« Oui, nous croyons, mais avons-nous la foi ? »

5e dimanche de carême. « Avons-nous des croyances ou avons-nous la foi? Croyons-nous en Jésus qui sauve et nous fait vivre ? Est-ce que notre foi en Jésus détruit la mort ? » Pierre Rivalan, diacre, invite à se poser ces questions, dans son homélie des samedi 25 et dimanche 26 mars 2023, en lien avec l’évangile de la résurrection de Lazare.

« Dieu a secouru », c’est la traduction en hébreu de Lazare. Cet épisode de la résurrection de Lazare nous montre une situation très concrète. Une fratrie avec un homme et deux femmes. Des amis de Jésus. Jésus entretient une relation avec cette famille humaine qu’il connaît bien. Mais voilà, Lazare est malade, celui que Jésus aimait.

Nous voyons la réaction des gens au chevet de Lazare, et la tristesse de ceux qui l’entourent quand il s’endort dans la mort. Y compris dans le comportement de Jésus qui, en pleurant la mort de son ami, nous montre la sensibilité de Dieu et sa compassion.

Croyons-nous à la résurrection après la mort ou avons-nous la foi? Croyons-nous en Jésus qui sauve, en ce Dieu qui en nous, nous fait vivre?

Mais je pense également que l’objectif de Jésus, dans cet épisode de la vie de Lazare, c’est de nous parler de la différence et du lien entre croyance et foi. Oui, nous croyons, mais avons-nous la foi ?

Croyons-nous à la résurrection après la mort ou avons-nous la foi? Croyons-nous en Jésus qui sauve, en ce Dieu qui en nous, nous fait vivre? Est-ce que notre foi en Jésus détruit la mort ? Avec Jésus en nous, plus de mort, mais une vie qui ne finit jamais.

En ce jour, où nous célébrons l’Annonciation, nous pouvons nous demander: est-ce que je réponds à l’ange du seigneur, et ainsi, comme Marie, je vis toujours. Comment j’accueille la vie en moi ? Comment je réponds à l’appel du Christ qui est la vie?

Bien sûr que nous parlons de résurrection dans cet évangile. Car c’est la mort ou le péché qui nous éloigne de la vie. Nous coupe de cette vie et nous avons tous besoin d’être secourus. Bien sûr qu’il y a de la tristesse au moment de la séparation avec un être cher. Bien sûr que la relation change quand il n’y a plus la présence réelle de la personne décédée.

Mais au temps de Jésus, les Juifs avaient des croyances. Ils croyaient ce que les Écritures disaient. Selon la croyance juive, l’âme du défunt rôdait encore pendant trois jours autour de son corps avant de s’en aller au lieu des Morts. C’était le grand voyage, le départ vers le ciel, vers Dieu. Ils séparaient la vie terrestre de la vie en Dieu.

Jésus connaît les croyances des juifs, mais il veut leur montrer autre chose. Pas simplement qu’il fait des miracles, mais qu’il est bien homme et Dieu…

Jésus arrive quatre jours après le décès, montrant ainsi que Lazare était vraiment mort aux yeux des Juifs. Jésus ne se trouvait pas loin du lieu où se trouvait Lazare. Béthanie étant proche de Jérusalem, Jésus savait qu’il y aurait des Juifs à venir voir ce qu’il ferait.

Jésus connaît les croyances des juifs, mais il veut leur montrer autre chose. Pas simplement qu’il fait des miracles, mais qu’il est bien homme et Dieu. Il veut, par son action, montrer comment il vient et il viendra après sa propre mort et sa résurrection secourir l’homme.

En intervenant le quatrième jour, il efface les croyances et l’interprétation de la loi par les juifs. Il intervient dans le lieu de la mort inaccessible à l’homme. C’est la démonstration qu’il est bien homme et en même temps Dieu. C’est bien lui le sauveur du monde. « Je suis la résurrection et la vie. »

Dans ce texte, la gloire de Dieu se manifeste en Jésus par le geste de la résurrection de Lazare, mais aussi par cette révélation qu’il fait à Marthe. C’est la foi en Jésus qui garantit la résurrection et la vie éternelle.

Dans ce texte, l’accent de l’évangéliste porte non pas sur Lazare mais sur Marthe. C’est elle qui tient le rôle principal dans ce récit, dès le v. 5. C’est à elle que s’adressent les paroles de Jésus. Il lui explique que la maladie de Lazare n’est pas mortelle pour celui ou celle qui croit en lui. « Je suis la résurrection et la vie, qui croit en moi, fut-il mort, vivra » (v. 25). Pour les chrétiens de la communauté johannique, la gloire de Dieu, qui s’est manifestée lors de la résurrection de Jésus, se manifestera à nouveau pour chaque personne qui croit en Lui.

Dans ce texte, la gloire de Dieu se manifeste en Jésus de deux façons : par le geste de la résurrection de Lazare, mais aussi par cette révélation qu’il fait à Marthe. C’est la foi en Jésus qui garantit la résurrection et la vie éternelle. C’est lui qui fait vivre (Jn 5,21.25.28) ! Il est la vie parce que son Père la lui a donnée (Jn 5,26) et qu’il la communique aux hommes (Jn 10,10.28). Le signe présent dans ce texte est celui de la vie éternelle donnée par Jésus à celui qui croit en lui.

Dieu vient redéfinir la seule croyance qui fait vivre, c’est la foi. Dans la révélation de Dieu en Jésus, dans son incarnation, Dieu vient nous révéler qu’il n’y a pas de distinction entre Dieu et le projet de Dieu pour l’homme. C’est le même projet. C’est le chemin de sainteté que Dieu nous propose pour être Lui en nous et nous en lui. C’est dans notre Baptême, dans l’esprit de Jésus que nous recevons, que nous recevons la vie.

Dieu vient nous révéler qu’il n’y a pas de distinction entre Dieu et le projet de Dieu pour l’homme […]. C’est le chemin de sainteté que Dieu nous propose pour être Lui en nous et nous en lui…

C’est ce que nous dit la première lecture: « Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez ». Le psaume, quant à lui, nous rappelle que c’est « Près du seigneur que se trouve l’amour. Près de lui abonde le rachat. » Dans la deuxième lecture, encore une fois, saint Paul nous le rappelle: « L’esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous ». Et enfin cet Évangile qui nous dit : « Je suis la résurrection et la vie »
Voilà le vrai message de ce jour dans ces textes : « la Foi ».

Tous les jours de ce temps de carême, nous avons pu nous reposer et nous reposer cette question: est-ce que j’ai des croyances ou est-ce que j’ai la foi ? Est-ce que c’est Jésus mon Seigneur ou je ne sais quelle passion ou idole ? Le chemin vers Pâques, c’est le chemin vers Dieu. Nous approchons de la vraie lumière. Nous attendons, comme le peuple de Dieu a attendu, et attend encore celui qui est.

Jésus vient nous dire: « Sors, viens à moi que j’enlève tes bandelettes. Les bandelettes de la peur. Les bandelettes de la violence, de la souffrance, de la crainte. Les bandelettes de mes fausses croyances…

Frères et sœurs, nous sommes tous ou nous avons été comme Marthe et Marie: c’est-à-dire un peu dans le monde et un peu près de Dieu comme Lazare, malade. Nous avons tous nos petits bobos. Jésus vient délicatement, jour après jour, nous dire : Sors, viens à moi que  j’enlève tes bandelettes. Les bandelettes de la peur. Les bandelettes de la violence, de la souffrance, de la crainte. Les bandelettes de mes fausses croyances.

Jésus appelle chaque baptisé, à s’approcher de lui pour le délivrer. Nous faire sortir de nos tombeaux. De nous racheter et ainsi renouveler l’esprit qui est en nous. Ayez foi en moi comme j’ai foi en vous, et ainsi nous serons unis à Dieu dans le Christ.

Pierre Rivalan,
diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande

Retrouvez notre galerie de photos de la messe du dimanche 26 mars 2023 à l’église de Plélan, animée par le chœur diocésain d’Ille-et-Vilaine en cliquant ici :
https://flic.kr/s/aHBqjAxJWC