Se dévêtir pour revêtir la tenue de service – Témoignage

Se dévêtir pour revêtir la tenue de service : le pyjama du bloc opératoire

Au début du confinement, je ne me déplaçais que sur appel téléphonique venant du personnel soignant et des familles…

En accord avec la direction et les cadres, je suis revenue dans les services pour accompagner les patients dans leur demande spirituelle et religieuse. De beaux témoignages de foi et d’espérance dans ce chemin qui nous conduisait vers Pâques. Mais aussi quelle tristesse dans certains regards ; les visites n’étant plus autorisées. La seule distraction : la télévision…

Je l’ai évoqué dans le poste de soins avec un médecin, un chirurgien et l’équipe soignante. Etant déjà en lien avec la responsable de la bibliothèque de la clinique, je me suis alors proposée pour apporter un peu de rêve, de légèreté dans ces journées si longues. Je ne porte pas « la blouse jaune » des bénévoles de l’ABHR (la bibliothèque à l’hôpital), mais je me présente avec mes deux casquettes : aumônerie et bibliothèque.

Des liens déjà existants se sont renforcés avec la direction, les cadres, soignants. J’ai perçu le stress, l’angoisse, la fatigue de certains soignants qui en toute simplicité se sont confiés. Je suis touchée par tous les « MERCI », adressés par les patients aux équipes soignantes.

L’assistante sociale me fait part de l’hospitalisation de Mme X religieuse dans l’unité COVID. J’ai dû revêtir une deuxième tenue pour entrer dans ce service. Quelle délicatesse de l’infirmier et aide-soignante lors de ma première venue dans ce service, pour m’aider à revêtir la tenue de service et me rappeler les mesures barrières. J’ai pu rencontrer à deux reprises cette petite sœur des pauvres pour un temps de prière. J’ai ressenti une joie intérieure, lorsque j’ai appris qu’elle avait reçu deux visiteurs qui lui étaient proches, pour la visiter et lui apporter le chapelet déposé entre ses mains ainsi qu’un objet qui lui était familier.

Une nouvelle surprise m’attend quelques jours plus tard. Nathalie, infirmière, me voit dans les services. « Michèle tu portes tes vêtements, nous t’avons oublié ! » Et immédiatement Nathalie appelle le cadre des urgences Nicolas qui revient avec des pyjamas de bloc.

Pour la troisième fois, je revêts une nouvelle tenue. Dépouillement intérieur et extérieur qui me bouleverse pour rejoindre en ce temps de confinement le patient dépouillé de ces liens familiaux, sociaux, et pour rejoindre le personnel de la clinique qui est toujours bienveillant avec l’équipe d’aumônerie. Je n’oublie pas le personnel qui a moins de visibilité dans les services dont les hôtesses d’accueil.

Merci à toute les équipes qui entretiennent les liens par les soins curatifs, les soins de confort, et avec les familles par les tablettes numériques et autres pour apporter soulagement à celui qui est au cœur de notre visite : le patient. Le personnel dévoué, aimant son métier, quitte sa maison, revêt sa tenue de service, pour apporter avec délicatesse sa présence et les soins.

« Jésus se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu’il noue à sa ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture » Jn 13,3-5

Merci aux bénévoles qui ne peuvent pas être présents sur la clinique, aux pères Claude Lohard et Hubert de Passemar pour les liens établis entre nous par mail ou par téléphone.

 

« J’en suis sûre, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants » Ps 26,13
Michèle Besnard – RDAH – Rennes – aumônier au Pôle Privé Sévigné