«Dieu aime le monde gratuitement»

4E DIMANCHE DE CARÊME. Le 4e dimanche du carême est aussi appelé traditionnellement le dimanche de la joie (Laetare). La joie d’être follement aimé par Dieu. La joie de porter l’Evangile. La joie de participer à l’œuvre de Dieu… C’est le sens de le sens de l’homélie de Michel Montagne,  diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande, des messes du samedi 9 et du dimanche 10 mars 2024. 

Michel Montagne : «Dieu n’est plus à chercher dans le domaine de l’utile et de l’utilisable. Dieu n’est pas le garant de l’ordre du monde ni le gardien de l’ordre moral. Dieu aime le monde gratuitement !» (photo: archives Saint-Judicaël)
Michel Montagne, diacre : «Dieu n’est plus à chercher dans le domaine de l’utile et de l’utilisable. Dieu n’est pas le garant de l’ordre du monde ni le gardien de l’ordre moral. Dieu aime le monde gratuitement !» (photo: archives Saint-Judicaël)

MÉDITATION DE LA PAROLE  

En ce quatrième dimanche de carême, l’Église fête à sa manière la mi-carême, en nous parlant de la joie et de l’immense privilège que nous avons d’être follement aimés par Dieu. Autrefois, nous appelions ce dimanche « Laetare » le dimanche de la joie : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »

Comme il est merveilleux de croire que l’existence du monde réside dans la palpitation d’un cœur qui aime ?
– Dieu n’est plus à chercher dans le domaine de l’utile et de l’utilisable.
– Dieu n’est pas le garant de l’ordre du monde ni le gardien de l’ordre moral.
La seule certitude que l’Évangile nous donne est inouïe : « Dieu aime le monde gratuitement ! » Nous ne pouvons plus penser Dieu sans le penser comme Amour.

 

Celui qui regarde le Fils de l’homme sera sauvé ! Il s’agit bien de regarder celui qui est élevé; lorsque Jean parle d’élévation, il parle d’abord de la croix

 

Mais voyons ce que nous dit l’Évangile : il part d’un fait qui s’était passé au désert, lorsque les israélites furent attaqués par de redoutables serpents brûlants. Moïse fabriqua alors un serpent de bronze qu’il planta sur une hampe. Tous ceux qui regardaient le serpent étaient guéris ! En Égypte, le serpent était le signe d’un Dieu aux vertus bénéfiques.

Je trouve d’ailleurs amusant de penser que ce serpent, est aujourd’hui celui que l’on trouve sur le caducée, comme on l’appelle, l’emblème des médecins et des pharmaciens !

Revenons à l’Évangile, Jean utilise comme une simple comparaison, cette histoire des serpents au désert et du serpent de bronze de Moïse :
Celui qui regarde le Fils de l’homme sera sauvé !
Il s’agit donc bien de regarder celui qui est élevé ; Et lorsque Jean parle d’élévation, il parle d’abord de la croix ; Oui, il était là, présent, le seul apôtre, pour voir son Seigneur élevé sur la croix.

 

Pour regarder celui qui est élevé, il faut le faire avec un regard de foi. Dieu n’est pas un juge ; il s’est incarné non pas pour juger le monde mais pour le sauver

 

Mais il parle aussi de la résurrection. Mes amis, attention : pour regarder celui qui est élevé, il faut le faire avec un regard de foi. Dieu n’est pas un juge ; il s’est incarné non pas pour juger le monde mais pour le sauver.

Ce monde n’est pas mauvais et perdu comme on l’entend trop souvent, et malgré toutes les violences, les bassesses de toutes sortes, la dépravation morale, l’exploitation de l’homme par l’homme, Dieu aime quand même ce monde où il a créé l’homme libre.
Oui, Dieu aime sa création qu’il veut conduire à sa perfection.

Il compte sur nous pour continuer son œuvre! Et nous en sommes heureux !
Celui qui ne croit pas, celui qui n’agit pas dans la vérité, est dans les ténèbres.

Ces ténèbres que l’homme préfère souvent à la lumière du ressuscité ! Ces ténèbres que nous préférons parfois à la lumière éblouissante de l’amour de Dieu !

La joie des croyants, notre vraie joie, c’est certainement d’anticiper ce qui sera la joie éternelle ; cette joie et cette lumière que nous découvrirons lors du face-à-face avec Dieu.

 

À l’exemple du peuple d’Israël dans le livre des chroniques, ne sommes-nous pas envahis par des affaires trop humaines, trop matérielles…

 

Mes amis nous sommes déjà le quatrième dimanche de carême. Continuons à essayer de nous convertir, de nous retourner; de quitter les ténèbres du péché pour regarder la lumière ; de regarder Jésus élevé sur la croix mais ressuscité !

Oui, le carême est peut-être l’occasion de nous interroger : nos communautés ne sont-elles pas infidèles ? À l’exemple du peuple d’Israël dans le livre des chroniques, ne sommes-nous pas envahis par des affaires trop humaines, trop matérielles… Alors en continuant notre chemin vers Pâques, pensons que Dieu nous invite à nous débarrasser des chaînes qui nous retiennent dans les ténèbres.

Pendant cette eucharistie, demandons au Seigneur de nous aider à retrouver la pureté de l’Évangile, pour que nous soyons dans la joie d’aller vers la lumière, pour participer aux œuvres de Dieu et peut-être les accomplir.

 

 

Michel Montagne,
diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande