communauté qui la dépasse et qui lui donne sens. Regardez l’enfant qui, naturellement, s’inscrit dans sa famille et se sait porté par elle. Nous sommes des personnes et non pas des individus ! Notre société est malade de cet individualisme effréné. Au lieu de s’inscrire dans un ensemble plus vaste qui donne du sens, je suis un individu qui revendique ma pensée ou mon désir comme étant un absolu devant s’imposer aux autres. Quels dialogues de sourds !
  12. L’Église, c’est évidemment tout le contraire. On voit bien que ce Credo m’est donné par l’Église-Mère dans laquelle je m’insère volontiers, une Église qui m’aime et qui, grâce aux frères et sœurs, m’aide à avancer. Dans l’Église, nous vivons une communion fraternelle dans laquelle chacun est porté pour exprimer son amitié vivante avec Dieu, grâce au Credo, qui est le résumé magnifique et parfait de la foi chrétienne.

 

  • La doxologie : Gloire à Dieu !
  1. J’arrive au dernier point que j’envisage de partager avec vous sur l’Eucharistie. Il s’agit de ce moment qui, me semble-t-il, est fondamental. C’est quand le prêtre, au terme de la Prière eucharistique, chante : « Par lui, avec lui et en lui. À toi, Dieu le Père tout puissant toute honneur et toute gloire… » Et l’assemblée répond en chantant « Amen ! » pour exprimer toute sa foi et tout son amour. Là, on voit bien que notre Baptême est incroyablement vivant. Nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu et nous rendons gloire à Dieu Notre Père, nous louons notre Père.
  2. Cela a été précédé par le chant du Gloria, le Gloire à Dieu, juste après le rite pénitentiel, où nous disons ou chantons : « Nous te rendons grâce pour ton immense gloire. » Les paroles de cet hymne – le Gloria – sont sublimes. Et je n’ai jamais vu pour le moment des auteurs contemporains qui inventent des paroles qui soient à la hauteur. Il est infiniment préférable de ne pas changer les paroles de cet hymne multiséculaire très ancien, qui est chanté le Dimanche, « Jour du Seigneur », dans toutes les communautés catholiques à travers le monde.
  3. L’Eucharistie ne prend tout son sens que quand cela aboutit à cet hymne de gloire qu’est la doxologie concluant la grande Prière eucharistique. Celle-ci a commencé de façon solennelle par le triple dialogue qui précède la Préface. Au terme de la Préface, nous avons chanté les paroles de l’ange au prophète Isaïe : « Saint, saint, saint…[26]» Nous avons reconnu la sainteté de Dieu. Dans le Gloria, nous avons déjà chanté à propos du Seigneur Jésus : « Toi seul es saint ! » L’Eucharistie nous met en présence de la sainteté de Dieu, qui nous dit son mystère inaccessible[27]. Mais, en Jésus, il s’est pleinement révélé : Dieu est notre Père, il est « riche en miséricorde[28]». Voilà que, maintenant, nous, ses enfants, nous louons et glorifions Dieu notre Père, grâce à Jésus ressuscité qui s’offre en sacrifice. Nous louons Dieu par lui, avec lui et en lui.
  4. Je vous lis un passage de concile Vatican II : « Dans la liturgie terrestre nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte Cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l’hymne de gloire[29]. » « L’armée de la milice céleste » signifie la cohorte innombrables des saints et des saintes au ciel que l’on célèbre à la Toussaint, ou encore la « foule immense » de l’Apocalypse qui, sans arrêt, chante : « Gloire à notre Dieu[30]». Elle signifie aussi toutes les puissances spirituelles et invisibles qui se tiennent en présence de Dieu, le louant et le servant ; le Christ parle d’elles en faisant mention de « tous ses anges[31] ».
  5. Pour nous qui sommes en pèlerinage sur cette terre, par l’Eucharistie, nous rendons pleinement gloire à Dieu. Se réalise ainsi le psaume : « Et tous dans son temple s’écrient : « Gloire ! »[32]», à chaque Eucharistie et partout sur la terre. Pour bien comprendre, nous glorifions Dieu quand, reconnaissant son amour et ses dons, nous lui disons en toute vérité et de tout cœur : merci ! Nous nous offrons alors à lui, pleins de confiance.

 

  • Résumé des quatre points
  1. Ainsi, si je résume les points que nous avons vus pour mieux entrer dans l’Eucharistie, nous redécouvrons d’abord notre Baptême, c’est-à-dire notre vie d’enfant de Dieu, et l’appel à la sainteté qui est un appel à aimer, et à aimer toujours davantage. Ainsi, en nous laissant éclairer par la lumière de Dieu, dont nous sommes les enfants, nous prenons conscience que nous n’arrivons pas à aimer. D’où le rite pénitentiel de l’Eucharistie, vécu dans la contrition. Nous venons à l’Eucharistie tout à la fois heureux d’être chrétiens, baptisés dans le Christ, et humbles devant nos infidélités à notre Baptême, qui, d’une manière ou d’une autre, sont des infidélités à aimer.
  2. Nous redécouvrons aussi le désir d’écouter la Parole de Dieu. Et ce désir de la Parole de Dieu nous habite de plus en plus si nous vivons notre Baptême. Comme cela est important ! C’est en effet Jésus ressuscité lui-même qui me parle pendant la liturgie de la Parole. Comment ne pas désirer l’écouter lorsqu’on est baptisé, lorsqu’on est devenu ses « disciples » ? Aimez la Parole de Dieu, essayez de la scruter, interrogez-vous : pourquoi y a-t-il tel mot dans l’Évangile ? Quand je pense aux saints qui n’avaient pas la Bible, ils ont tout fait pour scruter l’Écriture Sainte. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus en est un exemple lumineux ! Nous, quelle chance avons-nous d’avoir si facilement une Bible à portée de main ! Nous avons aussi les revues Prions en Église ou Magnificat, qui nous donnent les textes de la liturgie pour chaque jour. Comme cela est précieux pour notre vie de baptisés !
  3. Nous redécouvrons aussi la grandeur de la foi, de la foi de l’Église qui est notre foi. La foi de l’Église m’est donnée comme un cadeau précieux parce que l’Église est ma Mère. Elle m’enfante à la foi. Il est beau d’être « fier » de la foi de l’Église. Vous connaissez la finale de la formule des promesses baptismales : « Telle est la foi de l’Église que nous sommes fiers de proclamer tous ensemble ». Cette fierté, ce fut celle de saint Paul[33]! Dans le diocèse de Rennes, il y a actuellement des réfugiés syriens qui sont « fiers » de leur foi chrétienne : ils ont préféré le martyr plutôt que de trahir leur foi. Nous devons aimer le fait que l’Église nous donne la foi. Elle est notre Mère qui nous porte dans la foi.
  4. Enfin, nous percevons peut-être mieux la louange. Aimer gratuitement Dieu, le louer, le glorifier, le remercier, que c’est beau et grand ! Le mot Eucharistie, comme vous le savez, signifie « action de grâce ». Le prêtre l’exprime dans la première phrase de la Préface : « Il est vraiment juste et bon de te rendre grâce toujours et en tout lieu… » En prenant l’habitude de louer Dieu, de le remercier, chaque soir avant de dormir ou chaque jour aux moments opportuns de la journée, nous nous préparons à nous approcher du sacrement de l’Eucharistie. Il y a tellement de raisons pour lesquelles on peut dire merci, même si cela n’est pas toujours facile. Il est vrai qu’on a parfois besoin d’être aidé par des frères et des sœurs pour arriver à dire merci à Dieu. Cette louange est due à notre « grand Dieu[34]», Jésus-Christ ressuscité qui est notre Sauveur, qui est « le sauveur du monde[35]».

 

  1. L’offrande dans la foi et l’amour
  2. Vous constatez que je n’ai pas parlé d’un point majeur de l’Eucharistie qui est la consécration du pain et du vin, la « présence réelle » du corps et du sang du Christ, qui sont le corps et le sang glorieux du Christ. Ressuscité, il est en état d’offrande, il est notre « grand prêtre[36]», toujours en train de s’offrir au Père. L’Eucharistie n’est pas le renouvellement du sacrifice du Christ. Il s’est offert « une fois pour toutes[37]», sur la croix, aux portes de Jérusalem, « avec grand cri et larmes[38] », « à cause de son trop grand amour[39] ». Quand nous allons à l’Eucharistie, nous sommes rendus présents au sacrifice du Christ qui, ressuscité et de façon non sanglante, s’offre à son Père. Et nous, nous nous unissons à son offrande, par la foi et par l’amour.
  3. Comment puis-je le faire ? « Par lui, avec lui et en lui », répond la liturgie de l’Eucharistie. Jésus, par la puissance de l’Esprit Saint, vient nous assimiler à lui pour nous entraîner avec lui dans son offrande au Père. Voilà le sommet de l’Eucharistie : s’unir au Christ glorieux, réellement présent dans son état éternel de « grand prêtre » où il intercède pour nous et pour le monde, comme son sauveur et notre sauveur.
  4. On comprend alors qu’il est bon de venir à la Messe avec une intention. C’est confier une (ou des) personne(s) – vivante(s) ou décédée(s) – à l’offrande du Christ : il est « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde[40]», comme le prêtre le proclame au moment de la communion. Cette personne confiée est en quelque sorte prise par le Christ dans la puissance de son amour, et mise avec lui à sa place d’enfant bien-aimé du Père, pour recevoir la grâce du salut.
  5. Que l’Eucharistie est un grand sacrement ! Elle est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne[41]», elle est le « centre[42]» de la communauté chrétienne, enseigne le Concile Vatican II.

 

  1. Votre mission d’Église
  2. Tout cela a une conséquence immédiate sur votre mission. Pour conclure, je voudrais juste un peu entrer dans cette mission qui est une belle mission d’Église.
  3. Vous voyez bien que ces quatre points que je viens de nommer nous disent quelque chose de très important. Comment l’amour pour les personnes malades, pour les personnes âgées dépendantes, pour les personnes handicapées ne viendrait-il pas de l’Eucharistie ? L’Équipe d’aumônerie trouve sa force parce qu’elle participe ensemble à l’Eucharistie. Il est normal que ses membres aient le désir de l’Eucharistie, à cause de la mission d’Église reçue. Cela veut dire que l’on comprend bien que cet amour de la vie baptismale pour les malades est nourri par l’Eucharistie.
  4. Je veux participer à l’Eucharistie parce que je désire aimer plus, et aimer « en actes et en vérité[43]». Je ne participe pas à l’Eucharistie parce que je suis un bon chrétien, mais parce que j’ai le désir d’aimer vraiment, d’aimer comme Jésus, selon la phrase de l’Évangile de saint Jean: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Grâce à l’écoute de la Parole de Dieu, grâce à la prière, cette phrase est entrée en moi, elle ne sort plus de moi et, pourtant, je prends conscience que je n’y arrive pas. C’est pourquoi, j’ai besoin de l’Eucharistie parce que je sais que je suis appelé à aimer par mon Baptême. Qu’une Équipe d’aumônerie décide de participer ensemble à l’Eucharistie pour grandir dans la vie baptismale qui est une vie de charité, cela est magnifique !

Porter la Communion

  1. Vous allez me dire que je n’ai pas parlé de la Communion au corps du Christ. Il me semble que ce n’est pas le point majeur de votre pastorale, même s’il ne s’agit pas de minimiser l’importance. Mais hélas, on a parfois réduit la vie chrétienne à la participation à la Messe et on a réduit cette participation à la Communion. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, toute sainte qu’elle est, n’a pas pu communier à la fin de sa vie. Le bienheureux Charles de Foucauld, à cause des obligations du Rituel de l’époque, a passé un long temps sans communier et sans célébrer la Messe. Là, ils ont alors communié spirituellement au Christ en écoutant sa Parole de tout leur être, en vivant d’une foi ardente en lui, en portant le monde dans la prière, en rendant grâce à Dieu pour tous ses dons.
  2. Dans tous les points que j’ai énumérés, il me semble que se dégage quelque chose de fondamental par rapport à notre approche des malades. Est-ce que je parle avec eux de leur Baptême, de leur vie d’enfants de Dieu ? N’est-ce pas une consolation de se savoir vraiment enfant de Dieu, de mieux percevoir que je suis aimé de façon fiable par Dieu lui-même ?
  3. Est-ce que je parle avec eux de leur amour, de leurs amours ? Qu’il est beau de leur faire entendre, avec beaucoup de douceur et de patience, au moment opportun, l’appel à aimer que Jésus prononce pour eux afin qu’ils grandissent dans l’amour ! Quelle belle mission quand vous aidez une personne fragilisée à aimer, en pardonnant s’il le faut, en disant merci, en priant dans la confiance, … que sais-je ? Alors leur participation à l’Eucharistie est d’une grande richesse, même si apparemment, cela est peu visible en raison des faiblesses de santé et d’expressions.
  4. Plus que cela, votre mission est magnifique quand vous aidez peu à peu une personne malade à aimer Dieu, en fortifiant sa foi, en lui faisant écouter une parole de l’Écriture sainte. Qu’il est beau d’accompagner une personne fragile pour qu’elle loue Dieu, lui exprime toute sa confiance, le remercie du fond du cœur.
  5. Votre mission est encore plus magnifique quand vous permettez à cette personne d’être missionnaire, en l’aidant à s’offrir avec le Christ ressuscité pour une personne – souvent un membre de sa famille – ou d’autres personnes pour lesquelles il est évident qu’il faut demander la grâce de Dieu. Alors, les sacrements acquièrent toute leur densité. Ils sont remplis d’une vie ample, profonde, précieuse car ils sont habités par la foi et par l’amour.
  6. Je sens que nous avons à nous approcher des personnes fragilisées par l’âge, la maladie, le handicap pour leur faire confiance et en faisant confiance à la vie de la grâce de Dieu en elles, à leur capacité d’écouter la Parole de Dieu et de l’aimer. Cela commence et se poursuit par votre écoute attentive, cordiale, gratuite, pleine de douceur. Oui, l’écoute est indispensable.
  7. Le pape François nous invite à écouter. Vous le faites et c’est essentiel. Sans l’écoute, aucune aide n’est possible, aucun accompagnement n’a de sens. Grâce à l’écoute, il est possible de discerner quelle Parole de Dieu peut être donnée comme un cadeau pour soutenir la foi, pour consoler, pour vivifier l’amour et la confiance, pour faire grandir l’amitié avec le Fils de Dieu.
  8. Relisez le n. 128 de La joie de l’Évangile : le pape François nous convie à l’écoute jusqu’à ce que la personne exprime ce qu’elle a de plus cher dans son cœur. Ensuite, nous sommes invités à dire une Parole de Dieu, celle qui convient, pour ensuite, si cela convient, prier avec la personne. Peut-être que notre problème à nous tous, c’est que nous ne connaissons pas suffisamment la Parole de Dieu et que nous n’arrivons à trouver spontanément la parole adaptée, ou que nous n’osons pas la dire.
  9. Il est beau de voir les personnes dire leur foi. Parfois, dans des EPHAD, je suis surpris d’entendre l’assemblée, composée de personnes fragilisées par l’âge, dire avec une belle conviction la Profession de foi. Faire faire un acte de foi, que cela est grand ! Parfois, cet acte s’exprime par un regard sur une image, sur le célébrant, sur le tabernacle. Il s’exprime en serrant la main amie qui se tend à moi qui suis malade, ou par une adhésion intérieure à la prière qui est prononcée à côté de moi qui suis allongé dans mon lit, rempli de faiblesse. Bien sûr il s’agit d’un acte de foi qui peut s’exprimer par un acte d’amour pour Dieu, par un acte d’espérance et de confiance, par un acte d’abandon ou d’offrande de soi et de sa faiblesse. Quelle que soit la manière, cela est précieux. Oui, dans votre mission d’Eglise, vous avez à accompagner, soutenir, favoriser cette expression de la foi. D’ailleurs, il n’est pas rare que la foi de personnes visitées vous émerveille et vous convertisse !
  10. Ainsi, nous pouvons réfléchir à l’Eucharistie et, donc bien sûr, porter la Communion en pensant à ces quatre préalables-là : le Baptême, c’est-à-dire aimer et grandir dans l’amour, en passant par des pardons et en allant à des mercis ; la Parole de Dieu, même si ce n’est qu’un mot, qu’un verset ; la foi vivante, avec le soutient de l’Église, notre Mère, qui se traduit en « amitié » avec Dieu, en confiance pleine de paix à cause de son amour ; l’offrande par amour dans la louange de Notre Père du ciel, dans l’action de grâce envers lui pour tous ses dons, et dans le souci de prier pour d’autres.
  11. Alors, votre service auprès de ces personnes fragilisées par la maladie, l’âge, le handicap, est précieux : il est un accompagnement sur le chemin de la sainteté. C’est magnifique, c’est même extraordinaire ! Que c’est beau quand nous bénissons Dieu parce que telle personne fragile a progressé sur le chemin vers la sainteté !
  12. Votre service consiste en définitive à l’aider à découvrir, dans la foi, une grande espérance, à découvrir aussi sa mission à l’intérieur de l’Église comme personne malade, comme personne âgée dépendante, comme personne handicapée. Je me souviens d’une personne âgée totalement dépendante qui me partageait son souci des aides-soignantes, son souci de les voir être heureuses et découvrir la foi chrétienne.
  13. Porter la Communion aux malades est certainement un geste de charité important. Mais il est bon de le situer par rapport à ces quatre éléments qui sont intrinsèquement reliés à l’Eucharistie. Je me souviens d’une célébration de la Messe dans un EHPAD. Je voyais une personne âgée assez malade, et j’étais un peu gêné parce qu’il fallait absolument la faire communier, alors que, manifestement, c’était compliqué et que personne n’était sûr qu’elle le voulait. Est-ce qu’il n’aurait pas plutôt fallu lui dire avec douceur à l’oreille, en prenant sa main : Madame, vous allez répéter après moi : « Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces. »

Une pastorale eucharistique

  1. Si on réfléchit au mystère de l’Eucharistie, à la grandeur de ce sacrement, il me semble que ces quatre points, intrinsèquement reliés à l’Eucharistie, font partie de la vie chrétienne devenue une vie eucharistique. Il est peut-être plus important d’avoir une vie eucharistique que de participer au sacrement en communiant au corps du Christ, alors que cela est difficile pour diverses raisons.
  2. Au Ciel, on nous dira : est-ce que tu as eu une vie eucharistique ? C’est-à-dire : est-ce que tu as aimé au point d’offrir ta vie et ta prière, dans l’action de grâce, pour le salut du monde ? D’une certaine manière, on nous dira : est-ce que tu as désiré aimer ? Est-ce que tu as voulu écouter ma Parole et y répondre ? Est-ce que tu t’es blotti avec confiance dans ta Mère Église, grâce à la foi ? Est-ce que tu m’as dit merci et loué pour tous mes dons durant ta vie et pour les dons que j’ai faits aux autres ?
  3. Je sens que cette vie eucharistique est une clé pour comprendre notre vie personnelle et notre mission par rapport à la Pastorale de la santé vis-à-vis des personnes que nous accompagnons au quotidien. Cela ne veut surtout pas dire qu’il ne faut pas porter la Communion. Mais je souhaite que vous inscriviez le fait de porter la Communion dans ces quatre dimensions de l’Eucharistie.
  4. Il est possible de faire une pastorale eucharistique extraordinaire en rappelant le Baptême, en proposant la grandeur du signe de la croix fait très lentement et en disant les paroles du Baptême : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
  5. Il est possible de mener une pastorale eucharistique en lisant très doucement deux versets de l’Évangile, parfois en proposant à la personne de répéter, de telle sorte que la phrase de l’Écriture Sainte devienne Parole de Dieu pour elle. Elle pourra ainsi la ruminer dans son cœur.
  6. Voilà que, grâce à mes frères et sœurs de la Pastorale de la santé qui me visitent et m’accompagnent, moi qui suis malade ou âgé et dépendant, je peux dire à Dieu que je crois en lui avec pleine confiance et avec amour, que je crois en l’Esprit Saint ; voilà que je peux dire « Merci » à Dieu. Quelle belle attitude eucharistique ! C’est étonnant le recueillement, le chemin spirituel qui se fait. Vous en êtes témoins émerveillés. Rendez en grâce à Dieu !
  7. Ainsi, la réflexion sur le fait de porter la Communion prend une dimension d’une très grande amplitude à l’intérieur de ces quatre points que je mets en évidence, à partir de la liturgie eucharistique. Evidemment, il y aurait d’autres points à mettre en évidence. Vous le ferez vous-mêmes. Mais nous comprenons que le sacrement de l’Eucharistie n’a d’intelligence que par rapport à une vie eucharistique, en amont et en aval. Ce qui compte, c’est la vie eucharistique. D’un côté, celle-ci grandit grâce à l’Eucharistie ; d’un autre côté, celle-ci permet de participer avec plus de profondeur et de vérité à l’Eucharistie.

Marie, « la femme eucharistique »

  1. Saint Jean-Paul II, dans sa dernière encyclique écrite deux années avant sa mort, qui porte précisément sur l’Eucharistie, a lumineusement mis en évidence la Vierge Marie, en l’appelant « la femme eucharistique » : « On peut deviner indirectement le rapport entre Marie et l’Eucharistie à partir de son attitude intérieure. Par sa vie tout entière, Marie est une femme « eucharistique ». L’Église, regardant Marie comme son modèle, est appelée à l’imiter aussi dans son rapport avec ce Mystère très saint[44]
  2. Pour vous qui êtes engagés dans la Pastorale de la santé, la « femme eucharistique » est le modèle et l’inspiratrice de nos attitudes pastorales et de notre réflexion commune sur le sacrement de l’Eucharistie, et aussi de notre vie propre baptismale en lien avec ce grand sacrement. Qu’elle vous exprime mon merci pour tout ce que êtes et faites auprès de nos frères et sœurs malades, handicapés ou âgés et dépendants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PASTORALE SANTE
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[1] Première Lettre aux Corinthiens 11,29.

[2] Première Lettre aux Corinthiens 11,18.

[3] Voir l’Évangile selon saint Jean 17,21 : « Que tous soient un. »

[4] Actes des Apôtres 4,32.

[5] « Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique. »

[6] Actes des Apôtres 2,42.

[7] Concile Vatican II, Décret sur Le ministère et la vie des prêtres, Presbyterorum ordinis, n. 5.

[8] Première Lettre de saint Jean 3,1-2.

[9] Lévitiques 11,44.45 ; 19,2 ; cité dans Première Lettre de saint Pierre 1,16.

[10] En particulier dans le chapitre V de la Constitution sur l’Église : « Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48). Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour les mouvoir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces (cf. Marc 12,30), et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés (cf. Jean 13,34 ; 15,12). […] Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie ; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la vie de tant de saints l’histoire de l’Église. » (n. 40)

[11] Jean-Paul II, Lettre apostolique au terme du Jubilé de l’an 2000, Au commencement du nouveau millénaire, 6 janvier 2001, n. 31.

[12] Évangile selon saint Matthieu 5,48.

[13] C’est le titre de l’Exhortation post-synodale rédigée par le pape Benoît XVI et publiée le 22 février 2007.

[14] Évangile selon saint Jean 13,34.

[15] Livre de l’Apocalypse 3,16.

[16] Voir Lettre de saint Paul aux Romains 5,5 : « L’espérance ne déçoit pas car la charité a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

[17] Concile Vatican II, Constitution sur La sainte liturgie, 4 décembre 1963, n. 7, cité dans le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1088.

[18] Première Lettre aux Thessaloniciens 2,13. Au n. 104 du Catéchisme de l’Église Catholique, on lit ceci : « Dans l’Écriture Sainte, l’Église trouve sans cesse sa nourriture et sa force, car en elle, elle n’accueille pas seulement une parole humaine, mais ce qu’elle est réellement : la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2,13). « Dans les Saints livres, en effet, le Père qui est aux Cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ». » La dernière phrase est une citation du concile Vatican II, Constitution sur la Révélation divine, Dei Verbum, n. 21.

[19] Je vous renvoie au n. 268 du Catéchisme de l’Église catholique : « De tous les attributs divins, seule la Toute-Puissance de Dieu est nommée dans le Symbole : la confesser est d’une grande portée pour notre vie. Nous croyons qu’elle est universelle, car Dieu qui a tout créé (cf. Genèse 1,1 ; Jean 1,3), régit tout et peut tout ; aimante, car Dieu est notre Père (cf. Matthieu 6,9) ; mystérieuse, car seule la foi peut la discerner lorsqu’ »elle se déploie dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12,9 ; cf. 1 Corinthiens 1,18). »

[20] Voir à ce sujet le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 632-634.

[21] Lettre de saint Paul aux Galates 5,6.

[22] C’est ainsi que saint Paul écrit dans la Première Lettre aux Corinthiens 15,3 : « Je vous ai transmis ce que j’avais reçu moi-même. »

[23] Poésie « Pourquoi je t’aime, ô Marie », mai 1897, strophe 5.

[24] Benoît XVI, Homélie du 24 avril 2005, citée dans la Lettre Apostolique Porta fidei pour l’Ouverture de l’Année de la Foi, 11 octobre 2011.

[25] Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 3,16.

[26] Voir Isaïe 6,3.

[27] Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2809, nous lisons : « La sainteté de Dieu est le foyer inaccessible de son mystère éternel. Ce qui en est manifesté dans la création et l’histoire, l’Écriture l’appelle la Gloire, le rayonnement de sa Majesté (cf. Psaume 8 ; Isaïe 6,3). »

[28] Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2,4.

[29] Constitution sur la Liturgie, n. 8, cité par le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1090.

[30] Voir le livre de l’Apocalypse 7,9-12 ; 19,1-8.

[31] Évangile selon saint Matthieu 25,31. Le Catéchisme de l’Église catholique, au n. 335, précise : « Dans sa liturgie, l’Église se joint aux anges pour adorer le Dieu trois fois saint. »

[32] Psaume 28,9.

[33] Voir la Deuxième Lettre aux Corinthiens 2,17.

[34] Voir Lettre de saint Paul à Tite 2,13 : « En attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. »

[35] Jésus est « le sauveur du monde » ! Telle est l’affirmation qui conclut sa rencontre avec la Samaritaine, dans l’Évangile selon saint Jean 4,42. Elle est reprise dans la Première Lettre de saint Jean 4,14.

[36] Voir la Lettre aux Hébreux 4,14 : « Ayant donc un grand prêtre éminent, qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la confession de foi. » Ou encore, Hébreux 5,5 : « C’est ainsi que le Christ non plus ne s’est pas attribué à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Celui qui lui a dit : « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Psaume 2,7), conformément à cette autre parole : « Tu es prêtre pour l’éternité à la manière de Melchisédek » (Psaume 110,4). » Dans cette même Lettre aux Hébreux, en 7,26, nous lisons : « Tel est bien le grand prêtre qui nous convenait, saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, élevé au-dessus des cieux. »

[37] Cela est tellement important que cette affirmation « une fois pour toutes » se retrouve plusieurs fois dans le Nouveau Testament : Romains 6,10 ; Hébreux 7,27 ; 9,12 ; 10,9 ; 1 Pierre 3,18.

[38] Lettre aux Hébreux 5,7.

[39] Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2,4.

[40] Selon l’Évangile selon saint Jean 1,29, c’est la parole de saint Jean-Baptiste qui désigne Jésus à deux de ses disciples, dont l’un d’eux est André.

[41] Constitution sur l’Église, n. 11.

[42] Décret sur la charge pastorale des Évêques, n. 30.

[43] Première lettre de saint Jean 3,18 : « Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité. »

[44] Jean-Paul II, Encyclique sur L’Eucharistie dans son rapport à l’Église, 17 avril 2003, n. 53.