« Ne soyons pas distraits, restons vigilants »

MÉDITATION DE LA PAROLE 

À l’approche de la fin de l’année liturgique et de l’entrée dans l’Avent, Pierre Rivalan, diacre permanent, invite à rester dans l’espérance du Sauveur qui vient. « Il est en nous et nous sommes en lui. Avec lui et en lui, nous porterons du fruit. »
À l’approche de la fin de l’année liturgique et de l’entrée dans l’Avent, Pierre Rivalan, diacre permanent, invite à rester dans l’espérance du Sauveur qui vient. « Il est en nous et nous sommes en lui. Avec lui et en lui, nous porterons du fruit. »

33E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A). À deux semaines de l’entrée dans l’Avent, Pierre Rivalan, diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande, invite, dans son homélie des 18 et 19 novembre 2023, à rester « sobres et vigilants ».

En méditant sur ces textes, je me suis posé ces questions:

Comment, en partant de la femme parfaite, j’arrive à la parabole des talents ? Comment faire pour porter du fruit ? Qu’est-ce que cela veut dire porter du fruit aux yeux de Dieu ?

Si nous regardons les thèmes ou ce qui ressort des textes aujourd’hui.
Nous avons :
« Une femme parfaite, qui la trouvera ? » dans le livre des Proverbes.
Comment trouver l’Amour, Dieu et le bonheur?

« Heureux qui craint le seigneur ! » dans le psaume 127.
La crainte du Seigneur, qu’est-ce que cela signifie ?

« Vigilance et sobriété dans l’attente du jour du Seigneur » dans la lettre de saint Paul.
C’est quoi la vigilance et la sobriété ?

Et enfin :
« Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit », dans l’Évangile de Matthieu. Comment je vois Dieu présent dans ma vie de tous les jours ? Celui qui met Dieu dans sa vie portera-t-il forcément du fruit?

Ces textes sont comme un chemin à suivre :
Le sens de la vie de l’homme sur terre.

La première lecture nous montre cette dimension juste de la femme qui a confiance dans la vie, et se met au service de celle-ci…

J’ai envie de partir avec cette dimension de la femme qui donne la vie.
C’est vrai que sans la femme, pas de vie humaine.
C’est donc le premier fruit qui nous est donné.
Sans Marie, Jésus, Dieu incarné ne serait pas arrivé.

Dans ce livre des Proverbes, il nous est également dit qu’il ne faut pas se tromper avec la femme.
« Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange. »

Comme si la femme était une prière.
Cette prière qui nous permet d’entrer en relation avec Dieu.
La relation de la femme avec Dieu est comme un exemple de l’accueil de la vie.

Qu’est-ce que nous pouvons voir de la femme? C’est la porte du ciel.
C’est cette attitude, cette sensibilité qui nous ouvre à l’accueil de Dieu là-haut.

La dimension féminine pourrait si je puis dire représenter la partie de Dieu qui nous ouvrira à la vie qui donnera du fruit. La beauté de la femme est comme un signe de Dieu pour voir la Beauté du Ciel. Quelque chose qui peut nous éblouir si nous regardons que cela.

Mais il y a autre chose.
Il faut regarder bien sûr, ce que fait la femme dans le quotidien pour y voir la cohérence du schéma de la vie de l’homme sur terre. Elle est bien sûr au service. « Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. »

Jésus est venu sur terre pour nous dire ce chemin. Il vient en Marie, nous exprimer la féminité de Dieu…

N’est-ce pas notre mission sur terre ?
Comment ne pas vous parler ce week-end de la journée mondiale pour les pauvres et de la journée nationale du Secours catholique !!

Oui, notre mission sur terre est l’orientation vers l’autre.
L’accueil du plus pauvre. Tendre la main au malheureux.

Nous pouvons aujourd’hui regarder la féminité, dans cette dimension de l’accueil. De ces doigts qui s’ouvrent. De cette main que nous pouvons tendre pour nous approcher de l’autre. S’approcher comme une mère qui prend son enfant dans les bras.

Nous arrivons à la fin de notre année liturgique, mais nous allons très bientôt rentrer dans le temps de l’Avent.

Jésus est venu sur terre pour nous dire ce chemin. Il vient en Marie, nous exprimer la féminité de Dieu.

Dans ce temps de l’Avent, nous aurons le temps de regarder cette féminité de Dieu. Comment la femme accueille en elle la vie, qui donne du fruit? Comment chacun de nous peut ouvrir son cœur comme berceau de l’Amour?

Voilà comment nous pouvons en la femme parfaite, trouver le chemin d’Amour.
Cette première lecture nous montre cette dimension juste de la femme qui a confiance dans la vie, et se met au service de celle-ci.

Quand Dieu nous a donné la vie, ce n’est pas pour que nous soyons esclave de la loi. Ce n’est pas pour mettre nos talents dans la terre et attendre la fin du monde…

Dans le psaume, nous voyons ensuite l’ouverture au bonheur.
« Heureux qui craint le Seigneur. » Cette dimension de la crainte peut être souvent mal comprise ou mal interprétée.

Pour essayer de comprendre, nous pouvons regarder l’Évangile. Et particulièrement la troisième personne, à qui le Maître remet ces talents. Regardons comment il accueille les talents qui lui sont donnés ? Nous pourrions dire que pour lui, craindre le Seigneur se traduit par une peur. « Je savais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. »

Ce serviteur, comme peut-être certains d’entre nous, voit Dieu comme quelqu’un qui punit, si nous ne respectons pas les règles. Longtemps, ce schéma a été pris pour l’éducation des enfants. L’éducation par la règle et la répression.

Comme s’il fallait enfermer l’homme dans les règles, dans la loi. Cela vous dit sûrement quelque chose ?

Jésus l’a souvent fait remarquer aux pharisiens. La loi ne doit pas nous enfermer, elle doit nous permettre de trouver le chemin.

Ce serviteur se sent comme esclave du Maître. La crainte est perçue comme punitive. Si tu ne respectes pas la loi, tu seras puni et Dieu te jettera dans le feu.

Dans ces conditions, le serviteur ne trouvera pas le bonheur. Il ne trouvera pas la femme parfaite.

Le Maître nous invite évidemment à autre chose.

Quand Dieu nous a donné la vie, ce n’est pas pour que nous soyons esclave de la loi. Ce n’est pas pour mettre nos talents dans la terre et attendre la fin du monde. Ce n’est pas pour entendre ce que nous entendons parfois aujourd’hui.

Pourquoi donner la vie aujourd’hui ?
Est-ce bien de faire des enfants en 2023 ?

Bien sûr que oui, il nous invite toujours à produire du fruit. Il nous a donné la responsabilité de poursuivre la création, pour notre salut.

Alors c’est vrai que cela peut nous paraître dur ou exigeant. Mais il nous dit également qu’il a confiance en nous.

C’est cela la crainte du Seigneur.

C’est prendre conscience qu’il sera toujours avec nous si nous le mettons dans notre vie. Cette alliance, cette proximité avec Dieu est comme confondue à notre vie. Le projet de Dieu se trouve en nous et nous en lui.

« Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. »

Voilà comment dans une relation d’Amour nous pouvons porter du fruit.

Le Maître quand il reviendra nous rejoindre, nous redonnera la plénitude de cet Amour.

En cette journée du Secours catholique, restons vigilants et sobres pour pouvoir accueillir le pauvre et que le pauvre accepte cette main tendue…

Mais attention, nous dit saint Paul. Il faut veiller.
Vigilance et sobriété dans l’attente du jour du Seigneur.
Qu’est-ce que Paul veut nous dire par cela ?

Eh bien si vous voyez la femme simplement comme un mannequin, comme un objet de plaisir, comme une servante réduite aux taches ingrates ; si vous vous comportez dans le monde sans craindre le Seigneur. C’est-à-dire penser simplement à ces plaisirs, séduit par ce qui nous éloigne de Dieu.

Alors bien sûr quand le malheur ou l’épreuve arrivera, vous serez dans les ténèbres. Vous ne serez pas disponible pour accueillir le Maître. Ne restons pas endormis, ne soyons pas distraits, mais restons vigilants et restons sobres.

Encore une fois, en cette journée du Secours catholique, restons vigilants et sobres pour pouvoir accueillir le pauvre et que le pauvre accepte cette main tendue.

Si nous voyons le pauvre seulement comme dans sa pauvreté, nous pouvons passer à côté d’une vraie relation. Si nous voyons en ce pauvre la présence de Dieu, alors tout est possible.

La sobriété nous permet de rester vigilants.
Il faut regarder ce que cela veut dire. C’est quoi rester sobre ? C’est quelqu’un qui mange ou boit avec modération et en particulier, qui boit peu de boissons alcoolisées.

Alors nous pourrions dire que comme la beauté de la femme, la boisson alcoolisée prise dans l’abus, avec excès nous écarte de Dieu.

La crainte nous invite à la prière, c’est-à-dire à la relation intime avec Dieu. La sobriété manifeste notre attention à rester sur les réalités terrestres tout en y voyant la présence de Dieu.

Voilà, je pense que je suis arrivé en partant de la femme, de la dimension féminine, à trouver comment porter du fruit. Reconnaître Dieu notre créateur comme un Père et une mère qui nous accompagne pour nous éduquer au salut.

Dieu nous appelle à poursuivre sa création.
Il nous a donné son fils en Marie.

Restons toujours dans cette espérance du sauveur qui vient […]. Il est en nous et nous sommes en lui. Ensemble, avec lui et en lui, nous porterons du fruit

Dans cette Eucharistie, pensons à ce temps qui arrive. Ce temps de l’Avent qui nous prépare à accueillir cette vie dans la féminité de Dieu. Que Marie la femme parfaite, nous accompagne sur ce chemin.

Que notre crainte de Dieu se transforme en milliers de cadeaux pour nos frères dans la foi. Que l’accueil de Jésus, dans la féminité de Marie permettent à chacun de trouver le chemin de la paix pour notre monde.

Aujourd’hui, le monde peine à trouver cette femme parfaite. Il ne craint plus Dieu. Je ne parle pas de la sobriété dans ce monde de consommation. Et des multiples pauvretés qui se manifestent.

Mais restons toujours dans cette espérance du sauveur qui vient. Soyons attentifs et préparons-nous tous les jours à accueillir la vie. Ainsi quand le Maître sera de retour, nous serons là. Car il est en nous et nous sommes en lui. Ensemble, avec lui et en lui, nous porterons du fruit.
Amen.

 

 

 

Pierre Rivalan,
diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande