« Saisi de compassion, Jésus étendit la main » Homélie 11 février 2018

Marc 1, 41 : Saisi de compassion, Jésus étendit la main,

 6è dimanche ordinaire b 2018

Vous avez peut-être vu ce très beau film : intouchables, paru il y a 5-6 ans. L’évangile vient de nous parler des intouchables au temps de Jésus, en particulier les lépreux. Ils étaient complètement exclus de la communauté. Ils ne pouvaient plus vivre avec leurs proches, ne pouvaient pas se marier ni avoir des enfants. Il leur était interdit de participer à une fête religieuse ou à toute activité sociale. Ce qu’on considérait comme la lèpre, c’était aussi toutes les maladies de peau, qui les rendaient répugnants, contagieux et impurs. Ils devaient eux-mêmes annoncer leur exclusion quand quelqu’un approchait d’eux, en criant : impur, impur ! comme le disait la première lecture du livre des Lévites. Bref, ils se sentaient complètement abandonnés de Dieu et des humains.

Dans les évangiles, on voit que le combat de Jésus sera de réintégrer dans la communauté tous les intouchables de son temps, tous les infréquentables de son temps. Ce sera sa passion… Il touche les prostituées, il se laisse caresser les pieds en public par les cheveux parfumés d’une pécheresse. Il laisse repartir la femme adultère sans la lapider. Il impose les mains aux possédés dont on avait peur. Il côtoie les samaritains, ces hérétiques, et fait l’éloge de leur compassion… Et Jésus finira comme il a vécu, en compagnie de deux voleurs dont l’un sera son premier invité au paradis.

Alors la transposition est facile pour nous aujourd’hui : être disciple du Christ, c’est faire l’expérience du même amour pour les intouchables de notre temps, et ils sont nombreux  : Ce sont les SDF, 200.000 en France aujourd’hui, qui hantent toujours les couloirs de nos métros, de nos rues. C’est toute une vision du monde à reconstruire. Et ça commence pour nous tout simplement par une relation très humaine avec eux, un sourire partagé, une parole échangée.

Les prostituées du temps de Jésus n’ont pas disparu. Ce sont aujourd’hui toutes ces jeunes femmes victimes du trafic venant d’Afrique et des pays de l’Est. Et on peut saluer toute l’action menée auprès d’elles par le mouvement « Le Nid ». Comme Jésus, le Nid les accueille sans condition, sans leur poser de questions, sans préalable. En cette journée des malades, on pense bien sûrs aux malades. Et je pense particulièrement aux malades psychiatriques. De qui sont-ils encore les compagnons de route, quand leurs familles ont souvent renoncé à les voir, à les visiter

Et puis les migrants. Calais fait régulièrement la une de l’actualité. La cohabitation est difficile avec eux, et aussi entre eux. Le risque est grand pour nous de ne voir que les problèmes générés par cet exode sauvage. On pourrait continuer cette litanie des misères lépreuses, qui mettent aujourd’hui beaucoup de gens au ban de la pureté sociale. Face à toutes ces misères, on peut se cantonner dans une indifférence polie, comme ne cesse de le répéter le Pape François. Alors, il nous invite à passer d’une culture du rejet à une culture de la rencontre. Mais comment ? Si nous le faisons en vérité, si nous le vivons en vérité, nous vivrons sans doute la même expérience d’assimilation que fut celle du Christ.

Lorsqu’il va manger chez Zachée, on l’assimile aux gloutons. Lorsqu’il transgresse la loi juive en fréquentant les impurs, on murmure qu’il est possédé par Belzéboul. « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ». Les gens bien se retrouvent souvent avec les gens bien. Les pauvres se retrouvent souvent avec les pauvres. Le Christ fait voler en éclat cette consanguinité sociale et spirituelle. Il se mélange avec tous les milieux, surtout les moins considérés. Il le fait avec tant de liberté et d’audace qu’il choque, et qu’il finit par devenir l’un d’entre eux.

Et l’évangile d’aujourd’hui le dit fort bien : Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. C’était précisément la condition des lépreux que d’éviter les lieux habités et de se tenir à l’écart ! A fréquenter les lépreux, Jésus est devenu comme eux : impur, infréquentable. Le disciple du Christ – donc chacun, chacune de nous – qui s’engage sur ce chemin des parias doit savoir que tôt ou tard cela rejaillira sur sa vie, sa famille, le regard des autres. A la fin de sa vie, Jésus sera traité de blasphémateur, de transgresseur de la loi juive. Il sera crucifié entre deux brigands, car il est devenu l’un des leurs, et traité en conséquence.

Pour nous, ne rêvons pas d’un combat facile contre l’exclusion. Il y a toujours un effort, un engagement à prendre pour nous laisser façonner par la solidarité avec les lèpres de notre temps, pour les embrasser, pas simplement avec le bout des lèvres. Et cet engagement peut transformer une vie : c’est Mère Térésa qui quitte son collège de riches pour aller habiter au milieu des mourants ; c’est François d’assise qui, après avoir embrassé un lépreux sur sa route, décide d’épouser dame pauvreté.

Frères et soeurs, la parole de Dieu de ce dimanche nous fait cette invitation pressante : soyons de ceux qui fréquentent les infréquentables, soyons de ceux qui touchent les intouchables, sans peur de le devenir à notre tour. Et soyons sûrs que la guérison du Christ déclare purs tous ceux que l’on considère comme impurs autour de nous. Pendant le Carême, qui débute mercredi prochain avec les Cendres, nous vous proposerons à partir de dimanche prochain le petit livret de carême du CCFD, qui nous aidera à laisser résonner à nos oreilles et à notre cœur ces mots tout simple :

  • s’approcher,
  • se laisser toucher,
  • se lier,
  • se donner,
  • s’élever.

Que Notre-Dame de Lourdes, que nous fêtons aujourd’hui, nous y aide !
Et en ce dimanche, nous voulons rendre grâce pour tout ce qui s’est vécu dans les fraternité synodales. Nous écoutons le témoignage de l’une d’entre elle….

 

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

Retrouvez tous les horaires des célébrations sur www.messes.info

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