Parole de l’Évêque – La Parole de Dieu

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°337 – Février 2022

Au mois de janvier, j’ai tenu à vous parler de la proposition de loi visant à allonger le délai de l’avortement. En effet, notre société française va, par le biais de la loi, vers une banalisation de l’avortement. Or, il est fondamental de promouvoir l’accompagnement des femmes – et de leurs proches – confrontées à l’idée de l’avortement, plutôt que de promouvoir l’avortement.

Les disciples de Jésus ont vocation à être experts dans l’art de l’accompagnement : sans jamais juger les personnes, en ayant toujours une écoute offerte, attentifs à discerner ce qui concourt au bien, habités par l’amour inconditionnel et éclairés par la lumière de la foi, ils peuvent « accompagner avec miséricorde » selon l’indication de la Lettre Pastorale Afin que vous débordiez d’espérance.

Du coup, je n’ai pas pu évoquer le Dimanche de la Parole que le pape François a proposé à toute l’Église, le troisième dimanche du Temps Ordinaire de la liturgie, c’est-à-dire le Dimanche 23 janvier.

La proposition de ce Dimanche vient d’une forte intuition : mettre la Parole de Dieu au cœur de la vie de notre Église. En avoir le souci de telle sorte que nous nous déterminions à prendre du temps pour la lire, la scruter, la méditer. De telle sorte aussi que nous osions en proposer la lecture à d’autres.

Peut-être serez-vous intéressés que je vous rappelle l’enseignement de l’Église à ce sujet.

D’abord au concile Vatican II, dans la Constitution sur la Révélation divine et sa transmission, nous lisons ce très beau texte : « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. »

Cela a toujours été la ligne de force de l’Église : « Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Écritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des Apôtres la voix de l’Esprit Saint. »

Aussi, les évêques au Concile en déduisent : « Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et guidée par la sainte Écriture. »

En effet, « dans les saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la solidité de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. »

Alors, à la fin vient l’exhortation : « Le saint Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous les fidèles du Christ, et notamment les membres des ordres religieux, à acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures, « la science éminente de Jésus Christ » (Philippiens 3,8). « En effet, l’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ » (saint Jérôme). »

Le Dimanche de la Parole est passé, mais pas le temps de lire un passage de la Bible. Ni non plus le temps de ruminer un verset de la Bible qui nous parle profondément et qui nous nourrit. Je vous encourage tous à partager ensemble les textes de l’Écriture sainte, de vous écouter les uns les autres dans les petites fraternités de la Parole, de prier l’Esprit Saint pour qu’il donne sa lumière. Une double règle est importante pour lire l’Écriture sainte : d’une part, la lire à la lumière de la foi en Dieu qui s’est pleinement révélé en Jésus, mort et ressuscité. D’autre part, la lire pour que grandisse la charité selon le commandement de Jésus.