Parole de Mgr d’Ornellas : Dignité, liberté et responsabilité

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°283, février 2017.

Connaissez-vous la « Doctrine Sociale de ’Église » ? Elle a mûri au long des années. Elle est remplie d’une vision sur l’homme et sur la femme. Cette vision s’est sans cesse éprouvée auprès de pensées humaines surgissant au long des siècles. À leur contact, elle s’est enrichie de tout ce qui y paraît conforme à la dignité humaine et en rejetant ce qui lui est opposé.

Cette vision a une colonne vertébrale que l’on trouve dans la fameuse affirmation de la Bible : l’homme est « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Genèse 1,27). En termes si concis, rien ne dira jamais mieux l’inouï de la dignité de chaque être humain. Celle-ci lui mérite le nom de « personne ».

Voilà la première lumière de la Doctrine Sociale de l’Église : tout être humain, quel qu’il soit dès qu’il est conçu et lorsqu’il est en fin de vie, porteur de handicaps ou non, fragilisé par les blessures de la vie ou non, a une dignité inaliénable et inviolable. L’Église s’en fait le prophète quand les hommes cherchent à construire les liens sociaux pour vivre ensemble de façon juste et paisible. L’égalité ne s’explique qu’à partir de cette commune dignité. La fraternité aussi.

La Bible explicite cette dignité quand elle reconnaît que Dieu « a laissé l’homme à son propre conseil » (Ecclésiastique 15,14). Il s’agit ici de la liberté. Elle est l’apanage de l’être humain. Impossible de manifester la dignité humaine sans se faire le héraut de sa liberté ! Inutile de penser une organisation sociale sans respecter cette si chère liberté !

Nous sommes tous responsables du respect intégral de la dignité de chaque être humain.

Voilà une seconde lumière de la Doctrine Sociale de l’Église : la liberté est à respecter, car « c’est toujours librement que l’homme se tourne vers le bien (1) ».

Ce texte biblique en dit long sur la liberté. Dieu n’attache pas l’homme à lui en le guidant malgré lui, il n’est pas dans l’assistanat. Il ne l’invite pas à faire tout et son contraire, il n’est pas dans le libéralisme. La liberté réside dans la capacité qu’a la personne d’exercer son « conseil », c’est-à-dire sa propre raison. Celle-ci a mission de discerner ce qui est juste et bon.

La défense de la dignité humaine conduit à reconnaître l’intelligence des êtres humains, à lui faire confiance, à lui donner les moyens de se former, de réfléchir et de discerner, quelles que soient ses aptitudes intellectuelles. Ici, l’intelligence est plus vaste que les simples capacités cognitives que manifesteraient des diplômes.

Si l’être humain est ainsi, alors il exerce une responsabilité. Celle-ci n’est pas une liberté arbitraire d’exploitation. Au contraire, l’homme est appelé à exercer sa responsabilité vis-à-vis d’autrui et de la création. Voyant leur valeur propre, il en est responsable. Voilà une troisième lumière.

Contrôler cette responsabilité, c’est nier la personne. L’honorer, c’est permettre à la personne de reconnaître où et comment elle peut et doit l’exercer : vis-à-vis d’elle-même, des plus fragiles, de la création et de ses écosystèmes. Une société sans responsabilités est folle. Tous, en son sein, sommes responsables du respect intégral de la dignité de chaque être humain.

1/ Concile Vatican II, Gaudium et spes, n. 17.