Parole de l’Évêque – L’unité est un don, une joie et un chemin

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°358 – Janvier 2023

L’unité est un don et une joie. La division entraîne rancœur, amertume, jalousie, discorde durable, blessure, car chacun se justifie d’avoir enclenché la division. Au contraire, l’unité permet de se découvrir différents en nous enrichissant de ces différences, pourvu qu’elles soient accueillies comme des richesses humaines et spirituelles. L’unité s’édifie sur la considération réciproque que chacun a de l’autre, considération pleine de respect, de délicatesse et d’attention, dans la paix.

Cela est vrai du couple. Se préparer au mariage, c’est apprendre à vivre cette unité comme un chemin de liberté et de joie dans l’amour, en prenant soin de cette considération mutuelle l’un pour l’autre. Certes, il est beau de s’aimer, mais il est plus important de prendre soin de la relation qu’entretiennent ceux qui s’aiment. En prendre soin avec douceur en s’écoutant en vérité et en se parlant, en en prenant le temps, ce qui permet, si nécessaire, le pardon.

 L’unité est aussi un chemin. Cela est vrai à propos des Églises chrétiennes ! Les chrétiens sont divisés, hélas ! Cela a commencé en 1054 avec la séparation entre les latins et les orientaux. Avant cette date, il faut évoquer les Églises chrétiennes qui ont refusé le Concile de Chalcédoine en 451 ; ce sont les Églises dites « préchalcédoniennes », comme l’Église en Éthiopie par exemple. Dans le monde latin, une division est née avec Luther en 1517. Puis ce fut la division avec l’Église d’Angleterre sous Henri VIII en 1534. Puis … tant de nouvelles communautés chrétiennes aux dénominations variées sont nées et naissent aujourd’hui, souvent englobées sous le titre d’évangéliques. Enfin, entre catholiques, le schisme provoqué par Mgr Lefebvre en 1988 a suscité une autre division.

Comment guérir de ces divisions ? En recevant de Dieu la grâce de désirer l’unité, celle que le Christ a voulue pour son Église. Pour cela, il faut humblement la demander. Désirer l’unité en regardant le Christ qui, seul, est mort sur la Croix pour sauver l’humanité. Saint Paul n’a-t-il pas cette exclamation devant les divisions à Corinthe : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Corinthiens 1,13) Bref, pour avancer sur le chemin de l’unité, rien ne convient mieux que d’approfondir sa relation au Christ et d’éprouver qu’il a livré sa vie pour « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11,52), pas seulement les chrétiens de sa propre confession chrétienne.

Alors, il est possible de s’écouter entre chrétiens de confessions différentes et de se parler en vérité, « avec douceur et respect » (1 Pierre 3,16). Apprendre les uns des autres qui est le Christ, comment mieux L’aimer et témoigner de Lui dans le monde d’aujourd’hui. Lire ensemble les Écritures, et prier ensemble, ouvrent des chemins d’unité.

 La foi chrétienne invite à l’amour (Matthieu 22,39). Elle pousse à aimer comme le bon Samaritain. Aimer en servant les personnes fragiles, pauvres, exclues. Le faire ensemble, chrétiens de confessions différentes, sans jalousie entre l’institution caritative de l’un et celle de l’autre, voilà qui balise un chemin vers l’unité !

Enfin, il est bon de chercher dans sa confession chrétienne quels sont les éléments qui me rapprochent le plus de Dieu et qui me sanctifient. Car Dieu veut que nous devenions des saints (Éphésiens 1,4). Si chacun se laisse sanctifier par les moyens que lui offre sa Tradition, cela augure des rencontres entre saints de diverses confessions chrétiennes. Ces rencontres, comme celle des martyrs, ouvrent les yeux sur « l’unique Église du Christ » (concile Vatican II), une et sainte.

Durant la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, du 18 au 25 janvier, prions tous pour l’unité entre les chrétiens qu’un seul Baptême et qu’une même filiation divine relient.