La Transfiguration, un avant-goût de la résurrection

2E DIMANCHE DU CARÊME. Par sa Transfiguration, Jésus invite Pierre, Jacques et Jean, ses disciples, à découvrir qui il est et quelle est sa mission sur terre… L’homélie de Pierre Rivalan, diacre de la paroisse Saint Judicaël en Brocéliande, des 24 et 25 février 2024.

«Ne sommes-nous pas comme les apôtres du récit de la Transfiguration ? N’avons-nous pas du mal à croire, à comprendre ? Ne manquons-nous pas de foi ?» demande Pierre Rivalan, diacre, dans son homélie en ce 2e dimanche du carême (photo archives).
«Ne sommes-nous pas comme Pierre, Jacques et Jean, les apôtres du récit de la Transfiguration? N’avons-nous pas du mal à croire, à comprendre? Ne manquons-nous pas de foi?» demande Pierre Rivalan, diacre, dans son homélie en ce 2e dimanche du carême (photo archives).

MÉDITATION DE LA PAROLE  

Dimanche dernier, la liturgie nous parlait de la promesse de Dieu à Noé (Noé est la personne de la nouvelle Alliance avec son peuple). Nous pensons à cette Alliance quand nous voyons un arc-en-ciel, signe encore aujourd’hui de la présence de Dieu entre nuages et soleil, entre ténèbres et ciel ouvert… Dieu nous invite toujours à regarder la lumière, sans oublier les ténèbres.

Nous avançons dans cette période de carême, les textes mettent en avant la figure d’Abraham.

 

Avec Abraham, Dieu ne met plus Jésus à l’épreuve comme au désert, mais c’est nous-même qu’il vient éprouver à travers la figure du patriarche

 

Après la tentation dans le désert pour Jésus, c’est aujourd’hui la «Transfiguration »: « Celui-ci est mon fils bien aimé: écoutez-le ». Avec la personne d’Abraham, Dieu ne met plus Jésus à l’épreuve comme au désert, mais c’est nous-même qu’il vient éprouver à travers la figure du patriarche. Dieu formule une demande à Abraham et Abraham lui répond. II est prêt à sacrifier son fils unique. Il se laisse guider par Dieu. Il a confiance en lui.

Que nous demande Dieu en ce temps de carême ? Sommes-nous capables du sacrifice ultime pour nous rapprocher de lui ? Est-ce que cette question vient me bousculer en ce temps de carême ?

Je suis enfant aimé du Père. Je suis créé à l’image du Père. J’ai foi en celui qui m’aime ou pas ? Car c’est bien cela ; Abraham préfigure notre chemin de foi. La foi, c’est cette confiance absolue en ce Dieu d’Amour. Cette première lecture ouvre à cette question. Et ce sont sûrement des questions que se sont posées les disciples de Jésus. Alors, comment l’Évangile vient nous éclairer sur la foi, sur notre foi ?

 

Jésus n’est pas venu pour sauver l’homme sur terre, mais pour le retrouver au ciel et ainsi nous révéler pleinement le salut

 

L’invitation de Jésus aux apôtres Pierre, Jacques et Jean n’est-elle pas un moyen de leur révéler qui il est et quelle est sa mission sur Terre ? Car c’est bien ce que Dieu souhaitait faire découvrir aux apôtres : Jésus est le fils de Dieu. Il n’est pas venu pour sauver l’homme sur terre, mais pour le retrouver au ciel et ainsi nous révéler pleinement le salut. Les apôtres, comme nous, ne comprennent pas toujours le lien que Jésus vient nous apporter sur la présence de Dieu pour chacun de nous.

Nous devons comprendre que Dieu est premier. Il nous indique le chemin vers le ciel. La primauté de Dieu, cela veut dire le premier choix pour tout : avant notre femme, avant nos enfants, avant nos amis, avant nos désirs, avant, avant, avant…

Le lieu de la transfiguration de Jésus nous rappelle la montagne où Abraham partait pour sacrifier son fils. La transfiguration préfigure le sens de la mort et la résurrection du fils de Dieu. Nous retrouvons le sens du sacrifice ultime. Le père qui sacrifie son fils pour la multitude. C’est la promesse de Dieu faite à Abraham: une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Voilà la bonne nouvelle, l’Évangile.

 

Ne sommes-nous pas comme ces disciples. N’avons-nous pas du mal à croire ? N’avons-nous pas du mal à comprendre ? Ne manquons-nous pas de foi ?

 

Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture: «Le christ est mort ; bien plus il est ressuscité». Pierre ne comprend pas. Jésus, transfiguré avec Élie et le grand prophète Moïse, ne suffit pas. Pierre veut garder tout le monde dans une tente qui rappelle la tente de la rencontre: « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes. » Garder en quelque sorte Dieu avec lui, avec eux; pour eux.

Pierre, comme Jacques et Jean, pensait que Jésus resterait toujours dans sa dimension d’homme.
Alors que Jésus essaie de leur dire que la suite du programme, c’est que vous aussi vous arriviez au ciel. Jésus veut leur expliquer le chemin. Et là Dieu intervient directement en les invitant à écouter tout ce qu’il dira. Comme si Jésus n’avait encore rien dit aux disciples. Et pourtant, ils cheminent avec lui depuis un certain temps

Mais nous-même ne sommes-nous pas comme ces disciples. N’avons-nous pas du mal à croire ? N’avons-nous pas du mal à comprendre ? Ne manquons-nous pas de foi ? Jésus en descendant dit aux disciples : « Ne parlez pas encore de cet évènement ».
J’y vois deux raisons :

  • Jésus réalise que les disciples n’ont pas encore tout compris.
  • De ce fait, il est difficile d’expliquer et d’annoncer.

     

    Dans ce temps de carême,  déposons tout ce que nous ne comprenons pas ou que nous avons du mal à accepter. Demandons à Jésus de nous aider à mieux comprendre notre mission sur Terre…

 

Pour Jésus, c’est une manière de préparer petit à petit, la suite. C’est nous montrer qu’il est important de préparer l’extraordinaire dans l’ordinaire. C’est vrai qu’il était difficile d’annoncer la mort du sauveur et sa résurrection. L’Église nous le rappelle aujourd’hui en mettant l’accent sur l’annonce du kérygme. Ce qui veut dire: « Jésus mort, ressuscité et vivant aujourd’hui » À cette époque, tous le voyaient comme celui que tout le monde attendait. Le vrai Messie. Celui qui sauve, à l’image de l’homme. Celui qui va vaincre le pouvoir et ainsi les libérer de l’oppresseur, des Romains.

Mais ils gardèrent cette annonce dans leur cœur sans comprendre ce que voulait dire: « Ressusciter d’entre les morts ».

Nous pouvons dans ce temps de carême déposer tout ce que nous ne comprenons pas ou que nous avons du mal à accepter. Demandons à Jésus de nous aider à mieux comprendre notre mission sur Terre. Demandons dans cette Eucharistie que l’Esprit saint nous aide à annoncer ce kérygme. Annoncer ce ciel ouvert qui nous ouvre les bras. Ainsi nos épreuves seront peut-être moins douloureuses.

Amen.

 

Pierre Rivalan,
diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande

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