Parole de l’Évêque – Les trois choix de François

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°354 – Septembre 2023

Aux JMJ de Lisbonne, le pape François a prononcé un discours pour les évêques, les prêtres, les consacrés et les acteurs pastoraux de l’Église au Portugal. Voici quelques extraits :

« Jeter de nouveau les filets et étreindre le monde avec l’espérance de l’Évangile : c’est à cela que nous sommes appelés ! Ce n’est pas le moment de s’arrêter, d’abandonner, d’amarrer la barque sur le rivage ou de regarder en arrière. Nous n’avons pas à fuir ce moment parce qu’il nous ferait peur et nous réfugier dans des formes et des styles du passé. Non, c’est un temps de grâce que le Seigneur nous donne pour nous aventurer sur la mer de l’évangélisation et de la mission.

Pour ce faire, nous avons besoin de faire des choix. Je voudrais indiquer trois choix, inspirés par l’Évangile.

Tout d’abord, avancer au large. Cette magnanimité. Ne soyez pas pusillanimes ! Avancez au large. Pour jeter à nouveau les filets à la mer, il est nécessaire de quitter le rivage des déceptions et de l’immobilisme, de nous éloigner de cette tristesse douceâtre et de ce cynisme ironique qui nous assaillent face aux difficultés. Examinons notre conscience à ce sujet. Récupérer l’espérance, une deuxième édition de l’espérance ; l’espérance mûrit, l’espérance qui vient après l’échec ou la fatigue. Il n’est pas facile de récupérer l’espérance adulte. Cela est nécessaire pour passer du défaitisme à la foi, comme Simon qui, après avoir peiné toute la nuit pour rien, dit : “Sur ta parole, je vais jeter les filets » (Luc 5,5). Mais pour faire confiance chaque jour au Seigneur et à sa Parole, les mots ne suffisent pas, beaucoup de prière est nécessaire. Et là, je voudrais vous poser une question, que chacun réponde en lui-même : comment est-ce que je prie ? Comme un perroquet, ou en faisant la sieste devant le Tabernacle parce que je ne sais pas parler au Seigneur ? Est-ce que je prie ? Comment je prie ? Ce n’est que dans l’adoration, devant le Seigneur, que l’on retrouve le goût et la passion de l’évangélisation.

Puis, mener ensemble la pastorale, tous ensemble. Dans le texte, Jésus confie à Pierre la tâche d’avancer au large, mais il parle ensuite au pluriel en disant “jetez les filets″ (Luc 5,4) : Pierre conduit la barque, mais tous sont dans la barque et tous sont appelés à jeter les filets. Lorsqu’ils prennent une grande quantité de poissons, ils ne pensent pas y arriver tout seuls, ils ne considèrent pas le don comme une possession et une propriété privée, mais, dit l’Évangile, “ils font signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider » (Luc 5,7). Ils ont rempli ainsi deux barques de poissons. Un signifie solitude, fermeture, prétention à l’autosuffisance ; deux signifie relation. L’Église est synodale, elle est communion, entraide, chemin commun. Il doit y avoir de la place pour tous.

Enfin, le troisième choix : devenir pêcheurs d’hommes. N’ayez pas peur. Ce n’est pas faire du prosélytisme, c’est la proclamation de l’Évangile qui interpelle. Dans cette belle image de Jésus – être pêcheurs d’hommes –, Jésus confie aux disciples la mission de prendre le large sur la mer du monde. Souvent, dans l’Écriture, la mer est associée au lieu du mal et des puissances adverses que les hommes ne parviennent pas à maîtriser. Par conséquent, “pêcher″ les personnes et les sortir de l’eau, c’est les aider à se relever de là où elles ont sombré, les sauver du mal qui risque de les engloutir, les ressusciter de toutes les formes de mort. Et cela, sans prosélytisme, mais avec amour. L’Évangile est une annonce de vie sur la mer de la mort, de liberté dans les tourbillons de l’esclavage, de lumière dans l’abysse des ténèbres. »